Défense de déposer des ordures.
Il a suffi de cette mention, en apparence anodine,
sur la palissade d'un chantier, pour qu'Antoine jette ses
clefs
dans une décharge et quitte femme et enfant.
Cet homme en décalage, au chômage volontaire
depuis quelque temps, se met en marche
pour un long périple à travers la France,
de Saint-Malo aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
Mais est-ce vraiment pour " aller voir la mer ",
qu'il prétend n'avoir jamais vue ?
De quoi a-t-il été témoin, dans son enfance,
qui l'amène à devoir purger sa mémoire,
lui, l'enfant d'origine indienne,
qui fut élevé par un couple étrange,
rescapé des camps de la mort.
Durant ce voyage à pied et dans le temps,
Antoine va faire des rencontres déterminantes,
qui le réconcilient peu à peu avec son passé et lui-même.
Il est rare qu'une femme parle aussi bien
de la détresse masculine.
Il est encore plus rare qu'une femme sache faire preuve
d'empathie face à un déserteur familial ,
en évitant soigneusement de porter un jugement.
Fabienne Juhel y parvient avec beaucoup
de justesse et sans complaisance.
Un équilibre instable dont elle se sort avec les honneurs.
Antoine quitte le domicile conjugual, mais on sent bien
qu'il le fait non pas comme un lâche, mais comme un naufragé
qui évite la noyade, lui l'enfant élevé
par un couple à l'histoire lourde et tragique.
Contrairement aux apparences, ce livre est porteur d'espoir,
le parcours d'Antoine est initiatique et le conduira
vers la lumière.
C'est un roman de libération auquel nous convie Fabienne Juhel.
Elle déploie, dans son quatrième roman,
toute la palette de ses talents : la noirceur,
l'humour,
la sensualité, et une réflexion singulière
sur la condition de l'homme, sa part de lumière et de
barbarie.
Son précédent roman, À l'angle du renard, a reçu
le prix Ouest-France/Etonnants voyageurs en 2009.
Elle vit en Bretagne.