10 janvier 2010
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(Editions Bernard Grasset - Collection "Bibliothèque Grasset" - 2009)
Première publication de Fouché en Autriche en 1929.
Belle initiative de Grasset de publier 4 biographies essentielles de Stefan Zweig dans ce livre de plus de 1 200 pages.
Je ferai donc 4 articles au fil des mois, précisant ici que j'ai pu lire ce livre grâce à Sabrina qui m'a contacté pour bénéficier de l'envoi gratuit de ce livre en partenariat avec Alapage.
Je mets 3 liens vers Alapage : le premier vers Stefan Zweig, le second vers Alapage
et le troisième vers Les Grandes Vies
Joseph Fouché (1759 - 1820) "a trouvé peu d'amour auprès de ses contemporains et encore moins de justice auprès de la postérité" (Stefan Zweig).
De fait, cet homme a été un opportuniste calculateur, ce qui lui a permis de servir la République pendant la Révolution, à partir de 1793, puis le Directoire, le Consulat et l'empire sous l'"emprise" de Napoléon Bonaparte, qu'il a ainsi servi de longues années sans jamais avoir été réellement apprécié de Napoléon. Enfin, très brièvement, il servira la Monarchie de Louis XVIII.
Fouché a voté la mort du roi Louis XVI, a orchestré les massacres et la "destruction" de Lyon en novembre 1793, à titre de représailles suite à l'insurrection royaliste et fédéraliste. Il va ensuite "combattre" Robespierre à paris et en sortir vainqueur, se faisant l'un des instigateurs du 9 Thermidor an II (27 juillet 1794).
IFonché se voit contraint de se cahcer et de se faire oublier à Paris, vivant dans la misère avec sa famille, pour mieux ressurgir en 1799 et être nommé, grâce à Barras, ministre de la Police sous le Directoire.
Son habileté stratégique et ses réseaux de renseignements vont servir le futur empereur. Il va se faire nommer en 1809, duc d'Otrante et acquérir la plus grande fortune de France de l'époque.
Puissant, influant, intrigant, il aura fait peur à plus d'un. Seul Louis XVIII va réussir à l'évincer sous la pression des ultras alors qu'il fut l'un des artisans de la restauration du roi, en 1815, le faisant ambassadeur à Dresde avant de partir en exil à Linz puis à Trieste où il va mourir bien oublié de ses contemporains en 1820.
Fouché et Talleyrand se sont détestés mais ont eu un destin très proche, ce que nous rappelle Stefan Zweig.
Stefan Zweig met son élégance de style littéraire au service de la Grande Histoire. Et même s'il a choisi un être plutôt vil, il sait rendre cette biographie passionnante, bien rhymée et jamais ennuyeuse.
C'est là sa première vraie grande biographie et c'est une réussite complète.
La deuxième biographie de ce recueil est celle de Marie Antoinette que j'aurai le plaisir de vous présenter dans quelques semaines.
Dminique Bona, dans sa belle biographie de Stefan Zweig, dont j'ai parlé sur ce blog, écrit pour ce "Fouché " :
"Quel homme mieux que Fouché pouvait offrir à un écrivain tableau plus riche en couleurs et en péripéties où le cynisme ne le cède qu'à l'égoîsme, la ruse à l'opportunisme", sous couvert de raison d'état".
Zweig brosse un portrait psychologique plus qu'historique. Il ne s'attarde pas aux détails, s'attachant à éclairer les choix successifs, antagonistes de fouché. Il veut comprendre l'homme, débusquer sa logique.
Alors, si vous aimez "l'Histoire vivante" vue par un immense écrivain, vous devez lire ce livre.
Pour les puristes de l'histoire, ne pas oublier que Jean Tulard, grand spécialiste de Napoléon, a écrit une biographie de Fouché :
Bonnes lectures, et encore merci à ALAPAGE qui m'a permis de lire ce livre de Zweig...
Et à suivre donc...
Denis