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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 08:50



L' instant fatal


Un poème c’est bien peu de chose
à peine plus qu’un cyclone aux Antilles
qu’un typhon dans la mer de Chine
un tremblement de terre à Formose

Une inondation du Yang Tse Kiang
ça vous noie cent mille Chinois d’un seul coup
vlan
ça ne fait même pas le sujet d’un poème
Bien peu de chose


On s’amuse bien dans notre petit village
on va bâtir une nouvelle école
on va élire un nouveau maire et changer les jours de marché
on était au centre du monde on se trouve maintenant
près du fleuve océan qui ronge l’horizon


Un poème c’est bien peu de chose.

                                                      Raymond Queneau ( 1903 - 1976)






Ce poème est extrait de ce livre RAYMOND QUENEAU , un poète.






A savoir que Raymond Queneau est né au Havre en 1903.
Ses parents tiennent un commerce de mercerie.
Raymond est bon élève et écrit déjà beaucoup dès son plus jeune âge.
En 1920 , il est bachelier et il vient étudier à Paris. Il passe 4 certificats de philosophie.
En 1924, il rencontre les surréalistes.
De 1925 à 1927, il fait son service militaire en Algérie et au Maroc comme zouave de deuxième classe et il a toujours été très volontaire pour la corvée de balayage.
Puis, il revient à Paris et se marie en 1928.
En 1930, il entreprend une étude littéraire sur les " fous littéraires ". Elle est impubliable et il utilisera sa documentation pour son roman " Les enfants du limon".
Rupture avec les surréalistes , il est employé de banque et voyage en grèce en 1932 où il écrit son 1er roman " Le Chiendent ".
Il s'intéresse à la politique et suit des cours de sciences religieuses.
En 1934, naît son fils Jean-marie.
Il s'installe à Neuilly en 1936 et publie un livre tous les ans et il rentre au comité de lecture des éditions GALLIMARD en 1938.
Il est élu membre de l' Académie Goncourt en 1951.
Juliette Gréco chante " Si tu t'imagines..."
Mais c'est surtout la sortie de son livre " Zazie dans le métro " en 1959 qui assure son succès auprès du grand public.
En 1961, paraissent les " Cent mille milliards de poèmes ", premier essai de poésie.
L' Oulipo ( Ouvroir de Littérature potentielle ) occupera les 15 dernières années de la vie de
 Raymond Queneau.
Après avoir publié certains de ses plus beaux livres ( Les Fleurs bleues , Une histoire modèle, Morale élémentaire ) , Raymond Queneau , le chêne touche " l'instant fatal " en 1976.







D'autres poèmes de Raymond Queneau seront mis en ligne très prochainement.





" Bonne Journée " à tous mes ami (e) s des Blogs!!!

Fabienne

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 10:00

 

 

               



Le Chat





Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.

Cette voix, qui perle et qui filtre,
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.

Elle endort tous les cruels maux
Et contient toutes les extases;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.

Non, il n'est pas d'archer qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout es, comme un ange,
A
ussi subtil qu'harmonieux!
De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.

C'est l'esprit familier du lieu;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirées comme un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,

Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.
C.Baudelaire - Les Fleurs du Mal

J'aime beaucoup ce poème! Et vous? Merci de laisser vos coms!
Fabienne

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9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 14:15







Je t'aime


Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.


Ecrit en 1950 par Paul Eluard      

 
                                                                         

   Et oui, bientôt la St VALENTIN !!!


                                  
Fabienne
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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 00:40









La Pluie


Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
Interminablement, à travers le jour gris,
Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
Infiniment, la pluie,
La longue pluie,
La pluie.

Elle s'effile ainsi, depuis hier soir,
Des haillons mous qui pendent,
Au ciel maussade et noir.
Elle s'étire, patiente et lente,
Sur les chemins, depuis hier soir,
Sur les chemins et les venelles,
Continuelle.

Au long des lieues,
Qui vont des champs vers les banlieues,
Par les routes interminablement courbées,
Passent, peinant, suant, fumant,
En un profil d'enterrement,
Les attelages, bâches bombées ;
Dans les ornières régulières
Parallèles si longuement
Qu'elles semblent, la nuit, se joindre au firmament,
L'eau dégoutte, pendant des heures ;
Et les arbres pleurent et les demeures,
Mouillés qu'ils sont de longue pluie,
Tenacement, indéfinie.

Les rivières, à travers leurs digues pourries,
Se dégonflent sur les prairies,
Où flotte au loin du foin noyé ;
Le vent gifle aulnes et noyers ;
Sinistrement, dans l'eau jusqu'à mi-corps,
De grands boeufs noirs beuglent vers les cieux tors ;

Le soir approche, avec ses ombres,
Dont les plaines et les taillis s'encombrent,
Et c'est toujours la pluie
La longue pluie
Fine et dense, comme la suie.

La longue pluie,
La pluie - et ses fils identiques
Et ses ongles systématiques
Tissent le vêtement,
Maille à maille, de dénûment,
Pour les maisons et les enclos
Des villages gris et vieillots :
Linges et chapelets de loques
Qui s'effiloquent,
Au long de bâtons droits ;
Bleus colombiers collés au toit ;
Carreaux, avec, sur leur vitre sinistre,
Un emplâtre de papier bistre ;
Logis dont les gouttières régulières
Forment des croix sur des pignons de pierre ;
Moulins plantés uniformes et mornes,
Sur leur butte, comme des cornes

Clochers et chapelles voisines,
La pluie,
La longue pluie,
Pendant l'hiver, les assassine.

La pluie,
La longue pluie, avec ses longs fils gris.
Avec ses cheveux d'eau, avec ses rides,
La longue pluie
Des vieux pays,
Éternelle et torpide !
 
 Emile Verhaeren (1855-1916)

 Bon dimanche , Fabienne
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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 10:00

"Si je croyais en Dieu                     
Je serais heureux 
De rêver au jour où je verrais dans le ciel                   
Un ange en robe blanche
Par un clair dimanche 
Descendant vers moi dans un chariot doré
Dans un bruit d'ailes et de soie
Loin de toute la terre
Très haut, je verrais se lever devant moi
L'aube d'un jour sans fin
La brûlante lumière
Le bonheur éternel
Si je croyais en Dieu

Mais j'ai vu trop de haine                                                       
Tant et tant de peine
Et je saisis mon frère, qu'il te faudra marcher seul
En essayant toujours
De sauver l'amour
Qui te lie aux hommes de la Terre oubliée
Car tout au bout du chemin
Une faux à la main
La mort, en riant, nous attend pas pressée
Aussi mon ange à moi
Je le cherche en ce monde
Pour gagner enfin ma part de joie
Dans ses bras"


(Boris Vian / 1920-1959 / Sermonette / 1958)



 J'aime beaucoup , et vous ?
 Fabienne
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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 13:00
 












Les Passantes ( Antoine Pol )



 
 Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais

A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant

Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin

Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir



Georges Brassens l'a chanté .

 Un très beau texte sur les sentiments et l'éphémère ...

                                                                                     Fabienne

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 15:15



 


Liberté

Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !

Partez dans le vent,
Suivez votre rêve;
Partez à l'instant,
la jeunesse est brève !

Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !

Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.

Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n'ont rien.

  
                                                 - Maurice Carême -                                                 
Bon dimanche ! Fabienne

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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 14:30







Sous le Pont Mirabeau coule la Seine ...

Le poème "Le Pont Mirabeau" est un extrait du recueil Alcools paru en 1913. L'auteur y fait allusion à sa rupture avec Marie Laurencin et au-delà évoque la fuite du temps semblable à l'eau qui s'en va. 



Le Pont Mirabeau
           

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
 Et nos amours
       Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

      Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
Les mains dans les mains restons face à face
            Tandis que sous
       Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
L'amour s'en va comme cette eau courante
            L'amour s'en va
       Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
Passent les jours et passent les semaines
            Ni temps passé
       Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

                                 Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)




                                               





                                


  Tombe de Guillaume Apollinaire au cimetière du Père Lachaise à Paris


Fabienne

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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 09:00






L'amitié

Quand de joie tu exploses
Et que tout devient prose
Quand tout est chagrin
Et que le cafard te vient

SI TU POSSÈDES UN AMI
VA VITE VERS LUI...

Quand tu es enthousiasmé
Et que les montagnes, tu peux transporter
Quand tu te sens vidé
Et que tous se sont retirés

SI TU POSSÈDES UN AMI
VA VITE VERS LUI...

Quand tu as beaucoup changé
Et que tout devient gai
Quand nul ne comprend
Ce que tu ressens

SI TU POSSÈDES UN AMI
VA VITE VERS LUI...

L'amitié est une chose rare, vraie et belle
Qui ne peut s'acheter.
Si par bonheur tu l'as trouvée
Empresse-toi de la cultiver.

                                               Dorothée Beaudoin



 


                                                                       
         .


                                                          Fabienne




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6 janvier 2009 2 06 /01 /janvier /2009 08:27

                                                   ALPHABET

  

 






A        c'est l'âne agaçant l'agnelle ,

B        c'est le boulevard sans bout ,

C        la compote sans cannelle ,

D        le diable qui dort debout .



E        c'est l'école , les élèves ,

F         le furet féru de grec ,
                                                                 
G        la grive grisant la grève ,

H        c'est la hache et l'homme avec .



I          c'est l'ibis berçant son île ,

J         le jardin sans jardinier ,

K        le képi du chef kabyle ,

L        le lièvre fou à lier .



M        c'est le manteau bleu des mages ,

N        la neige bordant le nid ,

O        l'oranger pris dans l'orage ,

P        le pain léger de Paris .



Q       c'est la quille sur le quai ,

R        la rapière d'or du roi ,

S        le serpent qui s'est masqué ,

T        la tour au-dessus des toits .



U       c'est l'usine qui s'allume ,

V        le vol du vent dans la voile ,

W      le wattman de lune ,

X       le xylophone aux étoiles .



Y       c'est les yeux doux du yack  
         Oublié dans le zodiaque ,                                                                      
                                                                                                                     
Z       le zigzag brusque du zèbre
 Qui s'enfuit dans les ténèbres                                                          

         Malheureux parce qu'il est
         Le dernier de l'alphabet .

                         - Maurice Carême -


                                     Ce poème est extrait de ce receuil de poèmes




Fabienne
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