Dans les pas de Toulouse-Lautrec - nuits de la Belle Epoque d'Alain Vircondelet
(Editions du Signe - 200 pages - Septembre 2019)
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Ce livre s'inscrit indirectement dans le contexte de l'exposition rétrospective du peintre qui se tient au Grand Palais à Paris jusqu'au 27 janvier 2020.
L'auteur, Alain Vircondelet, par ailleurs biographe de Marguerite Duras et d'Albert Camus entre autres, retrace la vie et l'oeuvre d'Henri de Toulouse-Lautrec (1864 - 1901) au travers des lieux qu'il a cotoyés et reproduits dans les années dites de la "Belle Epoque" à Paris.
Après un rappel biographique détaillé de la vie de Toulouse-Lautrec, l'auteur s'attache, plan à l'appui, à nous faire déambuler dans les hauts lieux de Paris d'une "Belle-époque" pas si belle que cela d'ailleurs, coincée entre deux guerres, celle de 1870 passée et celle de 1914 à venir, car tout le monde avait compris que l'humiliation de 1870 ne pourrait conduire qu'à une "revanche" obligatoire.
On était dans les années 1880-1900, celles du peintre, en période de "décadence" où il était de bon ton de s'encanailler la nuit, que l'on soit artiste, écrivain, bourgeois ou autre... dans les cabarets, auprès des prostituées etc... Le terme de "Belle-époque" d'ailleurs sera utilisé à titre "historique" à partir des années 1930.
La vie au grand jour rivilisa ainsi avec la vie nocturne, la censure tant morale qu'officielle accordant une licence plus vaste au champ des plaisirs de toutes sortes.
Les nuits de Paris devinrent alors le lieu le plus festif de la planète, là où il fallait être vu quand on était aristocrates argentés ou pas (la fameuse tournée des grands ducs !), bourgeois petits et grands, classes moyennes et classes inférieures indistinctement mêlées, tous jouissant de plaisirs sans tabous... (page 13)
Le moulin de la galette, le moulin rouge où Jane Avril et la goulue font sensation, sont deux lieux mythiques qui ont fait la gloire du peintre et du quartier.
La Goulue devrait son nom du fait qu'elle vide les verres des clients sur son passage (page62).
N'oublions pas "le lapin à Gill" (Gill le caricaturiste) devenu "le lapin agile"; Le Mirliton, fief d'Aristide Bruand ; Les Folies Bergères liées à Loïe Fuller.
Le Cirque Médrano, la Foire du Trône ou le Théâtre Antoine sont d'autres lieux où on se montre, s'amuse aussi.
L'exposition universelle de 1900 viendra "terminer" le temps parisien et la vie de Toulouse-Lautrec, mort en 1901.
Y voit-il, en visionnaire, le spectacle funeste d'un monde à venir, précurseur pour lui de la perte de l'humain, ce dont sa propre peinture témoigne? Le luxe, le gigantisme, le progrès technique semblent déjà suffisamment effrayants pour créer une sourde inquiétude au-delà des surprises et des émerveillements. (page 152)