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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 09:00

 

 

 

 

 

Ton souvenir est comme un livre

 

 

Ton Souvenir est comme un livre bien aimé,
Qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé,
Un livre où l'on vit mieux sa vie, et qui vous hante
D'un rêve nostalgique, où l'âme se tourmente.

Je voudrais, convoitant l'impossible en mes voeux,
Enfermer dans un vers l'odeur de tes cheveux ;
Ciseler avec l'art patient des orfèvres
Une phrase infléchie au contour de tes lèvres ;

Emprisonner ce trouble et ces ondes d'émoi
Qu'en tombant de ton âme, un mot propage en moi ;
Dire quelle mer chante en vagues d'élégie
Au golfe de tes seins où je me réfugie ;
Dire, oh surtout ! tes yeux doux et tièdes parfois
Comme une après-midi d'automne dans les bois ;

 

De l'heure la plus chère enchâsser la relique,
Et, sur le piano, tel soir mélancolique,
Ressusciter l'écho presque religieux
D'un ancien baiser attardé sur tes yeux.

 

 

Albert SAMAIN (1858-1900)

 

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 09:00

  Toi  

Toi c’est un mot
Toi c’est une voix

 Toi c’est tes yeux et c’est ma joie

 

Toi c’est si beau
Toi c’est pour moi
Toi c’est bien là et je n’y crois

 

Toi c’est soleil
Toi c’est printemps
Toi c’est merveille de chaque instant

 

Toi c’est présent
Toi c’est bonheur
Toi c’est arc-en-ciel dans mon coeur

 

Toi c’est distant…
Toi c’est changeant…
Toi c’est rêvant et esquivant…

 

Toi c’est pensant…
Toi c’est taisant…
Toi c’est tristesse qui me prend…

 

Toi c’est fini.
Fini ? Pourquoi ?
Toi c’est le vide dans mes bras…
Toi c’est mon soleil qui s’en va…
Et moi, je reste, pleurant tout bas.

 

 

Esther Granek

Ballades et réflexions à ma façon, 1978

 

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 07:00

 


 

 

Le chat sous la fenêtre
  
 
Le chat sous la fenêtre
soulève sa petite patte
pour pouvoir sortir
et ses yeux grands ouverts
qui cherchent des regards
pour qu’il puisse l’ouvrir

 

Le chat sous la fenêtre
tapote doucement
avec son coussinet
sur quelques marguerites
qui se reflètent sur la vitre
derrière une ombre bleutée

 

Le chat sous la fenêtre
observe les oiseaux,
et d’un coup sec
s’envole dans le ciel
pour attraper le papillon
qui a pu s’échapper

 

Le chat sous la fenêtre
d’un coup a disparu

Alors je regarde une corbeille de cerises
posée sur le vieux banc cassé
La petite patte n’est plus là
 

Le papillon vole un peu plus loin
J’entends le son du beau ruisseau

qui coule au pied de ma maison
il n’y a plus qu’un grand rayon de soleil
qui traverse la fenêtre
Et c’est bientôt l’été

 

Elodie Santos, 2006

 

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 08:00

 

 

Mon livre

 

 

Je ne vous offre plus pour toutes mélodies
Que des cris de révolte et des rimes hardies.
Oui ! Mais en m’écoutant si vous alliez pâlir ?
Si, surpris des éclats de ma verve imprudente,
Vous maudissez la voix énergique et stridente
Qui vous aura fait tressaillir ?

Pourtant, quand je m’élève à des notes pareilles,
Je ne prétends blesser les cœurs ni les oreilles.
Même les plus craintifs n’ont point à s’alarmer ;
L’accent désespéré sans doute ici domine,
Mais je n’ai pas tiré ces sons de ma poitrine
Pour le plaisir de blasphémer.

Comment ? la Liberté déchaîne ses colères ;
Partout, contre l’effort des erreurs séculaires ;
La Vérité combat pour s’ouvrir un chemin ;
Et je ne prendrais pas parti de ce grand drame ?
Quoi ! ce cœur qui bat là, pour être un cœur de femme,
En est-il moins un cœur humain ?

Est-ce ma faute à moi si dans ces jours de fièvre
D’ardentes questions se pressent sur ma lèvre ?
Si votre Dieu surtout m’inspire des soupçons ?
Si la Nature aussi prend des teintes funèbres,
Et si j’ai de mon temps, le long de mes vertèbres,
Senti courir tous les frissons ?

Jouet depuis longtemps des vents et de la houle,
Mon bâtiment fait eau de toutes parts ; il coule.
La foudre seule encore à ses signaux répond.
Le voyant en péril et loin de toute escale,
Au lieu de m’enfermer tremblante à fond de cale,
J’ai voulu monter sur le pont.

À l’écart, mais debout, là, dans leur lit immense
J’ai contemplé le jeu des vagues en démence.
Puis, prévoyant bientôt le naufrage et la mort,
Au risque d’encourir l’anathème ou le blâme,
À deux mains j’ai saisi ce livre de mon âme,
Et j’ai lancé par-dessus bord.

C’est mon trésor unique, amassé page à page.
À le laisser au fond d’une mer sans rivage
Disparaître avec moi je n’ai pu consentir.
En dépit du courant qui l’emporte ou l’entrave,
Qu’il se soutienne donc et surnage en épave
Sur ces flots qui vont m’engloutir !

 

 

Louise Ackermann, Poésies Philosophiques

Paris, 7 janvier 1874

 

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 09:00
 
 
 
Aurore Sand , petite-fille de George Sand
( 1866 - 1961 )
 
A Aurore

 

La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même.

 

 

George Sand

 

Contes d’une grand’mère vol. 1 (1873)

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 07:00

Premier mai

 

  Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.
Je ne suis pas en train de parler d'autres choses.
Premier mai ! l'amour gai, triste, brûlant, jaloux,
Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ;
L'arbre où j'ai, l'autre automne, écrit une devise,
La redit pour son compte et croit qu'il l'improvise ;
Les vieux antres pensifs, dont rit le geai moqueur,
Clignent leurs gros sourcils et font la bouche en coeur ;
L'atmosphère, embaumée et tendre, semble pleine
Des déclarations qu'au Printemps fait la plaine,
Et que l'herbe amoureuse adresse au ciel charmant.
A chaque pas du jour dans le bleu firmament,
La campagne éperdue, et toujours plus éprise,
Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise
Envoie au renouveau ses baisers odorants ;
Tous ses bouquets, azurs, carmins, pourpres, safrans,
Dont l'haleine s'envole en murmurant : Je t'aime !
Sur le ravin, l'étang, le pré, le sillon même,
Font des taches partout de toutes les couleurs ;
Et, donnant les parfums, elle a gardé les fleurs ;
Comme si ses soupirs et ses tendres missives
Au mois de mai, qui rit dans les branches lascives,
Et tous les billets doux de son amour bavard,
Avaient laissé leur trace aux pages du buvard !
Les oiseaux dans les bois, molles voix étouffées,
Chantent des triolets et des rondeaux aux fées ;
Tout semble confier à l'ombre un doux secret ;
Tout aime, et tout l'avoue à voix basse ; on dirait
Qu'au nord, au sud brûlant, au couchant, à l'aurore,
La haie en fleur, le lierre et la source sonore,
Les monts, les champs, les lacs et les chênes mouvants,
Répètent un quatrain fait par les quatre vents.

 

   

Victor Hugo

 

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 09:00

   

 

   

Un mot sans âme

 

L'âge est un mot sans âme

Il désigne un nombre de jours

Sans se soucier de l' état d'esprit

Il arrête les sentiments

Que le coeur peut encore donner

C'est un frein au bonheur

L'âge ne veut pas dire jeune

Il s'en dégage de l'amitié

Qui devient de l'amour

Sentiment éternel sans âge

Oubliez ce mot " vieux "

Pour être encore heureux à deux.

 

 

Michel Frostin

 

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 08:00

 

 

 

 

 N'écris pas

 

 

N'écris pas, je suis triste, et je voudrais m'éteindre
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau
N'écris pas !

N'écris pas, n'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes
Ne demande qu'à Dieu ... qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais
N'écris pas !

N'écris pas, je te crains ; j'ai peur de ma mémoire;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire
Une chère écriture est un portrait vivant
N'écris pas !

N'écris pas ces mots doux que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ;
Et que je les voix brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur
N'écris pas ! ...

 

 

Marceline Desbordes-Valmore ("Poésies inédites ")



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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 08:00

 

 

 

Ave

 

Très haut amour, s’il se peut que je meure
Sans avoir su d’où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,

Très haut amour qui passez la mémoire,
Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,
En quel destin vous traciez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
O mon séjour…

Quand je serai pour moi-même perdue
Et divisée à l’abîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi.

Par l’univers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée,
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor,

Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Cœur de l’esprit, ô centre du mirage,
Très haut amour.

 

 

 

Catherine Pozzi

 

 

 

 

 

("Poèmes" - éditions Mesures, 1935,

réédité par Gallimard, 1987et

"Très haut amour, Poèmes et autres textes"

- Poésie-Gallimard, 2002)

 

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 08:00

 

 

 

 

 

 

L'hirondelle au printemps

 

 

L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours,
Débris où n'est plus l'homme, où la vie est toujours ;
La fauvette en avril cherche, ô ma bien-aimée,
La forêt sombre et fraîche et l'épaisse ramée,
La mousse, et, dans les nœuds des branches, les doux toits
Qu'en se superposant font les feuilles des bois.
Ainsi fait l'oiseau. Nous, nous cherchons, dans la ville,
Le coin désert, l'abri solitaire et tranquille,
Le seuil qui n'a pas d'yeux obliques et méchants,
La rue où les volets sont fermés ; dans les champs,
Nous cherchons le sentier du pâtre et du poète ;
Dans les bois, la clairière inconnue et muette
Où le silence éteint les bruits lointains et sourds.
L'oiseau cache son nid, nous cachons nos amours.

 

 

Victor Hugo ("Les contemplations")

 

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