Dans le cadre des lundis philo de Heide
Voici ma 17e collaboration avec une lecture commune, celle de ce livre :
L'ordre libertaire : La vie philosophique d'Albert Camus par Michel Onfray
(J'ai lu - 800 pages - 1ère édition 2012)
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Plus de 700 pages pour retracer le parcours philosophique d'Albert Camus, c'est dire que Michel Onfray prend le temps d'explorer l'oeuvre au regard de la vie de l'auteur. 10 grands chapitres autour de sa vie partagée en deux pôles géographiques : "le royaume méditerranéen", "l'exil européen".
En effet, né en Algérie où était installée sa famille, il partira plus tard en France.
Sa mère va rester à Alger même pendant la guerre d'Algérie, ce qui fera que Camus aura toujours cette patrie en lui, plus sans doute que sa vie parisienne notamment.
Onfray insiste d'ailleurs très souvent pour dire que Camus n'était pas admis dans ce monde germanopratin, car non bourgeois, fils de pauvre, presque "inculte" à leurs yeux. Sartre et Beauvoir sont bien sûr essentiellement visés.
Il faut tout de suite dire que Michel Onfray insiste longuement, voire lourdement, sur certains aspects qui sont plutôt du Onfray que du Camus : son amour pour Nietzsche, sa détestation de Freud, de Sartre et des sartriens de tout poil, son hédonisme et sa préférence libertaire.
Alors, oui, Camus libertaire, cela a été dit par d'autres et Onfray confirme par des textes, des allusions que Camus est plutôt libertaire.
Le libertaire veut la "liberté absolue" : ni Dieu, ni maître.
En ce sens, Albert Camus a prôné la liberté dans toute son oeuvre. Il ne s'est pas inscrit dans une pensée de son temps. Plutôt qu'existentialiste à la Sartre, il a été un "existentiel". J'ai trouvé cette notion d''existentiel" très pertinente chez Michel Onfray.
Et ce qui m'a étonné, car je n'en avais pas connaissance, Jean Grenier, son professeur de philosophie a été pétainiste et antisémite, tout le contraire de Camus. Et pourtant, ils ont vécu une longue amitié et Camus lui a été reconnaissant de l'avoir conduit vers la philosophie.
Camus, pauvre, orphelin de père à 1 an, mère illettrée, va avoir des dispositions aux études et à la lecture, grâce à un oncle boucher qui avait une bibliothèque, grâce à son instituteur M. Germain, à qui il dédiera son prix Nobel... Tout ce parcours est rappelé par Michel Onfray, sans oublier la tuberculose qui va orienter une partie de sa vie.
Philosophe plus qu'écrivain, semble dire Onfray car il analyse avant tout les écrits philosophiques. C'est l'objet du livre, dirons-nous.
Résumer plus de 700 pages est impossible. Il faut féliciter l'éditeur pour avoir mis un index des noms propres et un index thématique.
Les connaisseurs d'Albert Camus seront sans doute déçu de ce livre, trop long, pas assez concis pour aller à l'essentiel. Pour les autres, c'est une bonne introduction pour voir les grands axes de la vie et de la pensée d'Albert Camus.
Le mois prochain, pour les lundis philo, ce sera une réflexion autour du temps.
Bonne lecture,
Denis