Olive Kitteridge d'Elizabeth Strout
(Le livre de poche - mars 2012 - 403 pages)
Titre original : Olive Kitteridge
traduit de l'anglais (USA) par Pierre Brévignon
première édition originale 2008 et pour la France 2010
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Première lecture en avril pour le jury du prix du livre de poche 2012 auquel je participe avec beaucoup de plaisir.
Une nouvelle fois, j'ai été comblé par cette lecture.
Il s'agit là d'un livre passionnant, trè bien écrit, et vous savez combien je suis sensible au style des livres que je lis. J'aime la "littérature" plus que
les livres. Car lire doit procurer un plaisir de lecture, avec du style, des phrases et des personnages qui savent nous étonner, nous faire réfléchir...
Et ce livre a toutes ces qualités. Olive Kitteridge est le personnage principal. Mais pas que principal. Car il y a au total 13 chapitres qui présentent des
habitants de Crosby (Maine - USA).
Les Kitteridge forment un couple uni. Henry est pharmacien, Olive professeur de mathématiques et Christopher, leur fils, chouchouté par la
mère.
On voit les Kitteridge à plusieurs époques de leur vie (une trentaine d'années). Henry, pharmacien, a aidé Denise, son employée, jeune veuve à s'en sortir
et à se refaire une vie, Henry se montrant en "amoureux refoulé". Et puis, pendant sa retraite, tout bascule. Il est victime d'une "attaque" qui le rend dépendant. Il part dans une maison de
retraite et chaque jour Olive vient le voir. Pendant ce temps, Christopher fait sa vie, se marie à 2 reprises et à chaque fois il quitte la région, une fois pour la Californie et une autre fois
pour New York. Sa mère va aller le voir à N.Y. mais elle se brouille vite avec sa bruet a surtout envie de rentrer chez elle.
Voilà, en gros, la vie des Kitteridge. Mais, une foison d'autres personnages viennent "envahir" la vie d'Olive. Elle a connu tous ces enfants devenus
adultes, du fait de son métier.
Alors, défilent les "vies" de Kevin Coulson, futur médecin; d'Angela O'Meara, pianiste; Harmon, le quincailler, père de Kevin; Jane et Bob; Marline,
l'épicière, veuve; Julie et Winnie, les deux soeurs; Rebecca et enfin Jack Kennison, veuf comme Olive et qui se rapproche d'elle.
Car, au fil des ans, il y a de plus en plus de veufs et de gens seuls...
En résumé, un livre foisonnant, où les petits faits du quotidien d'une ville de province sont relatés avec délicatesse, d'autant qu'Olive essaie de
comprendre ses concitoyens. Elle aime les écouter, les observer...
Voyez le style tout en délicatesse, dès les premières phrases : "Pendant plusieurs années, Henry Kitteridge travailla comme pharmacien dans la ville
voisine, parcourant chaque matin les routes enneigées, ou les routes balayées par la pluie, ou les routes estivales, quand les nouvelles pousses de fraises sauvages surgissaient dans les ronces
avant l'embranchement menant à la pharmacie. Aujourd'hui, il est à la retraite mais il se réveille toujours de bonne heure et se rappelle comme il aimait les matins, quand le monde entier
semblait lui révéler, à lui suel, son secret".
Les dialogues, les descriptions... tout est fluide, intelligent.
Bref, un excellent 2e roman d'Elizabeth Strout, après "Amy et Isabelle".
"Olive Kitteridge" a reçu le prix Pulitzer et il l'a bien mérité.
Elizabeth Strout est née en 1956 à Portland dans le Maine, c'est dire qu'elle connait bien la région qu'elle décrit dans son roman.
Son premier roman "Amy et Isabelle" vient d'être réédité chez "Ecriture"
Il est certain que je lirai ce livre.
Merci encore au Livre de Poche de me faire découvrir de tels livres
Bonne lecture,
Denis