Monsieur Ho de Max Férandon
(Carnets Nord - Editions Montparnasse - 158 pages - janvier 2013)
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Voici un premier roman d'un français parti vivre au Québec en 1988. Le livre est paru en 2008 aux Editions Alto au Canada.
Max Férandon nous conduit dans la Chine contemporaine. Monsieur Ho, son personnage est chinois et mène une vie de fonctionnaire bien rangé à Pékin. Sa vie est très régulière selon un rituel bien établi. Wei Bei, son chauffeur, vient le chercher en voiture à 7h00, mais il préfère à chaque fois aller au bureau à pied. Ainsi, tous ses rituels devraient faire de Monsieur Ho un homme sans histoire. Et il se retrouve seul car sa fille Lin part étudier à Paris.
Et alors, sa vie change brutalement, car il est nommé commissaire au recensement. On lui donne comme moyen de transport un train, afin qu'il collecte les fiches des chinois au fur et à mesure de son voyage.
Le voici donc parti faire le tour de la Chine, plus ou moins surveillé par M. Xie Xun, du ministère de la sécurité publique.
Ce périple n'est pas sans soucis, car les chinois profitent de ce recensement pour interpeller Monsieur Ho et lui dire tout ce qui va mal en Chine. Les ouvriers, les paysans, les détenus font leurs doléances à Monsieur Ho, qui écoute patiemment ces "malheureux", malgré les remontrances de M. Xie Xun. N'oublions pas que la Chine n'est pas un pays démocratique.
Monsieur Ho se prend de liberté et après avoir écouté tous ces "opprimés", fait conduire le train dans les contrées les plus retirées du pays et échoue en "plein désert", sur une ligne de chemin de fer inutilisée depuis plus de 10 ans. Le chef de gare n'avait pas vu de train en effet depuis si longtemps, qu'il vit en ermite dans un coin perdu de la Chine du nord. Seule une française photographe et ce train à présent viennent bousculer la vie du paisible Jin Chuang.
Vous aurez compris que ce court roman de 150 pages est foisonnant, drôle, politique mais vu du côté "dérision". On a là un oeil neuf sur la Chine d'aujourd'hui, ses folies.
Un style qui sait prendre de belles envolées lyriques.
La première phrase du livre : "Le jour entrait dans une nuit à court d'arguments." Vous voyez déjà l'ambiance et le style du livre.
Page 27 : "C'était connu, Pékin cultivait l'ambiguïté, parfois de façon très grossière. Un recensement, certes, mais quel genre de recensement? Au fond, Ho savait bien que l'exercice de comptabilité démographique n'était qu'une façade généreusement exposée, un exercice important, mais en principe seulement. Sa mission visait essentiellement à rédiger selon les règles de l'art un rapport flou et précis à la fois".
On voit bien la "folie" et la démesure de la mission. Faire une fiche par chinois !!!
Bref, ce roman est un délice, car il faut se laisser porter par ce Monsieur, tellement sympathique et rebelle malgré son apparence du "bon chinois" discipliné, parfait fonctionnaire...
A découvrir absolument, un premier roman très prometteur.
Merci à Carnets Nord de m'avoir envoyé ce livre pour le lire et vous le faire connaitre.
Les éditions Alto ont également présenté ce livre lors de sa parution.
Carnets Nord a récemment publié un autre livre préalablement publié aux Editions Alto et que j'avais mis en "coup de coeur" : "La marche en forêt" de Catherine Leroux.
Bonne lecture,
Denis