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31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 15:56
La tour d'arsenic d'Anne B. Ragde (10/18)

CHALLENGE NORDIQUE :

Un pays : Norvège

Un auteur : Anne Birkefeldt Radge (née en 1957)

Un lieu : le roman se passe essentiellement au Danemark avec quelques incursions en Norvège

Un roman :

La tour d'Arsenic d'Anne Birkefeldt Radge ​(10/18 - 500 pages - janvier 2013)

Première édition France : Balland - 2011

Traduit du norvégien par Jean Renaud

Titre original : Arsenikktarnet (2001)

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J'ai lu ce livre dans le cadre du "challenge nordique" animé par Marjorie Littérature, et en lecture commune avec Marjorie.

Notre méthode : faire un point en message privé sur facebook à la fin de chacune des parties du roman, ce qui a permis de discuter ensemble de notre ressenti. Il a généralement été très proche pour chacune des parties. Donc pas de "disputes" au sens noble du terme, mais plutôt du consensus entre nous, ce qui est assez exceptionnel mais qui montre à quel point nous avons eu un regard "commun" sur ces drôles de personnages, pas si drôles que cela à vrai dire.

1ere partie

Therese (sans accent) apprend par sa mère, Ruby,  au téléphone que sa grand-mère, Amalie (dite Malie) est morte. Elle ne comprend pas que sa mère lui annonce cette nouvelle en riant. Certes il y aura un héritage ! Mais quand même !

Avec son jeune fils Stian elle part pour le Danemark où vivait sa grand-mère. Ruby les accompagne. Ce sont alors les retrouvailles familiales. Tout le monde rit aussi ici, les tantes, les oncles.

Tous les tableaux ont des étiquettes avec les héritiers. Mais ils sont presque tous morts. Therese hérite d'une photo dite "érotique" car on y voit une femme nue.

La grand-mère buvait et semblait avoir pas mal d'amants. Therese se rappelle de bons moments comme les soirées télé mais sa mère était toujours en conflit avec sa mère.

Therese a volé quelques souvenirs dans la maison avant d'hériter officiellement d'un manteau !

Ib est héritier avec Ruby des biens de leur mère et ils se partagent la porcelaine peinte à l'époque par leur père.

A titre d'exemple, voici comment chacun de nous deux a ressenti ce début de roman, inscrit dans le "présent"

Denis : Manifestement on a affaire à un femme de "fous". Joie de la fille pour annoncer à sa fille que la grand mère est morte. Vive l'héritage. Un grand-père "invisible" avant de mourir. Et encore un faux grand-père puisque l'on annonce qu'il n'a pas été le père de la mère de Therese. J'utilise justement ces mère, père, grand-père dans l'esprit de l'auteure car j'ai trouvé que par moment on ne sait plus trop qui est qui, qui parle ou pense ! L'auteur brouille les cartes. On a compris que la mère de Therese n'aimait pas sa mère avec des conflits perpétuels. Par contre Therese l'a beaucoup aimée et tous les bons souvenirs remontent à la surface. Ib et sa sœur sont là pour s'emparer de ce qui peut l'être et c'est amusant de voir que Therese reste très calme par rapport à tout ce qui se dit et dans son coin tranquillement elle récupère des objets sentimentaux (c'est là la différence avec la cupidité des autres qui ne pensent qu'à l'argent, elle, elle est du côté des souvenirs, des sentiments). Un drôle de début de roman tout de même, non fluide, un peu comme du jazz syncopé, où les rythmes sont continuellement rompus. Qu'en penses-tu de ton côté?

Marjorie : Ca pour être une famille de fous, on a une belle brochette ! Ca m'a choquée cette franche rigolade à l'annonce de la mort de la grand-mère. Surtout que cela ne dure pas quelques secondes, mais tout au long du "partage" des biens, on a affaire à de l'absurde, comme une comédie humaine déjantée. A côté de ça, il y a Therese, qui aimait vraiment et profondément sa grand-mère. Ce lien (ou du moins une partie) se retrouve dans la relation de Ruby (mère de Thérèse) et de Stian le petit de Thérèse. Comme si le lien sautait une génération. Ce qui saute aussi une génération apparemment, c'est cette attitude "légère" face aux hommes. Ruby reproche à sa mère Malie d'avoir été une femme qui aimait trop les hommes. Ruby lui en garde une haine tenace, et reporte cette haine sur Therese, qui ressemble à sa grand-mère (plusieurs hommes dans sa vie) sur ce point. Effectivement, Ruby et Ib sont obsédés par l'argent et la joie de piétiner ce qu'il reste de leur mère, de leur famille, de leur passé. La transmission familiale ne se fait pas ou du moins pas comme on pourrait s'y attendre. Seule Therese qui a de l'affection pour Malie garde la tête froide (trop?). J'avoue que son calme m'a étonnée, face à la méchanceté de sa mère et de son oncle. Quant à sa tante par alliance, Lotte, comme rapia obsédée par l'héritage... L'auteur en cela a bien retransmis ce qu'il se passe malheureusement souvent dans la vie réelle. Mais c'est quand même exacerbé. J'ai noté aussi que Malie occupait tout l'espace. Son mari et sa fille étaient encombrants pour elle. Ce qui ne favorise pas la bonne entente familiale. Côté style, l'écriture est assez fluide, et les courts chapitres agréables, même si, comme toi, j'ai trouvé que le rythme en devenait parfois saccadé. Comme tu le dis, un roman qui ne laisse pas indifférent.

Vous pouvez constater du grand intérêt de notre dialogue car à chaque partie il y a eu ainsi quelques retours pour compléter nos pensées etc... un vrai travail de fond extrêmement stimulant pour faire autant que faire se peut une lecture "attentive et intelligente" du roman.

2e partie (nous a paru moins convaincante)

Retour en arrière : Ruby est enfant martyre de sa mère. Ib est bébé et Malie lui porte plus d'attention qu'à elle. Elle a pour amie Anna, une enfant juive. Soren un bébé voisin meurt de la tuberculose. Une partie de la famille est hébergée chez Ruby et ils font la fête la veille de l'enterrement. Décidément, une coutume familiale !!

Une nuit Ruby entend parler d'un Rudolf mort que Malie a aimé et Marie dit regretter d'avoir cette vie de femme au foyer.

Et puis les allemands envahissent le Danemark. Elle part chez oncle Dreas et tante Oda car Malie a besoin des "respirer" ne supportant plus Ruby. Quand elle revient chez elle un dimanche Anna lui dit que les allemands sont gentils avec les enfants. Mais quand Ruby  parle d'un homme mort en 1936, sa mère la frappe violemment.

La cohabitation avec les allemands se passe plutôt bien pour la famille.

Mais Ruby n'aime plus les allemands quand elle apprend qu'ils persécutent les juifs au point qu'Anna a dû fuir en Suède. Ruby avait douze ans à la libération mais Anna ne revint pas et la maison fut achetée par une nouvelle famille.

Malgré les coups subis venus de sa mère Ruby décide de ne plus jamais pleurer. Sa mère lui avoue que Mogens n'est pas son père et plus que jamais elle veut redevenir comédienne.

Les années passent et elle est placée pendant deux ans dans un pensionnat où elle ne se plaît pas du tout.

A 18 ans elle se fait embaucher comme téléphoniste, rencontre Havard un entrepreneur norvégien et se marie avec lui à Oslo où elle est venue s'installer. Elle rencontre la mère le jour de son mariage et voit une photo du père en nazi. Aussitôt elle fuit puis demande le divorce qu'elle obtient et accouche d'une fille qui sera prénommée Therese. Havard s'est engagé à subvenir à leurs besoins.

3e partie (convaincante)

Mogens est venu en vacances à. Modum, Norvège voir l'usine en démolition qui fabriquait le bleu cobalt qu'il utilisait pour peindre les assiettes en porcelaine de la manufacture. C'est là qu'il y avait la tour d' arsenic, ce poison utilisé dans le processus de fabrication du bleu. Sivert un ancien ouvrier lui dit que son frère est mort à cause de l'arsenic à force de nettoyer les parois de la tour. Mogens est logé chez la veuve Sofie. Il fait des dessins qui pourront servir pour de nouveaux modèles autour de cette usine.

Malie a fait l'amour avec un  allemand (autrichien) Rudolf après qu'il ait assisté à la première d'un nouveau spectacle qui a enchanté le public. Elle rêve à présent d'obtenir le rôle de l'ange bleu pour le théâtre.

De retour chez lui, Mogens decide de quitter Anne-Gine et de se consacrer pendant ses temps libres à la conception de ses modèles d'assiette basés sur ses dessins de l'usine norvégienne. Il va lui falloir du temps pour finaliser trois modèles et rendre réaliste la chute d'eau ou les personnages. Mais il finit par y arriver et ose croire qu'il aura droit à une certaine gloire.

Malie doit coucher avec le producteur du spectacle si elle veut espérer avoir le rôle de Lola. Mais elle a couché avec Rudolf dont elle est éperdument amoureuse. Il lui a promis de l'emmener à Berlin où aura lieu sa prochaine exposition.

Mogens montre à son patron M. Poulsen son projet d'assiettes qui ne semble pas attirer son attention particulière. De dépit il va avec son frère Frode à l'auberge rouge et y voit la belle Malie pleurer après son spectacle. Il tombe aussitôt sous le charme.

Malie triomphe dans l'ange bleu mais Rudolf est parti sans laisser d'adresse. Elle se rend compte qu'elle est enceinte mais trop tard pour avorter. Et il y a ces fleurs livrées chaque soir avec un mot signé Mogens C.T. Cet homme est une aubaine et il accepte de se marier avec elle.

4e partie (moins convaincante)

Christina accouche d'un cinquième garçon en 1900. Mogens est frêle et souvent malade mais il s'accroche à sa mère comme à une bouée. Assurément il est différent des autres ce que confirme le père, pasteur.

C'est son père qui lui apprend à écrire, lire et étudier la bible en latin et en grec.

Petit Carl puis sa mère vont mourir. Il va connaître les premiers émois amoureux avec Jakobine. A quatorze ans il se sent armé pour partir pour Copenhague suivre ses études en toute autonomie.

5e partie (étonnante !)

Malie a treize ans et reçoit la visite de son père Alfred l'aubergiste dans son lit la nuit. Mais il arrête dès que la mère, Agnès, lui apprend qu'elle a des règles à présent. Malie rêve alors de Lars le jeune postillon. Alfred s'est discrètement enrichi avec le marché noir fait pendant la grande guerre.

Malie se rend compte qu'elle aime les hommes. Elle accompagne quelque temps son père quand il va au bordel et envie ces filles qui se font payer pour donner du sexe.

Un père et ses trois fils arrivent à l'auberge et y donnent un spectacle qui plait fort à tous. Malia a repéré Ruben et ils tombent amoureux l'un de l'autre. Ils restent deux semaines  et quand ils partent elle les accompagne à l'insu de ses parents. Ils lui apprennent des rôles et la diction à avoir pour dire les textes au théâtre.

Malie est enceinte et se fait avorter dès les premiers symptômes de sa grossesse. Puis son bonheur est brisé quand Ruben tombe dans un coma diabétique et meurt peu après. Elle reprend sa liberté et va s'adresser à l'auberge rouge où elle se présente comme comédienne.

6e partie

Retour au présent et à l'enterrement de Malie. Toutes les blessures de Ruby ne sont pas refermées.

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Chaque début de partie nous apporte quelques surprises car nous ne savons pas qui sera le protagoniste et à quelle époque de sa vie.

En résumé :

- première et dernière partie :le présent

- deuxième partie : jeunesse de Ruby, la fille de Mogens et Malie 

- troisième partie : Malie et Mogens dans leur vie adulte jusqu'à leur rencontre

- quatrième partie : Jeunesse de Mogens

- cinquième partie ; Jeunesse de Malie

Le livre remonte le temps ce qui enlève par ailleurs tout suspens quant à leur destinée puisque la partie précédente a déjà donné la réponse.

Un roman hybride en plusieurs tonalités avec des parties plus ou moins pertinentes comme la jeunesse de Ruby autour de cette seconde guerre mondiale où l'histoire de la fillette juive était prévisible ou la jeunesse de Mogens entre bible et latin ! Les personnages ne sont en aucun cas attachants.

Je lirai sans doute un autre roman d'Anne B. Ragde (sans urgence) pour en savoir plus sur son travail littéraire car ici je suis resté sur un "entre deux" !

Merci à Marjorie pour sa lecture attentive et je vous renvoie vers son propre compte rendu du roman.

Bonne lecture

Denis

 

La tour d'arsenic d'Anne B. Ragde (10/18)
La tour d'arsenic d'Anne B. Ragde (10/18)

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commentaires

M
Je trouve que nos articles se complètent, c'est super ! :D Les personnages ne sont pas très amicaux, c'est le moins qu'on puisse dire ! Dommage que l'auteur ait usé de clichés (la petite fille pendant la Guerre). Quant à la jeunesse de Malie, comment l'accepter !
Répondre
D
Tu as pleinement raison Marjorie. L'inceste formateur c'est du vice impardonnable. Les aspects historiques sont des clichés plaqués sur l'histoire sans apporter rien de grand aux personnages. Un livre presque"nuance de gris" !!
L
Il a l'air assez hors normes ce livre même si les personnages semblent peu attachants...<br /> A découvrir et merci pour ton avis.
Répondre
D
C'est clair que l'on a du mal à avoir de l'empathie pour les personnages. Mogens sauve un peu la mise et Therese est trop peu présente puisque narratrice du passé familial pour qu'on l'apprécie.

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