Le Club des Incorrigibles Optimistes de Jena-Michel Guenassia
(Le Livre de Poche - Août 2011 - 732 pages)
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J'avais entendu parler de ce livre à sa parution en 2009 et j'ai pu le lire dans le cadre du jury des lecteurs du Livre de Poche 2012.
Troisième livre de la sélection de mars 2012 avec :
- Charlotte Isabel Hansel de Tore Renberg
- Les bulles de Claire Castillon
Lire un gros livre de 732 pages plus deux autres en un mois est une gageure qu'il a fallu relever. Mais, quand la sélection est du mois est aussi riche de ces 3 livres, on ne se plaint pas. Qui remportera le "match" de ce mois? Ce sera difficile, je pense. Claire Castillon a beaucoup de charme et de finesse dans ses nouvelles, Tore Renberg m'a enthousiasmé par le style et le plaisir de lecture. Quant à Jean-Michel Guenassia, pour un premier roman, a été un texte jubilatoire.
Né en 1950, avocat puis scénariste, l'auteur a mis 6 ans pour écrire ce roman.
Le livre débute par l'enterrement de Jean-Paul Sartre en avril 1980. Michel, le narrateur, rencontre alors Pavel, qu'il n'a pas revu depuis de longues années. Les souvenirs de sa jeunesse, du temps du "club des incorrigibles optimistes", remontent alors et il entreprend de raconter les 5 annés d'octobre 1959 à juin 1964, pendant lesquelles il a été proche de ce cercle d'amis.
Jean-Paul Sartre et Joseph Kessel ont fait partie des fidèles qui venaient se joindre à cette "bande" d'expatriés de l'Europe de l'Est. Essentiellement d'URSS, mais aussi de Hongrie ou de Tchécoslovaquie comme Pavel.
Dans le même temps où Michel Marini raconte sa jeunesse (il avait 12 ans en 1959) défilent les événements du moment : la guerre d'Algérie à laquelle va participer son frère Franck et son ami Pierre, le frère de Cécile. Egalement la mort de Camus le 4 janvier 1960 (vous imaginez mon "émotion).
S'intercalent à ces souvenirs d'un adolescent assoiffé de lecture, au point de lire dans la rue, sur les bancs de l'école, la narration des "aventures" des membres du club des incorrigibles optimistes.
Ainsi, Igor, médecin en URSS, arrivé brutalement en France sans ses diplômes et obligé de devenir chauffeur de taxi; Tibor, le hongrois expatrié après l'invasion de son pays par l'armée russe; Leonid, le héros soviétique de la 2e guerre mondiale, pilote et qui a demandé l'asile politique...
Tous ces exilés "politiques" jouent au échec dans "l'arrière cour" d'un café de Denfert Rochereau où ils ont créé en 1956 le "club des incorrigibles optimistes". Michel y vient pour jouer au baby-foot et au contact de ce club, il se met aussi aux échecs.
Michel est devenu ami avec Cécile, la soeur de Pierre, amoureuse de Franck. Mais, les uns après les autres, vont s"éloigner de lui.
Camille, lectrice compulsive comme lui, entre dans sa vie par une "collision" entre eux dans la rue, absorbés chacun dans leur lecture. Premier amour d'adolescent...
Et enfin, il y a l'énigmatique Sacha, russe aussi, photographe. Il reconnait les talents de Michel et réussit à lui vendre quelques photos. Mais, Sacha est interdit de séjour au Club, on ne sait trop pourquoi...
Résumer 732 pages en quelques lignes relève du défi. Il ne faut pas oublier qu'il y a aussi du "suspens" dans ce roman autour de Franck, le rebelle, Sacha au passé incertain en URSS. Et les difficultés de la vie quotidienne pour Michel et sa famille.
A aucun moment l'ennui s'installe. Seul défaut, les vies parallèles qui se croisent de chapitre en chapitre...
Ce livre reste une belle découverte et une lecture passionnante...
Je l'inscris à cette occasion dans le challenge d'Anne (des mots et des notes) :
Bonne lecture,
Denis