Mermoz par Joseph Kessel (Folio - 436 pages)
Première édition - Gallimard 1938
Ami du navigateur, Joseph Kessel a écrit ce livre peu de temps après la mort de Jean Mermoz. Il retrace avec fidélité et avec ses propres souvenirs la vie trop brève de cet homme volontaire et inspiré, né en 1901 et disparu en 1936.
D’abord militaire, il se sent porté par cette aventure exceptionnelle qu’est l’aviation civile. L’aéropostale va l’embaucher et il va toujours essayer de se surpasser, infatigablement pour réduire les temps de transport et battre quelques records.
Il voit mourir nombre de ses amis, croise Saint Exupéry et se montre d’une telle fidélité en amitié qu’il est admiré de tous en Afrique, en Amérique du Sud et partout où il passe, devenant aussi très populaire en France, jusqu’au jour fatal où il disparait à bord de l’hydravion « Croix-du-Sud » au large des côtes de Dakar.
Plus de 400 pages passionnantes dans lesquelles Joseph Kessel montre bien la personnalité "percutante" de son ami. Jamais, il ne renonce. Cette vie est une belle leçon de courage dans l'entre-deux-guerres où toutes les folies sont permises.
Dont celle de la course effrênée pour que le courrier soit transporté très vite. Mermoz privilégie toujours le courrier, quoiqu'il arrive.
La vie est une constante aventure dans les airs, dans le désert ou les étendues des Andes où il faut tenter de dompter la montagne pour aller d'un lieu à un autre par la "route aérienne" la plus courte et la plus rapide. L'aviation est alors "une course en avant".
Kessel sait admirablement nous plonger dans cet "univers impitoyable" où toute erreur peut être fatale.
Page 324 : "...l'une des conditions du succès était de partir à la pleine lune... Mermoz, quand il avait le premier affronté régulièrement le ciel nocturne, s'était peu soucié de ces précautions. Il avait inventé pour son usage le vol sans visibilité et l'atterrissage à l'aveugle. Mais il l'avait fait pour le courrier qui n'admettait pas de délai".
Page 382 : "...Couzinet déclara : - Je ne veux pas d'autre pilote que Mermoz.
Une amitié magnifique était née, faite de compréhension et d'estime mutuelles. Comment pouvait-il en être autrement? Ces deux hommes avaient le même désintéressement, la même pureté, la même passion sacrée. Ils se complétaient pour une grande tâche."
Page 414 : "- Je ne sais comment vous expliquer cela, m'a déclaré un jour Coursault. Il y avait le grand Mermoz, Mermoz tout court, et il y avait Jean. Ils étaient différents et pourtant c'était la même chose et ça allait ensemble."
Travail de biographe, de journaliste et de compagnonnage, mené de main de maître par Kessel. C'est un beau livre d'amitié où l'homme reste au centre de la narration.
J'ai lu ce livre dans le cadre du mois Kessel que j'ai organisé dans le cadre du challenge 'Littérature francophone d'ailleurs". Je ferai un réapitulatif à la fin de ce mois des lectures autour de cet auteur passionnant.
Bonne lecture,
Denis