Le jeu de l'amour et du vent d'Arthur Schnitzler
(Actes Sud - Papiers - 77 pages - octobre 2005)
Traduit de l'allemand (Autriche) par Henri Christophe
Titre original : Im Spiel der Sommerlüfte (1928)
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On a peu d'informations sur cette pièce d'Arthur Schnitzler éditée par Actes Sud dans sa très intéressante collection de théâtre "Papiers", si ce n'est qu'elle est la dernière pièce achevée de l'auteur parue en 1928. Une petite vingtaine de pièces de l'auteur ont été publiées dans cette collection. La dramaturgie a pris une grande place dans son oeuvre surtout connue pour deux oeuvres : "Vienne au crépuscule" et "Mademoiselle Else". L'auteur a été considéré comme le chef de fil de la "Jeune Vienne", groupe d'écrivains dont font partie Stefan Zweig et Hugo Von Hofmannsthal.
L'action se passe sur 24 heures à Kirchau, un bourg en Basse-Autriche, à la fin du XIXe siècle.
Le titre fait bien sûr penser au "Jeu de l'amour et du hasard" de Marivaux et de fait on peut évoquer le marivaudage en la personne de la jeune héroïne Augusta Pflegner pas très fixée sur ses intentions amoureuses.
Augusta est la nièce du sculpteur Vincent Friedlein. Elle est amoureuse de Felix étudiant en médecine. Elle croise le frère de l'abbé, Robert, militaire, qui a entendu Augusta répéter Roméo et Juliette avec son cousin Édouard. Il lui dit être impatient de la voir jouer sur scène.
Augusta apprend qu'elle est engagée au théâtre d'Innsbruck. C'est le moment où Édouard lui dit qu'il voudrait aussi être acteur et suivre sa cousine au point d'arrêter ses études à l'insu de sa famille. Elle dit qu'il est hors de question qu'il aille à Innsbruck alors qu'il est encore mineur et lycéen. Elle parlera dans quelques mois de sa passion du théâtre à ses parents s'il fait des progrès entretemps.
L'abbé arrive bouleversé et rencontre Josépha la femme du sculpteur. Il lui lit la lettre que son frère a écrite et qu'il aurait dû recevoir le lendemain sans doute après qu'il aurait été tué dans un duel. Que faire? Attendre ou aller à sa rencontre à Vienne sans savoir où il loge. II croit pouvoir au moins le sauver par ses prières car l'abbé pense qu'il est venu ici aujourd'hui pour recevoir des paroles fortes de son frère comme pour une rédemption future.
Le lendemain matin :
Au matin Augusta et Édouard rentrent amoureux après une nuit d'amour. Il lui dit qu'elle doit rompre avec le médecin. Josépha les surprend à leur arrivée et comprend vite la situation. Ils disent avoir dû passer la nuit au refuge à cause de l'orage. Ensuite arrive l'abbé. Il dit à Josépha avoir apprécié leur conversation de la veille.
Felix arrive furieux d'avoir appris par le journal qu'Augusta allait à Innsbruck loin de lui sans avoir eu le courage de lui dire. Elle lui répond qu'elle ne peut plus lui accorder que de l'amitié.
Le frère de l'abbé est vivant et lui aussi est muté à Innsbruck !
Badinage, mais aussi pensées philosophiques autour de la mort, de la religion émaillent cette pièce qui se lit avec beaucoup d'intérêt par la grande intelligence de l'auteur à nous faire partager ces 24 heures où finalement pas mal de choses vont se passer. Des instants "clés". Des tensions aussi entre personnages. Tout ce qui fait le sel d'un "théâtre" que je placerais plutôt du côté de Tchekhov que de Marivaux, dans le ton.
A découvrir assurément.
Denis