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8 janvier 2021 5 08 /01 /janvier /2021 12:13
Enfin le royaume - quatrains - de François Cheng (Gallimard)

Enfin le royaume - quatrains - de François Cheng

(Gallimard - janvier 2018 - 155 pages)

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Présentation de l'éditeur :

"Forme brève, mais moins abrupte que le haïku, le quatrain ne s'en tient pas au lapidaire, il sait donner du rythme à la pensée, à l'émotion, à la surprise, il sait initier un questionnement, amorcer une méditation, esquisser un chant.
À la suite des poètes chinois des origines, mais aussi d'Omar Khayyâm et d'Emily Dickinson, François Cheng atteste ici du pouvoir singulier de ce mode d'expression resserré, pourtant si peu enclos, si ouvert aux résonances, aux errances fertiles, voire à une manière salutaire d'envoûtement simple."

Près de 150 quatrains composent ce recueil de François Cheng, né en 1929, d'origine chinoise, naturalisé français en 1971 et membre de l'Académie Française depuis 2002.

Le recueil débute ainsi :

"A ceux qui habitent la poésie" 

Tu ouvres les volets, toute la nuit vient à toi,

Ses laves, ses geysers, et se mêlant à eux,

Le tout de toi-même, tes chagrins, tes émois,

Que fait résonner une très ancienne berceuse.

Et il se termine ainsi :

"Envoi"

Ne quémande rien. N'attends pas

D'être un jour payé de retour.

Ce que tu donnes trace une voie

Te menant plus loin que tes pas.

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Une fin en forme de feuille de route au terme de ces quatrains où l'on irait de la nuit vers la lumière.

Des instantanés pour réfléchir sur notre destin d'être humain ouvert vers l'univers qui nous entoure.

Bonne lecture,

Denis

 

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4 décembre 2020 5 04 /12 /décembre /2020 17:40

Les Gens qui doutent


Anne Sylvestre


J'aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
J'aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
J'aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
J'aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté


J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons


J'aime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin, pas "comme il faut"
Ceux qui, avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne font un bruit de grelot
Ceux qui n'auront pas honte de n'être au bout du compte que des ratés du cœur
Pour n'avoir pas su dire "délivrez-nous du pire et gardez le meilleur"


J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons


J'aime les gens qui n'osent s'approprier les choses, encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n'être, qu'une simple fenêtre pour les yeux des enfants
Ceux qui sans oriflamme et daltoniens de l'âme ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires pour que jamais l'histoire leur rende les honneurs


J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons


J'aime les gens qui doutent mais voudraient qu'on leur foute la paix de temps en temps
Et qu'on ne les malmène jamais quand ils promènent leurs automnes au printemps
Qu'on leur dise que l'âme fait de plus belles flammes que tous ces tristes culs
Et qu'on les remercie qu'on leur dise, on leur crie "merci d'avoir vécu!"


Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu'elles ont pu


Source : LyricFind

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2 novembre 2020 1 02 /11 /novembre /2020 17:14
Poème de Amina Saïd - Il y a quelque chose en toi

Il y a quelque chose en toi

d'une lumière imposante

quelque chose 

comme un trésor de silence

qui n'a pas de nom

J'ai moi-même pour mémoire

une infinité de jours et de nuits

J'ai pour mémoire le silence

mais le silence

- ce qu'il laisse entendre -

est-il un lien

un seuil

le lien extrême de notre solitude

 

 

(Extrait du recueil " La douleur des seuils" - Editions de la différence - collection Clepsydre - 2002)

d'Amina Saïd, auteure et poétesse, née en 1953 à Tunis

En exergue et pour expliciter le titre du recueil Amina Saïd met une citation de Peter Handke :

"Si tu ressens la douleur des seuils, c'est que tu n'es pas un touriste ; le passage peut avoir lieu"

Poème de Amina Saïd - Il y a quelque chose en toi
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24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 14:36
Au bord de la mer - poème de Guy de Maupassant

Au bord de la mer



Près de la mer, sur un de ces rivages
Où chaque année, avec les doux zéphyrs,
On voit passer les abeilles volages
Qui, bien souvent, n’apportent que soupirs,
Nul ne pouvait résister à leurs charmes,
Nul ne pouvait braver ces yeux vainqueurs
Qui font couler partout beaucoup de larmes
Et qui partout prennent beaucoup de cœurs.
Quelqu’un pourtant se riait de leurs chaînes,
Son seul amour, c’était la liberté,
Il méprisait l’Amour et la Beauté.
Tantôt, debout sur un roc solitaire,
Il se penchait sur les flots écumeux
Et sa pensée, abandonnant la terre
Semblait percer les mystères des cieux.
Tantôt, courant sur l’arène marine,
Il poursuivait les grands oiseaux de mer,
Imaginant sentir dans sa poitrine
La Liberté pénétrer avec l’air.
Et puis le soir, au moment où la lune
Traînait sur l’eau l’ombre des grands rochers,
Il voyait à travers la nuit brune
Deux yeux amis sur sa face attachés.
Quand il passait près des salles de danse,
Qu’il entendait l’orchestre résonner,
Et, sous les pieds qui frappaient en cadence
Quand il sentait la terre frissonner
Il se disait: Que le monde est frivole! »
Qu’avez-vous fait de votre liberté!
Ce n’est pour vous qu’une vaine parole,
Hommes sans cœur, vous êtes sans fierté!
Pourtant un jour, il y porta ses pas
Ce qu’il y vit, je ne le saurais dire
Mais sur les monts il ne retourna pas.

Étretat, 1867

Guy de Maupassant, Poésie Diverses

Au bord de la mer - poème de Guy de Maupassant
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27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 10:46
Illustration par Marjolaine Fillon      http://marjolainefillon.blogspot.com/

Illustration par Marjolaine Fillon http://marjolainefillon.blogspot.com/

                   Le bateau ivre



Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
– Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
– Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

Arthur Rimbaud, Poésies (1871?)

(Texte sur Internet :  https://www.poetica.fr/poeme-1906/arthur-rimbaud-le-bateau-ivre/ )

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On ne connait que trop ce poème qu'il fallait apprendre par coeur !! mais on ne se lasse pas de lire et relire pour "s'enivrer" des mots de Rimbaud.

Le poème est écrit au moment où Rmbaud arrive à Paris en septembre 1871.

C'est un poème débridé qui ne répond à aucune norme "poétique". Est-il utile de tout comprendre dans un tel poème tellement riche et foisonnant d'images?

 Il faut à mon sens réellement se laisser porter par les mots.

Je vous renvoie à ce site qui donne des idées d'interprétation du poème :

http://rimbaudexplique.free.fr/poemes/bateau.html

Merci à Marjolaine Fillon de m'avoir autorisé à illustrer ce poème avec ses illustrations.

Denis

Le bateau ivre d'Arthur Rimbaud
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21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 16:56
Ophélie - poème d'Arthur Rimbaud

Ophélie

I

Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
– Un chant mystérieux tombe des astres d’or.

II

Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
– C’est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté;

C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d’étranges bruits;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits;

C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !

Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
– Et l’infini terrible effara ton oeil bleu !

III

– Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Arthur Rimbaud, Recueil de Douai

PS : Ophélie s'écrit ici Ophélia, orthographe souvent employée par les poètes. C'est également le nom exact du personnage dans la tragédie de Shakespeare

Ce poème est également tiré du "recueil de Douai" (ou encore appelé "Recueil Demeny"), comme "Au cabaret-vert", présenté ici il y a deux jours.

Bonne lecture,

Denis

 

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19 mars 2020 4 19 /03 /mars /2020 16:27

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir


Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! –
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai

(Octobre 1970)

(Le Cabaret Vert fait référence au Cabaret de Charleroi, La Maison Verte)

Ce poème fait partie d'un recueil de 22 poèmes écrits en 1870, écrits sur des feuilles volantes (et non dans un ou des cahiers que Rimbaud a remis à Paul Demeny, d'où l'appellation également de "Cahiers ou Recueil Demeny".

Ce poème est l'an dernier du recueil, le dernier étant le très célèbre "Le Dormeur du Val"

(Informations tirées du Quarto-Gallimard Arthur Rimbaud : Un concert d'enfer que j'ai présenté sur le blog).

Bonne lecture,

Denis

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir - Poème d'Arthur Rimbaud
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15 février 2020 6 15 /02 /février /2020 17:46
Ce que disent les vents de Philippe Delaveau (Gallimard)

Ce que disent les vents (poèmes) de Philippe Delaveau

(Gallimard - 130 pages - novembre 2011)

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Ecrire de la poésie est souvent un "sacerdoce" car on peut publier de nombreux livres sans être pour autant connu du "grand public" des lecteurs.

Et pourtant, quand on voit la page Wikipedia de l'auteur on s'aperçoit qu'il a reçu de prestigieux prix de poésie. 

Le hasard des rayons de médiathèques m'a permis de "tomber" sur ce recueil publié il y a environ 8 ans.

Le vent fait partie de la vie du havrais que je suis et ce recueil ne peut que m'interpeller, à commencer par le premier poème du recueil :

                                                                    AURORE

Le vent m'a réveillé très tôt, se dissipe, le jour

éclaire le volet. Dans la constellation des vitres,

l'aurore affine ses récits. Le village

effleuré par la vérité ne sait pas. Sa négligence

parcourue de beauté ne sait pas. Les gens dorment encore

contrel'épaule inerte et dure, un mannequin

- oubli et rêve - exauçant leurs désirs.

L'alouette au sommet de sa tour, veillant l'air, flambe seule,

dictant au ciel son allégresse. Par ses yeux le poème

connaît le verbe, illuminé de verreries, puis le beau rythme

dont les arches assoient le pont sur le fleuve du jour.

Au fond de moi, l'habitante intangible, secrète,

admire en ordre, sans comprendre, les mots unis.

Creusé dedans par le souffle, que suis-je? un vide,

l'instrument qu'on accorde au vrai, à la lumière.

Tout est perle, amour même, et si pur. Alors

le vent léger conduisit la musique. Adorables

paroles venues de l'ombre qui m'habite. J'écoute, je déchiffre.

Comme le scribe enfoui dans les signes d'Egypte,

à la fin je traduis le silence, je nomme, je transcris.

Puis m'en retourne à la vacuité d'exister, comme les autres.

                                 Philippe Delaveau

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Une très belle introspection guidée par le vent. Une belle écoute de ce qui nous aide à penser, à vivre.

Bonne lecture,

Denis 

Aristote, La Poétique :"La poésie est quelque chose de plus philosophique et de plus grande importance que l'histoire."

 

Ce que disent les vents de Philippe Delaveau (Gallimard)
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6 février 2020 4 06 /02 /février /2020 16:28
Chants du voyage de Robert Louis Stevenson (Les Belles Lettres)

Chants du voyage de Robert Louis Stevenson

(Les Belles Lettres - 168 pages - janvier 1999)

Traduit de l'anglais (Ecosse) et annoté par Patrick Hersant

Titre original : Songs of Travel (1896)

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Robert Louis Stevenson(1850-1894) est surtout connu pour ses romans (L'île aux trésors, L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Mr Hyde) et ses récits de voyages (Voyage avec un âne dans les Cévennes, A travers les grandes plaines) mais il a aussi écrit et publié de la poésie dont ce recueil publié à titre posthume en 1896.

 

Au total 46 poèmes dont 9 ont été mis en musique par Ralph Vaughan Williams.

 

Ils ont été inspirés par ses voyages et l'auteur les met déjà mentalement "en musique" tel le premier poème "Le vagabond" sous-titré "Sur un air de Schubert" :

Les paroles en anglais et en français sont ici :

https://chabrieres.pagesperso-orange.fr/poetry/stevenson_vagabond.html

 

Ce livre a été publié pour la première fois en français en 1999. Le recueil est sans doute difficile à trouver aujourd'hui, sauf en bibliothèque ! Mais il mérite d'être lu pour continuer notre voyage vagabond en compagnie de Stevenson, l'infatigable globe-trotter en dépit de sa santé régulièrement défaillante.

 

Bonne lecture et écoute,

 

Denis

 

 

Chants du voyage de Robert Louis Stevenson (Les Belles Lettres)
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13 janvier 2020 1 13 /01 /janvier /2020 17:36
Les reflets de la source - poème d'André Velter (Fata Morgana)

Les reflets de la source

Poème d'André Velter (né en 1945)

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Pour Babou

Apparitions entre miroir et mémoire, une lueur de légende compose l'espace originel : un âge d'or sans or et sans âge.

Les animaux fabuleux vivent transparents, abreuvés des seuls reflets de la source.

Sortis du secret, ce sont nos frères mythologiques déjà en métamorphose.

Rien ne les retient, leur trace nous dépossède.

Le bouc a frappé le soleil.

L'étalon cherche la nuit.

La mule hésite à rompre le prisme qui l'efface.

Ils affrontent le vide comme un rêve éveillé.

André Velter 

Extrait du recueil de poésie : Une fresque peinte sur le vide (Fata Morgana - 119 pages - 1985)

Poèmes écrits entre l'été 1981 et le printemps 1984

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André Velter, poète, a été également homme de radio.

J'ai longtemps écouté ses émissions sur la poésie dans les programmes de France Culture, essentiellement "poésie sur parole" de 1987 à 2008.

Il est un passeur de poésie, ayant publié de nombreux recueils de poésie et des essais.

N'oublions pas que la poésie est faite de mots, d'images qui aident à réfléchir, à penser et à rêver, comme le rêve éveillé rappelé dans ce poème.

Bonne lecture,

Denis

 

Les reflets de la source - poème d'André Velter (Fata Morgana)
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