2 juin 2010
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17:10

Paris
Où fait-il
bon même au coeur de l’orage
Où fait-il clair même au coeur de la nuit
L’air est alcool et le malheur courage
Carreaux cassés l’espoir encore y luit
Et les chansons montent des murs détruits
Jamais
éteint renaissant de la braise
Perpétuel brûlot de la patrie
Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise
Ce doux rosier au mois d’août refleuri
Gens de partout c’est le sang de Paris
Rien n’a
l’éclat de Paris dans la poudre
Rien n’est si pur que son front d’insurgé
Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers
Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai
Rien ne m’a
fait jamais battre le coeur
Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer
Comme ce cri de mon peuple vainqueur
Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré
Paris Paris soi-même libéré
Louis
Aragon, 1944

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1 juin 2010
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Roses de juin, vous les plus belles
Roses de juin, vous les plus belles,
Avec vos coeurs de soleil transpercés ;
Roses violentes et tranquilles, et telles
Qu’un vol léger d’oiseaux sur les branches posés ;
Roses de Juin et de Juillet, droites et neuves,
Bouches, baisers qui tout à coup s’émeuvent
Ou s’apaisent, au va-et-vient du vent,
Caresse d’ombre et d’or, sur le jardin mouvant ;
Roses d’ardeur muette et de volonté douce,
Roses de volupté en vos gaines de mousse,
Vous qui passez les jours du plein été
A vous aimer, dans la clarté ;
Roses vives, fraîches, magnifiques, toutes nos roses
Oh ! que pareils à vous nos multiples désirs,
Dans la chère fatigue ou le tremblant plaisir
S’entr’aiment, s’exaltent et se reposent !
Émile Verhaeren, Les Heures d’après-midi
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31 mai 2010
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Les fleurs du mal - humour
Que faites - vous des fleurs de Mr Baudelaire
Les portez-vous au bout du fusil
Ou à la boutonnière
Peut-être préférez - vous une fleur de misère
Rose - Marie les préfère de toutes les couleurs
Roses oh merveilleux butin
Au charme sans pareil
Nana préfère les roses blanches de Corfou
Mr Beaucaire aime les roses rouges
Qui viennent de Picardie
Allez Mr Baudelaire où est le mal
De ces fleurs j'en fais un bouquet
Pour vous l'offrir Mesdames
Et soyez sans crainte
Il n'y aura aucun mal à les recevoir
N'en déplaise à Mr Baudelaire
Michel FROSTIN
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28 mai 2010
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( Photo internet )
La Mer
Toi mon rocher,
Celui sur qui je viens me déferler
Celui que jour après jour, j’ai modelé
Dans cette sauvage immensité
Par mes va et vient incessants
Chaque jour de plus en plus caressant
Je m’accroche à toi tel un amant
Auquel je reviens inlassablement
À l’abri des regards indiscrets
Depuis l’aube des temps tu es mien
Chaque soir avec la marée je reviens
Faire ma couche entre tes reins
Fusion de deux puissances
Attirer l’une vers l’autre depuis la naissance
Toi terre et moi mer, union parfaite des sens
Accouchant de nos fruits comme d’une récompense
À l’aube des temps, il y eu des amants
Ces légendes de mer qui ont résisté à l’usure du temps
Ces histoires enchantés que découvrent les enfants
Pour qu’à leur tour, ils les transmettent inlassablement
AUTEUR
INCONNU
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16 mai 2010
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Dimanche
Charlotte
fait de la compote
Bertrand
suce des harengs
Cunégonde
se teint en blonde
Epaminondas
cire ses godasses
Thérèse
souffle sur la braise
Léon
peint des potirons
Brigitte
s'agite, s'agite
Adhémar
dit qu'il en a marre
La
pendule
fabrique des virgules
Et moi dans tout cha ?
Et moi dans tout cha ?
Moi, ze
ne bouze pas
Sur ma langue z'ai un chat
René de
Obaldia
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15 mai 2010
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Mon
stylo
Si mon stylo était magique,
Avec des mots en herbe,
J’écrirais des poèmes superbes,
Avec des mots en cage,
J’écrirais des poèmes sauvages.
Si mon stylo était artiste,
Avec les mots les plus bêtes,
J’écrirais des poèmes en fête,
Avec des mots de tous les jours,
J’écrirais des poèmes d’amour.
Mais mon stylo est un farceur
Qui n’en fait qu’à sa tête,
Et mes poèmes, sur mon cœur,
Font des pirouettes.
Robert Gélis
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12 mai 2010
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Le papillon
Le papillon
qui s’éveille
Et sort de sa chrysalide
Aux rayons qui l’ensoleille
Chauffe ses ailes humides.
En les
déployant ses ailes
Brillent de teintes variées
Qui au soleil étincèlent
En ocelles colorées.
Puis
insouciant il volète
Visitant chaque corolle
Pour y butiner des miettes
De pollen dont il raffole.
Il inspecte
ainsi la flore
Arrive en valses légères
Au buddleia qu’il adore
Pour ses senteurs printanières.
En
voltigeant il explore
Chaque espèce florifère.
Heureusement il ignore
Sa destinée éphémère.
Robert
Calmels
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10 mai 2010
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Il y a des
mots
Il y a des mots, c’est pour les dire,
c’est pour les faire frire,
c’est pour rire.
Il y a des mots, c’est pour les chanter,
c’est pour rêver,
c’est pour les manger.
Il y a des mots, que l’on ramasse;
des mots qui passent,
des mots qui se cassent.
Il y a des mots pour le matin,
des mots métropolitains,
ou lointains.
Il y a des mots épais et noir,
des mots légers pour les histoires,
des mots à boire.
Il y a des mots pour toutes les choses,
pour les lèvres, pour les roses,
des mots pour les métamorphoses,
Si l’on ose...
Georges Jean
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8 mai 2010
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Les perles de
rosée
Si tu veux inventer un collier,
Tiens, voici comment procéder.
De bon matin, te réveiller,
Dans les rosiers, te promener.
Tu verras des perles de rosée,
Sur les roses elles sont accrochées.
Une bonne poignée tu cueilleras,
Dans une boîte tu les rangeras.
Un cheveu d'or pour les assembler,
Un tout petit nœud pas trop serré,
Ainsi tu auras un joli collier,
Aussi souple que celui d'une fée.
Gilbert Saint-Pré
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8 mai 2010
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07:00
Nuit de printemps
Le ciel est pur, la lune est sans
nuage :
Déjà la nuit au calice des fleurs
Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ;
Aucun zéphyr n'agite le feuillage.
Sous un berceau, tranquillement assis,
Où le lilas flotte et pend sur ma tête,
Je sens couler mes pensers rafraîchis
Dans les parfums que la nature apprête.
Des bois dont l'ombre, en ces prés blanchissants,
Avec lenteur se dessine et repose,
Deux rossignols, jaloux de leurs accents,
Vont tour à tour réveiller le printemps
Qui sommeillait sous ces touffes de rose.
Mélodieux, solitaire Ségrais,
Jusqu'à mon cœur vous portez votre paix !
Des prés aussi traversant le silence,
J'entends au loin, vers ce riant séjour,
La voix du chien qui gronde et veille autour
De l'humble toit qu'habite l'innocence.
Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds !
Parmi les cieux à l'aurore entrouverts,
Phébé n'a plus que des clartés mourantes,
Et le zéphyr, en rasant le verger,
De l'orient, avec un bruit léger,
Se vient poser sur ces tiges tremblantes.
François-René de Chateaubriand
(1768-1848)
("Tableaux de la
nature")
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