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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 16:36
Redburn ou sa première croisière d'Herman Melville (Gallimard)

Redburn ou sa première croisière d'Herman Melville

(Gallimard - Du monde entier - 390 pages - édition de 1976)

traduit de l'anglais (USA) par Armel Guerne

Préface de Pierre Mac Orlan (1951)

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N'oublions pas le long sous-titre qui résume l'objet du roman : "Confessions et souvenirs d'un fils de famille engagé comme mousse dans la marine marchande américaine".

Et cette édition reprend la préface de Pierre Mac Orlan qui rappelle l'intérêt de Melville pour la mer et Redburn tient beaucoup de sa propre expérience.

Le conseil de Mac Orlan à la fin de sa préface devrait donner envie à chacun de lire cet auteur américain : "Herman Melville est un homme extraordinaire, armé jusqu'aux dents par ses expériences avant d'entrer dans les étranges paysages de sa fantaisie toujours généreuse. On ne saurait trop conseiller à ceux qui veulent le suivre dans ces paysages incomparables de faire attention. Dans les Edens d'Herman Merville, il ne faut pas nécessairement prendre les fleurs pour des fleurs, les fruits pour des fruits ; mail il faut demander au concierge du livre la clé pour visiter à l'intérieur. Et ce serviteur n'est pas tout à fait de ce monde".

Redburn raconte "sa première croisière" dans ce roman. Alors, tout de suite, en suivant les conseils de Mac Orlan, il faut "un décodage" pour comprendre le sens de cette histoire.

Dans l'esprit de beaucoup, la croisière est une aventure heureuse à bord d'un navire. Et bien là, il valait mieux ne pas prendre son billet pour monter à bord du "Highlander" mené d'une main de fer par le Capitaine Riga.

Redburn, bien jeune et bien naïf, a vu une annonce dans un journal. Peu après il arrive à New York et par l'entremise d'un ami de son frère, il se fait engager comme mousse à bord du navir, direction Liverpool.

Mais en ces années (le voyage de Melville qui a inspiré ce roman est de 1839), la navigation est rude et longue. Et les rêves de Redburn sont vite remis à plus tard, car personne ne se fait de cadeaux à bord du navire ettrès vite il devient un des bouc-émissaires à bord. Il n'est pas de ce monde, c'est évident et ses allures, sa façon d'être et de parler n'a rien à voir avec ces hommes rustres, brutaux, mal polis qui sont ses "compagnons" de voyage. Il est mousse, donc au bas de l'échelle, et personne ne le respecte en tant qu'être. Il est corvéable à merci et n'a pas droit au chapitre.

Page 50 : "Et ce sont là les hommes, pensais-je par devers moi, avec qui il me faut vivre ; les hommes avec qui je vais partager tout le temps la nourriture et le sommeil ! En outre, je commençais à me rendre compte qu'ils ne se montraient pas très aimables avec moi."

Le Highlander transporte des marchandises mais a également à bord des passagers. Redburn explique dans le détail cette traverse faisant de très beaux portraits des marins et des passagers et racontant par le menu le travail et la vie à bord.

La traversée est longue mais Liverpool finit par se montrer au loin au terme d'une trentaine de jours!!! Et là encore, c'est une déception pour Redburn :

Page 162 :" Bien sûr, je ne m'imaginais tout de même pas que chaque immeuble de Liverpool serait la tour penchée de Pise ou la cathédrale de Strasbourg, non! mais je dois avouer, malgré tout, que ces affreux édifices furent pour moi une triste et très amère déception".

Beaucoup d'humour chez Redburn qui continue à aller de déception en déception ! Et quand il va aller se promener dans Liverpool avec son vieux "guide touristique" qui l'avait tant fait rêver, il ne retrouve rien des descriptions des lieux. Tout est devenu laid et la longue escale va être aussi une longue période de désillusions. Heureusement, il va rencontrer Harry Bolton, un ancien riche londonien déchu. Il croit trouver en son ami un allié de son "rang" qui va l'aider à mieux supporter ce séjour. Mais, là aussi, il va être déçu, notamment quand Harry l'emmène à Londres.

Au lieu de visiter la capitale et s'extasier devant ses monuments mythiques, il va rester juste une nuit dans une chambre et repartir le matin avec un Harry survolté, encore plus ruiné qu'avant d'arriver à Londres. Il décide alors de s'engager à bord du Highlander pour aller à la conquête de l'Amérique. Ce sera là la seule bonne nouvelle que son ami lui aura annoncé.

Et arrive le temps du retour vers New York, et cette fois contre "vents et tempêtes" ce qui rend le voyage périlleux, long et laborieux.

Harry apprend à son tour ce qu'est la vie difficile d'un mousse à bord.

Page 315 : "Oh ! comme ils t'ont fait la chasse, Harry, mon beau zèbre ! nos barbares de l'océan, nos insensibles, nos grossiers matelots ! Comme ils t'ont pourchassé du beaupré au grand mât, et traqué dans toutes tes retraites !"

Et puis, dans ce sens Liverpool - New York, ily a de nombreux émigrants, entassés pour les plus pauvres dans les cales. Et la nourriture va manquer du fait des retards occasionnés par le "gros temps". Malades, atteints par les fièvres, beaucoup meurent et sont jeter à la mer.

New York sera le port de la séparation des deux amis et la fin de cette "croisière" de l'enfer devrions-nous dire!!

Je n'ai pas peur de dire que ce livre est un CHEF D'OEUVRE absolu. Les descriptions, les portraits, les événements... tout est génial dans ce livre où le tragique cotoie l'humour car Redburn a une âme de naïf éclairé qui veut croire qu'il y aura du mieux à un moment ou à un autre.

A lire sans hésitation, comme quoi la littérature américaine a de grands auteurs depuis très longtemps !!!

Pour rappel, Herman Melville est né en 1819 près de Manhattan et mort en 1891 à New York, oublié de presque tous et redécouvert au 20e siècle notamment avec "Moby Dick" mais n'oublions pas ces autres oeuvres dont ce magnifique "Redburn".

Bonne lecture,

Denis

Livre lu notamment dans le cadre du "challenge de littérture américaine"  dont on peut suivre le "fil" sur facebook.

Les billets des blogs sont à déposer ici :

http://plaisirsacultiver.wordpress.com/2014/09/02/billet-recapitulatif-du-mois-americain-2014/

Redburn ou sa première croisière d'Herman Melville (Gallimard)

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commentaires

V
Chef d'œuvre absolu ? Et avec de l'humour ? <br /> Encore un livre à rajouter sur ma LAL (en plus il est dispo à la bibli :-)<br /> Bonne soirée Denis
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D
L'humour vient surtout de la naïveté rêveuse de Redburn. J'ai vraiment aimé ce livre si bien écrit.

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