8 janvier 2015
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18:00
50 auteurs et 50 poèmes pour une année de lecture de poésie.
1/50 : A comme ... Louis Aragon (1897-1982)
Un recueil : Les Adieux (1981)
Un poème du recueil :
Ce que dit l'ombre sans parole
Rien ne sera jamais que rien
Dit l'ombre
Et sa main se ferma sur rien
Même si le grand jour triomphe
Ai-je en réponse demandé
L'ombre a ri d'un rire sans rire
D'un rire de rien
Même si le grand jour trimphe
Même s'il fait jour un jour enfin
Rien ne sera jamais que rien
Répéta l'ombre au fond de l'ombre
Comme si rien ne l'entendait
Rien ni personne rien jamais
J'ai touché ma lèvre pour voir
Ce qui n'est pas possible aux yeux
J'ai touché les mots sur ma lèvre
Mais les mots ne tenaient à rien
Je n'avais plus l'ombre de lèvre
Je n'avais plus l'ombre de mots
C'était pourtant ce devait être
Quelque part l'ombre de quelqu'un
J'essayais de croire que l'ombre
Prouve le jour et q'un jour vient
Prouver la nuit contre le rien
Même si je n'ai ni jour ni ombre
Peut-être une autre
Mais non rien
Rien sinon la neige de rien
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4e de couverture du recueil :"Publié en 1981 par Jean Ristat selon les indications d'Aragon, ce recueil de poèmes a pour double thème la disparition - désarroi de la solitude dans "Paroles perdues" ; perte de l'être aimé dans "Les rendez-vous" , de l'existence même dans "L'an deux mille n'aura pas lieu" - et l'éloge de "l'eternelle poésie" - "Hölderlin", Pouchkine dans "Chant pour Slava" ou, plus allusivement, Hugo dans "Ce que dit l'ombre sans parole". Jusqu'à l'angoisse de la perte ultime, celle de la parole poétique, que trahit parmi d'autres cette écharde :
Il ne suffit pas de se taire
Il faut savoir dire autre chose.
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POEMES
1 janvier 2015
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07:42
Le matin des étrennes
Ah ! quel beau matin que ce matin des étrennes !
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quelque songe étrange où l’on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s’éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux…
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents, tout doucement toucher…
On entrait !… Puis alors, les souhaits… en chemise,
Les baisers répétés, et la gaîté permise !
Arthur RIMBAUD
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1 janvier 2014
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13:45
Bonne année
Bonne année à toutes les choses,
Au monde, à la mer, aux forêts.
Bonne année à toutes les roses
Que l’hiver prépare en secret.
Bonne année à tous ceux qui m’aiment
Et qui m’entendent ici-bas.
Et bonne année aussi, quand même,
À tous ceux qui ne m’aiment pas.
Rosemonde Gérard
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POEMES
1 novembre 2013
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20:42
Automne malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
(Auteur dans le domaine public depuis le 1er octobre 2013 - poème libre de droits)
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Denis
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19 juillet 2013
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21:30
CHARLES BAUDELAIRE 
Maître, il est beau ton Vers ; ciseleur sans pareil
Tu nous charmes toujours par ta grâce nouvelle,
Parnassien enchanteur du pays du soleil,
Notre langue frémit sous ta lyre si belle.
Les Classiques sont morts ; le voici le réveil ;
Grand Régénérateur, sous ta pure et vaste aile
Toute une ère est groupée. En ton vers de vermeil
Nous buvons ce poison doux qui nous ensorcelle.
Verlaine, Mallarmé sur ta trace ont suivi.
Ô Maître, tu n'es plus mais tu vas vivre encore,
Tu vivras dans un jour pleinement assouvi.
Du Passé, maintenant, ton siècle ouvre un chemin
Où renaîtront les fleurs, perles de ton déclin.
Voilà la Nuit finie à l'éveil de l'Aurore.
Emile Nelligan
Portrait d' Emile NELLIGAN
Fabienne
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11 mai 2013
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Le chat qui ne ressemble à rien
Le chat qui ne ressemble à rien
Aujourd'hui ne va pas très bien.
Il va visiter le Docteur
qui lui ausculte le coeur.
Votre coeur ne va pas très bien
Il ne ressemble à rien.
Il n'a pas son pareil
De Paris à Créteil.
Il va visiter sa demoiselle
Qui lui regarde la cervelle.
Votre cervelle ne va pas très bien
Elle ne ressemble à rien.
Elle n'a pas son contraire
A la surface de la terre.
Voilà pourquoi le chat qui ne ressemble à rien
Est triste aujourd'hui et ne va pas bien.
Robert DESNOS - La ménagerie de Tristan
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23 avril 2013
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09:00
Le chat
Pour ne poser qu'un doigt dessus
Le chat est bien trop grosse bête.
Sa queue rejoint sa tête,
Il tourne dans ce cercle
Et se répond à la caresse.
Mais, la nuit l'homme voit ses yeux
dont la pâleur est le seul don.
Ils sont trop gros pour qu'il les cache
Et trop lourds pour le vent perdu du rêve.
Quand le chat danse
C'est pour isoler sa prison
Et quand il pense
C'est jusqu'aux murs de ses yeux.
Paul Eluard
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13 octobre 2012
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Paysage d’octobre
Les nuages sont revenus,
Et la treille qu’on a saignée
Tord ses longs bras maigres et nus
Sur la muraille renfrognée.
La brume a terni les blancheurs
Et cassé les fils de la vierge ;
Et le vol des martins-pêcheurs
Ne frissonne plus sur la berge.
Les arbres se sont rabougris,
La chaumière ferme sa porte,
Et le joli papillon gris
A fait place à la feuille morte.
Plus de nénuphars sur l’étang ;
L’herbe languit, l’insecte râle,
Et l’hirondelle, en sanglotant,
Disparaît à l’horizon pâle.
Maurice ROLLINAT (1846-1903)
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20 septembre 2012
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08:26
La dînette
Patience, patience, poupées !
Je ne puis servir à la fois
Des gâteaux et du chocolat.
Comme vous, je n’ai que dix doigts.
Vous ai-je si mal élevées
Que vous ne puissiez demeurer
Plus calmes que de petits rats ?
Patience, patience, poupées !
On dirait que voici des mois
Que vous n’avez rien mangé.
Hier, n’ai-je pas partagé
Mon gros nougat avec vous trois ?
Heureusement que notre chat
Dédaigne cake et chocolat :
Vous lui videriez son écuelle
Derrière mon dos, péronnelles !
Maurice Carême
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6 septembre 2012
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07:23
Petit clin d'oeil aux écoliers en leur souhaitant une bonne rentrée !!!
Litanie des Écoliers
Saint Anatole,
Que légers soient les jours d'école !
Saint Amaffait,
Ah! que nos devoirs soient bien faits !
Sainte Cordule,
N'oubliez ni point ni virgule !
Saint Nicodème,
Donnez-nous la clé des problèmes !
Saint Tirelire,
Que grammaire nous fasse rire !
Saint Siméon,
Allongez les récréations !
Saint Espongien,
Effacez tous les mauvais points !
Maurice CARÊME
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