J'ai emprunté ce livre sur " L'amitié FLAUBERT - SAND
"
que j'ai trouvé très intéressant car on les découvre autrement
,
au travers de leur échange de correspondance.
Un livre que je conseille vivement aux passionné(e)s de Sand !
Lancosme éditeur - 2007 - 351 pages
Préfacé par Georges Buisson, actuel administrateur de la
maison
de George Sand à Nohant, ce livre publié en 2007
peut induire en erreur : il ne s’agit pas d’une biographie récente, mais plutôt
d’une réédition non augmentée d’une étude
parue chez SEDES en 1978 sous le même titre.
Cette réédition donne l’occasion de mesurer le chemin parcouru
depuis les travaux universitaires ayant marqué le centenaire
de la mort de George Sand en 1976 et de rendre hommage
à celles et ceux qui donnèrent une impulsion
aux études sandiennes.
À ce titre, Claude Tricotel fit œuvre de pionnier :
il compta parmi les premiers sandistes à avoir pris en compte
la production théâtrale de George Sand (dossier « Le théâtre de George Sand »,
Présence de George Sand, no 19, février 1984), ainsi que ses relations épistolaires avec Flaubert et Dumas fils (dossier « George Sand et Alexandre Dumas Fils », Présence
de George Sand, no 24, novembre 1985).
Il fraya aussi la voie à la textologie sandienne actuelle
en procurant les premières éditions critiques de
Jean de la Roche (Éd. de l’Aurore, 1988)
et de Malgrétout (Éd. de l’Aurore, 1992).
Replacé dans le contexte de la publication de la
Correspondance de George Sand éditée par Georges
Lubin
dans la collection des « Classiques Garnier » (1964-1991,
25 vol.) et de la réhabilitation de George Sand
au sein des premières associations sandiennes,
" Comme deux troubadours " eut le mérite en
1978
de poser les jalons de travaux ultérieurs sur la correspondance
de Flaubert et de George Sand : en particulier, une
édition
de référence publiée trois ans plus tard (Gustave Flaubert et George Sand,
Correspondance, éd. Alphonse Jacobs, Flammarion, 1981); la publication jusqu’en 1991
des derniers tomes de la Correspondance de George Sand
couvrant la période
de ses relations épistolaires avec Flaubert (1863-1876);
et les actes du Colloque international de Nohant
en septembre 1991 (Nicole Mozet [dir.], George Sand.
Une correspondance, Saint-Cyr-sur-Loire,
Christian Pirot éditeur, 1994).
Cet apport s’avère d’autant plus méritoire que les textes
« restitués », comme l’indique une note liminaire de
l’auteur,
et annotés par endroits dans un apparat critique infrapaginal, consistent, entre
autres, en des extraits jusqu’alors inédits
des agendas de George Sand conservés au Département
des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
L’agenda de 1870 avait déjà été transcrit (Annarosa Poli,
George Sand et les années terribles, Bologna,
Editore R. Pàtron, Paris, Librairie A.G. Nizet,
1975, p. 325-466),
mais les autres furent transcrits entièrement et annotés
seulement après la parution de
" Comme deux troubadours "
(George Sand, Agendas, éd. Anne Chevereau, Paris,
Jean Touzot, 1990-1993, 5 vol.)
Aussi ne faut-il pas chercher dans ce livre réédité sans aggiornamento de la part de
l’éditeur ce que les recherches
récentes sur la correspondance entre Flaubert et
George Sand ont révélé grâce aux éditions de référence
disponibles depuis 1978.
Tout en s’adressant au grand public,
comme le précise sans ambages l’auteur
dans sa note liminaire,
cette Histoire de l’amitié Flaubert ~ Sand
présente
un intérêt documentaire rigoureusement soutenu
qui la distingue de certaines publications circonstancielles
ayant marqué le bicentenaire de la naissance
de George Sand en 2004.
Comme telle, cette étude peut encore attirer l’attention des spécialistes actuels qui
y retrouveront non seulement le b.a.-ba
de l’histoire littéraire et des débats au cœur du XIXe
siècle,
mais aussi des détails factuels plus ou moins
négligés
jusqu’ici sur la production théâtrale respective de George Sand, Gustave
Flaubert et Louis Bouilhet
(La Conjuration d’Amboise, 1866), par exemple,
assujettie
à un ensemble de codes dont les études
dix-neuviémistes
actuelles ont commencé à prendre la mesure :
genres
(vaudeville, théâtre historique, féerie),
censure,
règles de fonctionnement des théâtres,
critique journalistique, etc.
Les titres que portent les parties et les chapitres du livre
indiquent les sujets traités par ordre chronologique
(les dîners Magny, Cadio, L’Autre, Aïssé, Le
Candidat,
Flamarande, Un cœur simple, etc.),
ce qui offre l’avantage de délimiter
quelques-uns des faits marquants dans l’histoire
des relations entre George Sand et Flaubert : entre autres,
la publication controversée de L’Éducation
sentimentale,
qui fit l’objet d’un article apologétique de la part
de George Sand,
la guerre franco-allemande, ou encore la lettre ouverte
de George Sand à Flaubert, Réponse à un ami,
publiée au lendemain de la Commune de Paris.
À ces jalons s’ajoutent des index des œuvres
et des auteurs cités qui donnent un riche aperçu
du milieu culturel des deux correspondants,
où les titres et les noms passés à la postérité furent
au départ inséparables de ce qui était d’actualité
dans la presse et à la scène au XIXe siècle.
Signalons enfin l’abondance et la diversité des illustrations,
dont des reproductions de manuscrits
et de photographies d’époque.
En somme, ce livre constitue un témoignage précieux
de l’évolution des études dix-neuviémistes et
possède les qualités requises
pour faire découvrir ou redécouvrir « le » siècle
de George Sand et de Flaubert à travers leur correspondance.
Dominique Laporte (University of Manitoba)