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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 08:00

 

 

 

 

 

Nuit de printemps

 

Le ciel est pur, la lune est sans nuage :
Déjà la nuit au calice des fleurs
Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ;
Aucun zéphyr n'agite le feuillage.
Sous un berceau, tranquillement assis,
Où le lilas flotte et pend sur ma tête,
Je sens couler mes pensers rafraîchis
Dans les parfums que la nature apprête.
Des bois dont l'ombre, en ces prés blanchissants,
Avec lenteur se dessine et repose,
Deux rossignols, jaloux de leurs accents,
Vont tour à tour réveiller le printemps
Qui sommeillait sous ces touffes de rose.
Mélodieux, solitaire Ségrais,
Jusqu'à mon cœur vous portez votre paix !
Des prés aussi traversant le silence,
J'entends au loin, vers ce riant séjour,
La voix du chien qui gronde et veille autour
De l'humble toit qu'habite l'innocence.
Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds !
Parmi les cieux à l'aurore entrouverts,
Phébé n'a plus que des clartés mourantes,
Et le zéphyr, en rasant le verger,
De l'orient, avec un bruit léger,
Se vient poser sur ces tiges tremblantes.

 

 

Chateaubriand

 

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 10:00

Ode à Salvador Dali


Une rose dans le haut jardin que tu désires.
Une roue dans la pure syntaxe de l’acier.
Elle est nue la montagne de brume impressionnistes.
Les gris en sont à leurs dernières balustrades.

Dans leurs blancs studios, les peintres modernes
Coupent la fleur aseptique de la racine carrée.
Sur les eaux de la Seine, un iceberg de marbre
Refroidit les fenêtres et dissipe les lierres.

L’homme, d’un pas ferme, foule les rues dallées
Et les vitres esquivent la magie du reflet.
Le Gouvernement a fermé les boutiques de parfums.
La machine éternise ses mouvements binaires.

C’est une absence de forêts, de paravents, d’entre-sourcils
Qui rôde par les terrasses des maisons antiques.
Et c’est l’air qui polit son prisme sur la mer,
C’est l’horizon qui monte comme un grand aqueduc.

Les marins ignorant le vin et la pénombre
Décapitent les sirènes sur des mers de plomb.
La Nuit, noire statue de la prudence,
Tient le miroir rond de la lune dans sa main.

Un désir nous gagne, de formes, de limites.
Voici l’homme qui voit à l’aide d’un mètre jaune.
Venus est une blanche nature-morte.
Voici que les collectionneurs de papillons s’effacent.

*

Cadaquès, sur le fléau de l’eau et de la colline,
Soulève des gradins et enfouit des coquilles.
Des flûtes de bois pacifient l’air.
Un vieux dieu sylvestre donne des fruits aux enfants.

Sans avoir pris le temps de s’endormir, les pêcheurs dorment sur la sable.
En haute mer, ils ont une rose pour boussole.
L’horizon vierge de mouchoirs blessés
Joint les masses vitrifiées du poisson et de la lune.

Une dure couronne de blanches brigantines
Ceint des fronts amers, des cheveux de sable.
Les sirènes persuasives ne nous suggestionnent pas.
Elles apparaissent au premier verre d’eau douce.

*

Ô Salvador Dali à la voix olivée !
Je ne vante pas ton imparfait pinceau adolescent,
Ni ta couleur qui courtise la couleur de ton temps.
Je chante ton angoisse, ô limité, limité éternel !

Âme hygiénique, tu vis sur des marbres nouveaux.
Tu fuis l’obscure selve des formes incroyables.
Où atteignent tes mains, ta fantaisie atteint,
Et tu jouis du sonnet de la mer dans ta fenêtre.

Aux premières bornes que l’homme rencontre,
Le monde n’est que désordre et que sourde pénombre.
Mais déjà les étoiles, cachant les paysages,
Désignent le schéma parfait de ses orbites.

Le courant du temps s’apaise et s’ordonne
Dans les formes numériques d’un siècle, et d’un autre siècle.
La Mort vaincue se réfugie en tremblant
Dans le cercle étroit de la minute présente.

En prenant ta palette, dont l’aile est trouée d’un coup de feu,
Tu demandes la lumière qui anime la coupe renversée de l’olivier.
Large lumière de Minerve, constructrice d’échafaudages,
Lumière où ni le songe, ni sa flore inexacte n’ont place.

Tu demandes la lumière antique qui reste sur le front,
Qui ne descend ni à la bouche, ni au cœur de l’homme.
Lumière que craignent les vignes poignantes de Bacchus
Et la force désordonnée qui porte l’eau courbe.

Tu as raison de banderoler la limite obscure,
Toute brillante de nuit. Et en tant que peintre,
Tu ne veux pas que ta forme soit amollie
Par le coton changeant d’un nuage imprévu.

Le poisson dans le vivier, l’oiseau dans la cage,
Tu ne veux pas les inventer dans la mer ou le vent.
Après les avoir, de tes honnêtes pupilles, bien regardés,
Tu stylises ou copies les petits corps agiles.

Tu aimes une matière définie et exacte
Où le champignon ne puisse dresser sa tente.
Tu aimes l’architecture qui contruit dans l’absent
Et tu prends le drapeau pour une simple plaisanterie.

Le compas d’acier rythme son court vers élastique.
La sphère déjà dément les îles inconnues.
La ligne droite exprime son effort vertical
Et les cristaux savants chantent leurs géométries.

*

Mais encore et toujours la rose du jardin où tu vis.
Toujours la rose, toujours ! nord et sud de nous-mêmes !
Tranquille et concentrée comme une statue aveugle,
Ignorante des efforts souterrains qu’elle cause.

Rose pure, abolissant artifices et croquis
Et nous ouvrant les ailes ténues du sourire.
(Papillon cloué qui médite son vol).
Rose de l’équilibre sans douleurs voulues. Toujours la rose !

*

Ô Salvador Sali à la voix olivée !
Je dis ce que me disent ta personne et tes tableaux.
Je ne loue pas ton imparfait pinceau adolescent,
Mais je chante la parfaite direction de tes flèches.

Je chante ton bel effort de lumières catalanes
Et ton amour pour tout ce qui explicable.
Je chante ton cœur astronomique et tendre,
Ton cœur de jeu de cartes, ton cœur sans blessure.

Je chante cette anxiété de statue que tu poursuis sans trêve,
La peur de l’émotion qui t’attend dans la rue.
Je chante la petite sirène de la mer qui te chante,
Montée sur une bicyclette de coraux et de coquillages.

Mais avant tout je chante une pensée commune
Qui nous unit aux heures obscures et dorées.
L’art, sa lumière ne gâche pas nos yeux.
C’est l’amour, l’amitié, l’escrime qui nous aveuglent.

Bien avant le tableau que, patient, tu dessines,
Bien avant le sein de Thérèse, à la peau d’insomnie,
Bien avant la boucle serrée de Mathilde l’ingrate,
Passe notre amitié peinte comme un jeu d’oie.

Que des traces dactylographiques de sang sur l’or
Rayant le cœur de la Catalogne éternelle !
Que les étoiles comme des poings sans faucon t’illuminent,
Pendant que ta peinture et que ta vie fleurissent.

Ne regarde pas la clepsydre aux ailes membraneuses,
Ni la dure faux des allégories.
Habille et déshabille toujours ton pinceau dans l’air,
Face à la mer peuplée de barques et de marins.

 

 

Federico Garcia Lorca,

 Traduction par Paul Eluard

 

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 09:00

De cet amour ardent je reste émerveillée

Je reste émerveillée
Du clapotis de l’eau
Des oiseaux gazouilleurs
Ces bonheurs de la terre
Je reste émerveillée
D’un amour
Invincible
Toujours présent

Je reste émerveillée
De cet amour
Ardent
Qui ne craint
Ni le torrent du temps
Ni l’hécatombe
Des jours accumulés

Dans mon miroir
Défraîchi
Je me souris encore
Je reste émerveillée
Rien n’y fait
L’amour s’est implanté
Une fois
Pour toutes.
De cet amour ardent je reste émerveillée.

Andrée Chedid

Poème offert par Andrée Chedid au Printemps des poètes 2007

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 19:35

Printemps


Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.

 

 

Victor Hugo

 

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 08:00

 

 

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 09:00

 

 

 

 Il porte un oiseau dans son cœur

 

  

Il porte un oiseau dans son coeur,

L'enfant qui joue des heures, seul,

Avec des couronnes de fleurs

Sous l'ombre étoilée du tilleul.

Il semble toujours étranger

À ce qu'on fait, à ce qu'on dit

Et n'aime vraiment regarder

Que le vent calme du verger.

Autour de lui, riant d'échos,

Le monde est rond comme un cerceau.

 

 

 

Maurice Carême

 

 

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 11:00
 
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Carnaval hivernal

Tous cavalent
au carnaval
hivernal.
La fée
bien coiffée
est distinguée
mais trop pressée.
La sorcière
grimacière
vocifère
et accélère.
La danseuse
mystérieuse
est boudeuse
car fiévreuse.
Tous cavalent
au carnaval
glacial.
 
Paul Degray
 
 
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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 10:00

 

 

 

 

A la petite épicerie

 

A la petite épicerie,
On trouve de tout, oui, de tout :
Du sel, des clous, de la vanille,
Du pain de seigle, du saindoux.
A la petite épicerie,
On trouve de tout, oui, de tout.
Et lorsque c’est la jeune fille
Qui vous demande tout à coup :
"Mon bon Monsieur, que voulez-vous ?"
On dirait que le soleil rit
Entre les pommes et les choux,
Dans la petite épicerie
Où l'on a chaque fois envie
De répondre en tendant ses sous :
"Je voudrais de tout, oui, de tout ."

 

Maurice Carême

 

 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 10:00

 

Extrait du recueil de poésie d'Octavio Paz publié chez Gallimard en 1980

 (en bilingue espagnol / français) :

 

 

"D'un mot à l'autre"

 

 

D'un Mot À L'autre - Éd. Bilingue, Poèmes de Octavio Paz - Livre

 

 

 

 

 

Voici le poème qui ouvre le recueil :

 

          Certeza                                                        Certitude

 

Si es real la luz blanca                                    Si réelle est la blanche lumière

de esta lampara, real                                      de cette lampe, réelle

la mano que escribe, son reales                     la main qui écrit, sont-ils réels

los ojos que miran lo escrito?                        les yeux qui regardent ce qui est écrit?

 

De una palabra a la otra                                  D'un mot à l'autre

lo que digo se desvanece.                              ce que je dis s'évanouit.

Yo se que estoy vivo                                      Je sais que je suis vivant

entre dos parentesis.                                      entre deux parenthèses.

 

 

 

 

 

 

N'oublions pas que c'est l'année du Mexique, donc l'occasion

 de lire des écrivains mexicains, tels Octavio Paz (1914-1998),

Prix Nobel de Littérature (1990).

 

Bonnes lectures

 

Denis

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 09:00

 

 

 

 

 

Février

Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor;
Au firmament l'azur de tons roses s'allume
Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encore.

Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort
Et, dans les ravins creux qui s'emplissent de brume,
Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume
L'orient plus vermeil met une épingle d'or.

Folâtre, et secouant sa clochette argentine,
Le bruyant Carnaval fait sonner sa bottine
Sur le plancher rustique ou le tapis soyeux;

Le spleen chassé s'en va chercher d'autres victimes;
La gaîté vient s'asseoir à nos cercles intimes...
C'est le mois le plus court: passons-le plus joyeux.

 

Louis Honoré Fréchette

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