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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 17:32
Lire la poésie : de A à Z... (34/50) - R comme Rimbaud

Un poète : Arthur Rimbaud (1854-1891)

Un recueil : Poésies (1870-1871)

Un poème :

                                Les poètes de sept ans

Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S’en allait satisfaite et très fière, sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences,
L’âme de son enfant livrée aux répugnances.

Tout le jour il suait d’obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits,
Semblaient prouver en lui d’âcres hypocrisies.
Dans l’ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l’aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s’ouvrait sur le soir : à la lampe
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L’été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
À se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.


Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s’illunait,
Gisant au pied d’un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son œil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, œil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots !
Et si, l’ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s’effrayait ; les tendresses, profondes,
De l’enfant se jetaient sur cet étonnement.
C’était bon. Elle avait le bleu regard, — qui ment !

À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rios, savanes ! — Il s’aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l’œil brun, folle, en robes d’indiennes,
— Huit ans, — la fille des ouvriers d’à côté,
La petite brutale, et qu’elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu’il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons ;
— Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.

Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d’acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
Des rêves l’oppressaient chaque nuit dans l’alcôve.
Il n’aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu’au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
— Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d’or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor !

Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d’humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulements, déroutes et pitié !
— Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, — seul, et couché sur des pièces de toile
Écrue, et pressentant violemment la voile !


26 mai 1871.

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Un des grands poèmes de Rimbaud avec "Le Bâteau Ivre"

 

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

 

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

 

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !

 

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

 

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

 

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

 

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

 

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

 

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

 

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

 

J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

 

J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

 

Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

 

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

 

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…

 

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

 

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

 

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

 

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

 

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

 

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

 

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

 

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

 

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

 

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Je ne vois rien à ajouter devant de tels chef d'oeuvres, sauf :

 

Bonne lecture

 

Denis

 

https://www.youtube.com/watch?v=S0gLnBL2axM

 

(pour Le Bateau Ivre par Léo Ferré)

 

 

 

Préface de René Char

Préface de René Char

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 18:09
Lire la poésie : de A à Z...(33/50) - Q comme Queneau

Un poète : Raymond Queneau (1903-1976)

Un recueil : Cent mille milliards de poèmes (1961)

Un poème :

            Cent mille milliards de poèmes

1

Quand l’un avec l’autre aussitôt sympathise
pour du fin fond du nez exciter les arceaux
sur l’antique bahut il choisit sa cerise
on espère toujours être de vrais normaux

Souvenez-vous amis de ces îles de Frise
qui se plaît à flouer les provinciaux
un frère même bas est la part indécise
la mite a grignoté tissus os et rideaux

Du Gange au Malabar le lord anglais zozotte
on sale le requin on fume à l’échalotte
lorsqu’il voit la gadoue il cherche le purin

Enfin on vend le tout homards et salicoques
on mettait sans façon ses plus infectes loques
si l’Europe le veut l’Europe ou son destin

2

C’était à cinq o’clock que sortait la marquise
depuis que lord Elgin négligea ses naseaux
une toge il portait qui n’était pas de mise
et tout vient signifier la fin des haricots

Je me souviens encor de cette heure exquise
d’où Galilée jadis jeta ses petits pots
aller à la grande ville est bien une entreprise
a tous n’est pas donné d’aimer les chocs verbaux

La Grèce de Platon à coup sûr n’est point sotte
on sale le requin on fume à l’échalotte
lorsque Socrate mort passait pour un lutin

Frère je te comprends si parfois tu débloques
comptant tes abattis lecteur tu te disloques
le Beaune ou le Chianti sont-ils le même vin?

3

Du jeune avantageux la nymphe s’était éprise
pour consommer un thé puis des petits gâteaux
il se penche et alors à sa grande surprise
elle soufflait bien fort par-dessus les côteaux

Quand on prend des photos de cette tour de Pise
les gauchos dans la plaine agitaient leurs drapeaux
l’un et l’autre ont raison non la foule imprécise
les Grecs et les Romains en vain cherchent leurs mots

Du Gange au Malabar le lord anglais zozotte
on gifle le marmot qui plonge sa menotte
les croque-morts sont là pour se mettre au turbin

On a bu du pinard à toutes les époques
les Indes ont assez sans ça de pendeloques
si l’Europe le veut l’Europe ou son destin

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Et  ainsi de suite,..

Le livre "Cent mille milliards de poèmes" comporte 'seulement' 10 pages, chacune découpée en 14 bandes horizontales représentant les 14 vers d'un sonnet. Le recto de chacune des bandes comporte un seul vers. En tournant les bandes séparément, on peut donc composer n'importe lequel des 1014 poèmes! Bien évidemment, la rime est parfaitement respectée pour tous les poèmes qu'il est possible de former.

Il y a donc 1014 soit 100 000 000 000 000 poèmes potentiels. Queneau ajoute : « En comptant 45s pour lire un sonnet et 15s pour changer les volets à 8 heures par jour, 200 jours par an, on a pour plus d’un million de siècles de lecture, et en lisant toute la journée 365 jours par an, pour 190 258 751 années plus quelques plombes et broquilles (sans tenir compte des années bissextiles et autres détails). »

N'oublions pas que Raymond Queneau a été un des créateurs de l'OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentiel)

L’Ouvroir de Littérature Potentielle (OuLiPo) a été fondé le 24 novembre 1960, par François Le Lionnais, Raymond Queneau et une dizaine de leurs amis écrivains et/ou mathématiciens et/ou peintres : Albert-Marie Schmidt, Jean Queval, Jean Lescure, Jacques Duchateau, Claude Berge et Jacques Bens selon le tapuscrit de ce dernier, secrétaire définitivement provisoire du début. La réunion fondatrice a eu lieu au restaurant « Le Vrai Gascon », 82 rue du Bac à Paris.

Le propos était d’inventer de nouvelles formes poétiques ou romanesques, résultant d’une sorte de transfert de technologie entre Mathématiciens et Ecriverons (sic).

Cent mille milliards de poèmes en est une des brillantes illustrations.

Alors, si vous voulez tester le procédé inventé par Raymond Queneau, allez sur ce site et vous comprendrez tout. On se retrouve à la fin de la lecture dans plus de 190 000 000 d'années.

http://emusicale.free.fr/HISTOIRE_DES_ARTS/hda-litterature/QUENEAU-cent_mille_milliards_de_poemes/_cent_mille_milliards.php

Bonne lecture,

Denis

Lire la poésie : de A à Z...(33/50) - Q comme Queneau
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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 17:50
Ravensbrück mon amour de Stanislas Petrosky (Atelier Mosesu)

Ravensbrück mon amour de Stanislas Petrosky

(L'Atelier Mosesu - collection 39-45 - 230 pages - février 2015)

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Premier roman "choc" de Stanislas Petrosky, annoncé en préambule comme tel : "Ce livre est sombre, violent, l'auteur utilise des mots crus, odorants, bruyants, gênants, grinçants, qui brûlent les yeux et peuvent révolter, simplement parce qu'il ne faut pas oublier, c'était il n'y a pas si longtemps, ce n'était pas de la fiction".

Et en effet, on est très vite plongé dans l'univers du camp de Ravensbrück (Le pont aux corbeaux) :

Au seuil de la mort à 77 ans, Gunther Frazentich, allemant, raconte son histoire. Fils de paysans, passionné d'art et de dessin, né en 1918, il est enrôlé à 20 ans pour participer à la construction du camp de concentration de Ravensbrück. Devenu par la force des choses kapo , il voit arriver les premiers convois de femmes.

Rosenthal le gynécologue du camp se montre atroce avec les femmes qu'il oblige à avorter. Günther se met à dessiner les scènes cruelles qu'il voit pour témoigner plus tard des atrocités commises. Il est surpris par une chef qui décide alors qu'il sera le dessinateur du camp.

Il se sent lâche d'accepter toutes ces exactions contre ces femmes prisonnières. Pour se consoler il dessine avec le plus de véracité possible.

Les kapos ne sont pas épargnés dès lors où ils ne doivent montrer aucune compassion pour les détenues. Lui réussit à leur faire des sourires dans l'infirmerie par exemple.

Et il doit assister aux expériences du Dr Gebhardt sur de jeunes femmes car le chirurgien veut créer des plaies importantes sur des jambes saines pour ensuite expérimenter un traitement au sulfamide.

Convoquées dès trois heures du matin, les heures d'appel sont interminables pour les prisonnières et Günther est obligé de dessiner encore et toujours.

Bientôt, des prisonniers hommes sont  détenus pour effectuer les travaux difficiles et comble de l'humiliation on aime montrer ces femmes aux hommes en les faisant se mettre nues face à eux derrière les barbelés.

Avec la solution finale mise en place un four crématoire est construit à Ravensbrück et Günther réussit à cacher ses doubles de dessins dans les murs.

En 1942 commencent à arriver les enfants qui ne sont pas ménagés non plus mais les adultes font ce qu'ils peuvent pour les aider, les soigner à l'image d'une française Hélène que Günther aide à intervenir dans les blocs.

Et puis arrive une française juive, Edna, étudiante en histoire que Günther remarque pour sa beauté.il la dessine et tombe amoureux aussitôt. Il décide de la sauver et lui dit de se faire passer pour couturière car alors Hélène pourra la prendre en charge.

Une histoire d'amour pour faire souffler le lecteur. C'est ce que l'on se dit vers le tiers du livre car rien n'a été épargné au lecteur jusqu'à présent.

Mais l'amour peut-il exister et survivre à la lourde loi d'un camp de concentration et de travail où rien n'est épargné aux prisonniers et aux kapos.

Livre pesant par sa noirceur annoncée mais très bien mené. Un livre très documenté avec des personnages réels qui passent tels ces monstrueux médecins Rosenthal et Gebhardt, Himmler aussi l'initiateur de la solution finale. Et une narration sous le signe du "je" pour montrer de l'intérieur comment un être humain est plongé contre son gré dans un monde de l'infamie où toute trace d'humanité est bannie par ses dirigeants.

Le titre du livre m'a fait penser à "Hiroshima mon amour" le film d'Alain Resnais écrit par Marguerite Duras. Coïncidence ou volonté de clin d'oeil de l'auteur !!!

A lire, à méditer...

Bonne lecture,

Denis

Et merci à Martine Beau-Delomos de m'avoir mis entre les mains ce livre.

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20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 17:56
La pluie avant qu'elle tombe de Jonathan Coe (Folio)

La pluie avant qu'elle tombe de Jonathan Coe (Folio - 268 pages)

Traduit de l'anglais par Jamila et Serge Chauvin

Titre original : The rain before it falls (2007)

Première édition française Gallimard 2009)

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L'auteur précise dans une note liminaire : "Le titre de ce roman est emprunté à une composition de Michael Gibbs. La description de la musique de Catharine s'inspire du travail de Theo Travis sur son album Slow Life."

 

Dernière phrase du livre : "Ce qu'elle espérait trouver n'était qu'une chimère, un rêve, une chose irréelle : comme la pluie avant qu'elle tombe".

 

Et bien sûr, il est rappelé à une enfant dans le livre que l'on ne peut pas nommer pluie l'eau quand elle n'est pas encore tombée puisqu'elle n'est pluie que quand elle tombe.

 

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Gill apprend la mort de sa tante Rosamond. Elle se rend à l'inhumation et est informée qu'elle fait partie des trois héritiers mais il faut retrouver Imogen qu'elle n'a vue qu'une fois il y a plus de vingt ans. L'enfant d'alors était aveugle.

Gill inspecte la maison, seule, découvre les cassettes dont lui a parlé la doctoresse et le disque qu'elle écoutait au moment de mourir. Mais Gill voit un verre et un médicament qui pourraient signifier qu'elle s'est suicidée.

Imogen n'a pas encore été retrouvée alors Gill et ses filles décident d'écouter les cassettes.

Les paroles sont accompagnées de photos que Rosemond décrit. Au total 20 cartes et photos, décrites avec attention pour qu'Imogen puisse imaginer le contexte de l'histoire qu'elle raconte, autour de ces lieux et personnages qui apparaissent sur ces images.

La première montre le devant d'une maison et d'un jardin au début de la deuxième guerre mondiale.

La numéro deux montre un pique-nique quand elle a été recueillie par sa tante Evy et oncle Owen pendant la guerre, les enfants étant évacués des villes. Elle s'entendait bien avec sa cousine Beatrix.

Numéro trois: Une vielle caravane sur le terrain de la ferme. Ce sera le Q.G. des deux enfants. Une nuit elles ont voulu fuguer vite rattrapées. Manifestement tante Ivy n'aimait pas sa fille et lui parlait très mal. Rosamond est alors rappelée chez elle.

A présent elle évoque 1945. Un bord de lac. Puis c'est une photo du mariage de Beatrix avec Roger en 1948. Elle a 18 ans et est enceinte de la mère d'imogen. Théa.

Quant à Rosamond, elle a compris qu'elle aime mieux les femmes que les hommes...

Et le livre continue ainsi pour mettre en scène Rosamond, Beatrix, Théa et Imogen. Quatre femmes aux destins divers, toutes contrariées dans leur vie, presque toujours mal aimées, sous le regard très réaliste de Rosamond.

Petit à petit le destin de ces femmes s'éclaire pour arriver jusqu'à Imogen, la jeune aveugle que Gill espère retrouver... C'est là le principal suspens de ce roman de construction originale comme vous avez pu le lire.

J'avoue avoir aimé ce livre mais sans l'étincelle qui avait fait que j'avais adoré lire "La maison du sommeil".

Une très bonne lecture tout de même.

Bonne lecture,

Denis Lecomte

Lecture faite dans le cadre de la lecture commune de ce 20 août 2015 autour d'un livre de Johathan Coe, organisée par Titine 75 (blog plaisir à cultiver)

La pluie avant qu'elle tombe de Jonathan Coe (Folio)
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20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 15:12
Lire la poésie : de A à Z... (32/50) - P comme Ponge

Un poète : Francis Ponge (1899-1988)

Un recueil : Le parti pris des choses (1942)

Deux poèmes :

                                               Le cageot

A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.

                                               L'huître

L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.
A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.

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Dès sa première édition, Le Parti pris des choses attira l'attention d'Albert Camus (résistant comme Ponge, il a envoyé à ce dernier le manuscrit du Mythe de Sisyphe, lequel occasionna une riche et amicale correspondance entre les deux écrivains), puis de Jean-Paul Sartre, qui consacre une critique importante au recueil (L'Homme et les choses, Poésie 44, juillet-octobre 1944) et rédige une préface au Parti pris des choses.

 

À l'aide d'une multiplicité d'images (métaphores, comparaisons), le poète tente de restituer aux objets leur entière originalité. En effet, certaines « choses » ne sont plus perçues qu'à travers le filtre des lieux communs : par exemple la fleur (surtout la rose), qui se limite bien souvent, en poésie, à une évocation mièvre.

C'est par un effet de surprise que le poète entend renouveler notre perception du monde. Le papillon se fait ainsi lampiste, la fleur est « une tasse mal lavée » (ou une lampe !), loin des stéréotypes usés. Mais ce n'est pas non plus chez Ponge un désir de brider l'expression poétique : le papillon est également « un minuscule voilier des airs malmené par le vent » ou même « une allumette volante ».

Aussi le poète use-t-il de tous les moyens à sa disposition pour briser le moule, et créer ses propres objets poétiques : poésie du cageot, paradoxale ; poésie des objets de consommation : le pain ; poésie de la nature enfin, dans ce qu'elle a de plus concret. Ce regard sur les objets prend leur parti, c'est-à-dire qu'il leur rend justice en ne les enfermant pas dans des stéréotypes.

 

(Source wikipedia)

 

 

Lire la poésie : de A à Z... (32/50) - P comme Ponge

Extrait de la correspondance entre Camus et Ponge :

Lettre de Camus à Ponge (27 janvier 1943) :"...Je pense que le "Parti pris" est une oeuvre absurde à l'état pur - je veux dire celle qui nait, conclusion autant qu'illustration à l'extrémité d'une philosophie de la non-signification du monde. Elle décrit parce qu'elle échoue..." (page 32)

Recueil à lire et à méditer...

Bonne lecture,

Denis

Lire la poésie : de A à Z... (32/50) - P comme Ponge
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19 août 2015 3 19 /08 /août /2015 18:51

Voici la newsletter reçue ce jour pour annoncer la rentrée des éditions Stock :

Sous les bandes fantasmagoriques et inspirées de la jeune graphiste Manon Baba, il y a des livres, français et étrangers. 11, en tout. Un chiffre porte-bonheur ?

De l’Egypte revisitée par Tobie Nathan au romantisme de Simon Liberati, en passant par la Bolivie chez Colombe Schneck ou la France couleur sepia d’Eric Faye, et l’Angleterre sixties de Nick Hornby, le moins qu’on puisse dire est que cette rentrée 2015 incite à voyager, immobile, dans le silence et l’émotion, la comédie et la société, l’histoire et la géographie,  et qu’il y en a pour tous les goûts, toutes les sensibilités. Des auteurs chers au catalogue déjà constitué de la maison Stock : Faye, Noiville, Giraud, Schneck, Stanisic. Auquel s’ajoutent des nouveaux venus aux noms illustres : Nathan, Liberati; Frèche, Hornby. Et deux premiers romans, étonnants et familiaux, Boltanski et Carpentier.

Du noir chagrin au rouge flamboyant, toutes les couleurs de l’imaginaire sont sur la scène de notre théâtre de la rentrée. Levons le rideau ! place au spectacle dont vous êtes les premiers invités.

Manuel Carcassonne,
Directeur des Editions Stock

 
Rentrée Littéraire

 

 

 

 

 

 

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13 août 2015 4 13 /08 /août /2015 17:30
Lire la poésie : de A à Z... (31/50) - P comme Prévert

Un poète : Jacques Prévert (1900-1977)

Un recueil : Paroles (1946)

Un poème :

Le désespoir est assis sur un banc

Dans un square sur un banc
Il y a un homme qui vous appelle quand on passe
Il a des binocles un vieux costume gris
Il fume un petit ninas il est assis
Et il vous appelle quand on passe
Ou simplement il vous fait signe
Il ne faut pas le regarder
Il ne faut pas l'écouter
Il faut passer
Faire comme si on ne le voyais pas
Comme si on ne l'entendais pas
Il faut passer presser le pas
Si vous le regardez
Si vous l'écoutez
Il vous fait signe et rien ni personne
Ne peut vous empêcher d'aller vous asseoir près de lui
Alors il vous regarde et sourit
Et vous souffrez attrocement
Et l'homme continue de sourire
Et vous souriez du même sourire
Exactement
Plus vous souriez plus vous souffrez
Atrocement
Plus vous souffrez plus vous souriez
Irrémédiablement
Et vous restez là
Assis figé
Souriant sur le banc
Des enfants jouent tout près de vous
Des passants passent
Tranquillement
Des oiseaux s'envolent
Quittant un arbre
Pour un autre
Et vous restez là
Sur le banc
Et vous savez vous savez
Que jamais plus vous ne jouerez
Comme ces enfants
Vous savez que jamais plus vous ne passerez
Tranquillement
Comme ces passants
Que jamais plus vous ne vous envolerez
Quittant un arbre pour un autre
Comme ces oiseaux.

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Paroles comporte 95 textes non ponctués de forme et de longueur très variées. Les textes les plus longs sont placés principalement au début du recueil (Tentative de description d'un dîner de têtes à Paris-France (11 p) – Souvenirs de famille (13p ), Évènements (9 p). Le plus long, La crosse en l'air (35 pages) est au milieu de l'œuvre et on retrouve un texte assez long, rajouté plus tard, en fermeture du recueil (Lanterne magique de Picasso – 7 pages). Les autres textes vont d'une seule ligne (Les paris stupides) à quelques pages en passant par des poèmes très courts (Alicante 5 vers – Le grand homme, 4 vers – L'amiral, 5 vers avec 15 mots au total), des textes d'une petite page (Le cancre, 17 vers - Le miroir brisé, 16 vers - La fête continue, 18 vers) ou des textes de deux pages ( Page d'écriture - Barbara - Complainte de Vincent ...).

La forme est également très variée avec des textes en prose (Souvenirs de famille – certains passage du Dîner de têtes), des saynètes dialoguées en vers libres (L'orgue de barbarieLa chasse à l'enfant - L'accent grave ...) et un emploi plus traditionnel du vers libre avec parfois l'utilisation partielle de rimes irrégulières (Pour toi mon amourComplainte de Vincent - Barbara). La présence de l'oralité revendiquée conduit aussi à l'utilisation de la reprise sinon du refrain (BarbaraChasse à l'enfantJe suis comme je suis ...) qui font de ces textes des chansons qui seront d'ailleurs, ainsi que d'autres poèmes du recueil, mises en musique par Joseph Kosma. (Source du texte : Paroles - wikipedia)

Assurément ce premier recueil publié de Jacques Prévert a eu un grand retentissement et a inscrit durablement le poète dans le paysage littéraire français.

 

Bonne lecture

Denis

Lire la poésie : de A à Z... (31/50) - P comme Prévert
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9 août 2015 7 09 /08 /août /2015 08:32
Citation... Début du roman "La conscience de Zeno" de Svevo

Début du roman de Italo Svevo (1861-1928)

"La conscience de Zeno" (La coscienza di Zeno - 1923) :

I - Préface :

Je suis le médecin dont il est parlé en termes parfois peu flatteurs dans le récit qui va suivre. Quiconque a des notions de psychanalyse saura localiser l'antipathie que nourrit le patient àmon adresse.

Je ne parlerai pas ici de psychanalyse ; il en sera assez question dans ce livre. Il faut que je m'excuse d'avoir poussé mon malade à écrire son autobiographie ; les psychanalystes fronceront les sourcils à pareille nouveauté. Mais il était vieux et j'espérais que cet effort d'évocation rendrait vigueur à ses souvenirs et que l'autobiographie serait un bon prélude à son traitement. Encore aujourd'hui, cette idée me semble juste, elle m'a donné des résultats inespérés qui auraient été plus considérables encore si le malade, au moment le plus intéressant, ne s'était soustrait à la cure, me dérobant ainsi les fruits de la longue et minucieuse étude que j'avais faite de ces mémoires.

Je les publie par vengeance et j'espère qu'il en sera furieux...

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« La vie ressemble à la maladie en ce qu'elle procède par crises et usure progressive, comme elle comporte aussi ses améliorations et aggravations quotidiennes. Mais, à la différence des autres maladies, la vie est toujours mortelle. » La Conscience de Zeno.

« Les choses que tout le monde ignore et qui ne laissent pas de traces n'existent pas. » La Conscience de Zeno.

Bonne lecture,

Denis

 

Citation... Début du roman "La conscience de Zeno" de Svevo
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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 17:19
Lire la poésie : de A à Z... (30/50) - O comme Ovide

Un poète : Ovide ( - 43 av JC / 17 ou 18 ap JC)

Un recueil : Les métamorphes (1 ap JC)

Un poème : début du Chant I

Invocation (I, 1-4)

Inspiré par mon génie, je vais chanter les êtres et les corps qui ont été revêtus de formes nouvelles, et qui ont subi des changements divers. Dieux, auteurs de ces métamorphoses, favorisez mes chants lorsqu'ils retraceront sans interruption la suite de tant de merveilles depuis les premiers âges du monde jusqu'à nos jours.

Origine du monde (I, 5-20)

Avant la formation de la mer, de la terre, et du ciel qui les environne, la nature dans l'univers n'offrait qu'un seul aspect; on l'appela chaos, masse grossière, informe, qui n'avait que de la pesanteur, sans action et sans vie, mélange confus d'éléments qui se combattaient entre eux. Aucun soleil ne prêtait encore sa lumière au monde; la lune ne faisait point briller son croissant argenté; la terre n'était pas suspendue, balancée par son poids, au milieu des airs; l'océan, sans rivages, n'embrassait pas les vastes flancs du globe. L'air, la terre, et les eaux étaient confondus : la terre sans solidité, l'onde non fluide, l'air privé de lumière. Les éléments étaient ennemis; aucun d'eux n'avait sa forme actuelle. Dans le même corps le froid combattait le chaud, le sec attaquait l'humide; les corps durs et ceux qui étaient sans résistance, les corps les plus pesants et les corps les plus légers se heurtaient, sans cesse opposés et contraires.

Séparation des éléments (I, 21-75)

Un dieu, ou la nature plus puissante, termina tous ces combats, sépara le ciel de la terre, la terre des eaux, l'air le plus pur de l'air le plus grossier. Le chaos étant ainsi débrouillé, les éléments occupèrent le rang qui leur fut assigné, et reçurent les lois qui devaient maintenir entre eux une éternelle paix. Le feu, qui n'a point de pesanteur, brilla dans le ciel, et occupa la région la plus élevée. Au-dessous, mais près de lui, vint se placer l'air par sa légèreté. La terre, entraînant les éléments épais et solides, fut fixée plus bas par son propre poids. La dernière place appartint à l'onde, qui, s'étendant mollement autour de la terre, l'embrassa de toutes parts.

Après que ce dieu, quel qu'il fût, eut ainsi débrouillé et divisé la matière, il arrondit la terre pour qu'elle fût égale dans toutes ses parties. Il ordonna qu'elle fût entourée par la mer, et la mer fut soumise à l'empire des vents, sans pouvoir franchir ses rivages. Ensuite il forma les fontaines, les vastes étangs, et les lacs, et les fleuves, qui, renfermés dans leurs rives tortueuses, et dispersés sur la surface de la terre, se perdent dans son sein, ou se jettent dans l'océan; et alors, coulant plus librement dans son enceinte immense et profonde, ils n'ont à presser d'autres bords que les siens. Ce dieu dit, et les plaines s'étendirent, les vallons s'abaissèrent, les montagnes élevèrent leurs sommets, et les forêts se couvrirent de verdure.

Ainsi que le ciel est coupé par cinq zones, deux à droite, deux à gauche, et une au milieu, qui est plus ardente que les autres, ainsi la terre fut divisée en cinq régions qui correspondent à celles du ciel qui l'environne. La zone du milieu, brûlée par le soleil, est inhabitable; celles qui sont vers les deux pôles se couvrent de neiges et de glaces éternelles : les deux autres, placées entre les zones polaires et la zone du milieu, ont un climat tempéré par le mélange du chaud et du froid. Étendu sur les zones, l'air, plus léger que la terre et que l'onde, est plus pesant que le feu.

C'est dans la région de l'air que l'auteur du monde ordonna aux vapeurs et aux nuages de s'assembler, au tonnerre de gronder pour effrayer les mortels, aux vents d'exciter la foudre, la grêle et les frimas; mais il ne leur abandonna pas le libre empire des airs. Le monde, qui résiste à peine à leur impétuosité, quoiqu'ils ne puissent franchir les limites qui leur ont été assignées, serait bientôt bouleversé, tant est grande la division qui règne entre eux, S'il leur était permis de se répandre à leur gré sur la terre !

Eurus fut relégué vers les lieux où naît l'aurore, dans la Perse, dans l’Arabie, et sur les montagnes qui reçoivent les premiers rayons du jour. Zéphyr eut en partage les lieux où se lève l'étoile du soir, où le soleil éteint ses derniers feux. L'horrible Borée envahit la Scythie et les climats glacés du septentrion. Les régions du midi furent le domaine de l'Auster pluvieux, au front couvert de nuages éternels; et par-delà le séjour des vents fut placé l'éther, élément fluide et léger, dépouillé de l'air grossier qui nous environne.

À peine tous ces corps étaient-ils séparés, assujettis à des lois immuables, les astres, longtemps obscurcis dans la masse informe du chaos, commencèrent à briller dans les cieux. Les étoiles et les dieux y fixèrent leur séjour, afin qu'aucune région ne fût sans habitants. Les poissons peuplèrent l'onde; les quadrupèdes, la terre; les oiseaux, les plaines de l'air.

(Traduit du latin par G.T. Villenave, Paris, 1806)

 

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Long poème épique en 15 chants tel qu'il débute ci-dessus pour raconter la naissance et l'histoire du monde gréco-romain jusqu'à l'époque de l'empereur Auguste.

C'est une des grandes oeuvres poétiques du monde latin

Je vous renvoie à la présentation de l'oeuvre dans wikipedia

Un des grands recueils poétiques de l'histoire littéraire mondiale à découvrir ou redécouvrir.

Bonne lecture

Denis

 

Lire la poésie : de A à Z... (30/50) - O comme Ovide
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2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 20:46
Imagine le reste d'Hervé Commère (Fleuve Noir)

Imagine le reste d'Hervé Commère

(Fleuve Noir - juin 2014 - 419 pages)

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J'aurais envie de dire d'entrée de jeu que "Imagine le reste" est un roman en "trompe l'oeil". On se croit dans un polar et on y trouve des allures de "littérature blanche". C'est d'ailleurs ainsi que Lucie Merval libraire à l'espace culturel Leclerc d'Yvetôt m'a présenté ce livre "inclassable". Comme elle savait que je n'étais pas très polar elle m'a dit que ce livre devrait me plaire.

Et de fait j'ai été conquis et enthousiasmé par ce livre très bien construit en 4 parties qui permettent d'identifier les 3 personnages principaux : Kark, Nino et Serge, la dernière partie étant "All together" en forme de longue conclusion, tout autant bluffante que le reste du livre.

Comme toujours avec ce type de roman il est très délicat de présenter le livre sous peine de révéler des points qui font perdre au lecteur de l'article une partie du suspens.

Fred et Karl sont amis d'enfance et font dans Calais des mauvais coups rémunérés. Ainsi casser un bar au nom de Mario qui a eu besoin d'être vengé.

Fred a tout appris du caïd du coin Serge Cimard et puis sans raisons il a été congédié.

Tour à tour les deux amis vont en prison. De même ils vont aimer la même femme, Carole, faite pour le cirque et elle va un jour quitter ces deux "ratés". Fred attend le grand jour ! 7 ans plus tard il semble venu quand il dit avoir volé 2 millions d'euros à Cimard contenus dans un sac en cuir. Il faut vite fuir Calais et partir pour le Portugal avec la supercinq de la mère de Karl. En route, au Touquet ils s'arrêtent à la maison de Cimard et prennent une de ses voitures de sport pour aller vers la plage déserte en novembre.

Sept ans donc qu'il prépare ce jour pistant Cimard inlassablement et il sait qu'il est en Thaïlande avec son amant chauffeur.

Seul bémol ce matin la Maserati ne redémarre pas et elle est engloutie dans les eaux du Touquet.

Alors Karl et Fred partent pour Bordeaux où ils savent que Carole vit. Quand ils arrivent au cirque une fille leur dit qu'elle est en voyage avec des élèves du cirque à Rome . Ils décident de l'attendre. Ils se rendent dans un bar et tout chavire quand ils s'aperçoivent qu'on leur vole leur voiture. Ils courent après et Fred est percuté au feu rouge par une voiture.

Le voleur est Nino. Pourquoi est-il là? C'est le début de la 2e partie du roman que je laisse en suspens... Serge interviendra ensuite pour faire rebondir l'intrigue...

Silence donc... On se rend compte que les méchants ne sont pas toujours aussi durs qu'on pourrait le croire. Tous les protagonistes principaux du roman sont des délinquants prêts au pire mais capables d'avoir peur, d'avoir des remords. Et puis le sac en cuir tient son rôle dans ce roman. Il est un des fils conducteurs de l'intrigue.

On peut juste rappeler la première phrase du prologue qui lance le roman : "Aux alentours du 21 mai 2011, quelque part sur une route de Sicile, se volatilisait Nino Face, un emblématique chanteur aux cheveux orange. La dernière personne à l'avoir vu vivant était un réceptionniste du sud de l'île, travaillant dans un hôtel où le chanteur venait de passer quelques heures, enfermé dans une chambre qui n'avait rien révélé de particulier durant l'enquête".

Merci encore Lucie pour cette très belle lecture au style fluide savamment architecturé.

Bonne lecture,

Denis

Imagine le reste d'Hervé Commère (Fleuve Noir)
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