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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 18:16

 

Les diaboliques de Jules-Amédée Barbey d'Aurevilly

 

J'ai relu ce livre de Barbey d'Aurevilly dans le cadre d'une lecture commune initiée par Laure du bog "Ma danse du monde" dans une version ancienne de 1963 présentée par Jacques-Henry Bornecque, parue aux éditions Garnier.

Ce livre a été déclaré "scandaleux" dès 1850 lorque le directeur de la revue des deux mondes refuse de publier "le dessous de cartes d'une partie de whist", la première en date des "six diaboliques", qui d'ailleurs auraient dû être plus que six. Le sous-titre est en effet "les six premières". Il devait y en avoir 10 au total.

Barbey d'Aurevilly écrit : "Les histoires sont vraies. Rien d'inventé. Tout vu. Tout touché du coude ou du doigt".

 

Alors, pour entrer dans ce monde infernal des "diaboliques", il faut s'imaginer être au 19e siècle, où l'on parle beaucoup dans les salons. Il faut y être bon orateur pour intéresser ce monde de la bourgeoisie et de l'aristocratie, quelle soit parisienne ou provinciale. On aime les "potains", les "histoires croustillantes" où l'honneur est mis à mal. Et il faut aimer le bavardage, les circonvolutions de langage... Un peu dandy aussi, à la manière de l'auteur :

 

 

 

Une fois que l'on s'est installé dans un fauteuil, au coin du feu ou non, on peut se laisser entraîner dans le monde infernal que nous propose l'auteur.

On commence avec "Le rideau cramoisi" : "Il y a terriblement d'années, je m'en allais chasser le gibier d'eau dans les marais de l'Ouest, et comme il n'y avait pas alors de chemins de fer dans le pays où il me fallait voyager, je prenais la diligence de *** qui passait à la patte d'oie du château de Ruel  et qui, pour le moment, n'avait dans son coupé qu'une seule personne". 

Le ton est donné, on monte avec le vicomte de Brassard en diligence et on l'écoute parler de cette histoire de rideau cramoisi, fidèle en son souvenir, du temps où il était soldat en garnison ici. Derrière cette fenêtre, il y avait une belle très jeune femme de 18 ans, Albertine. Très pudique sauf quand elle prenait sous la table la main du vicomte à l'insu de ses parents qui hébergeaient cet homme. Et plus encore, quelques mois plus tard, elle vint lui offrir son corps dans sa chambre, avant qu'un drame (que je tairai) ne se produise... Le vicomte en est encore ému bien des anées plus tard...

 

La deuxième histoire s'intitule "le plus bel amour de Don Juan". Ne pensez pas replonger dans l'histoire tant écrite de ce personnage libertin du 17e siècle... Non, on reste au 19e siècle et c'est le comte Ravila de Raviles qui passe pour un Don Juan auprès des dames des salons. Il a invité 12 de ses anciennes maîtresses et l'une d'elle lui demande en fin de soirée de leur raconter son "plus bel amour". Et alors il parle d'une fillette de 13 ans, dont il était amoureux de la mère. Et l'enfant s'est prise d'amour pour le comte... Quelle histoire non!!! quand à la chute elle est savoureuse car inattendue et loin de la pédophilie, rassurez-vous...

 

Quel titre diabolique pour la troisième histoire "Le bonheur dans le crime" !!! Et oui, comment trouver du bonheur dans une situation de meurtre. Seul Barbey semble pouvoir nous captiver avec de telles morbides aventures. Et alors, comment aimer en secret un homme? C'est dire que Hauteclaire Stassin et le comte de Savigny ont usé d'une astuce folle pour vivre leur amour sous le même toit sans que personne ne soupçonne leur idylle. Pour ce faire, il fallait que la belle Hauteclaire se fasse passer pour une servante auprès de la mère du comte. Et oui, mais un médecin peut être malain et être le seul à comprendre la supercherie car il connaissait la noble demoiselle dans les salons qu'il fréquentait autrefois...

 

Ces trois premières femmes sont-elles assez diaboliques à votre goût, au vu de ces présentations???

 

Non, sans doute, car il y en a trois autres encore... La comtesse du Tremblay et sa fille Herminie dans "les dessous de cartes d'une partie de whist", ou encore Rosalba dite la "pudica" (on croit rêver d'un tel nom pour une diabolique) dans "A un dîner d'athées" sans compter la duchesse de Sierra-Léone devenue par vengeance prostituée dans le Paris sordide d'avant Hausmann dans "la vengeance d'une femme".

La prose de Barbey d'Aurevilly est très imagée, riche aussi, avec de nombreuses références littéraires.

 

Exemple dans "Le bonheur dans le crime" (Page 161 de l'édition Garnier) : "Le comte et la comtesse de Savigny refont tous les jours, sans y penser, le magnifique chapitre de "L'amour dans le mariage" de Mme de Staël, ou les vers plus magnifiques encore du "Paradis perdu" dans Milton". 

 

Voltaire, Montaigne, Tacite, Goethe et d'autres encore sont invités à la table de l'auteur au travers des citations ou références dont il égrène son texte.

Alors, on aime ou non cette littérature, pour ma part, je m'y suis replongé avec plaisir, peut-être aussi par solidarité normande, avec Barbey que je cotoie depuis bientôt 40 ans. J'ai acheté régulièrement des études sur le personnage et l'oeuvre. Et pourtant ile st aux antipodes de ce que je suis : ni dandy, ni artiste, ni aristocrate comme lui. Mais je suis sous le charme du conteur...

 

Merci à Laure de m'avoir permis de revenir à cette oeuvre que j'avais lue en 1978... c'est dire mon compagnonnage avec ce "satanique" écrivain.

Bonne lecture,

Denis

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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 06:00

Après "Les impudents" de Marguerite Duras lu en décembre 2012,, "La vie tranquille" en février 2013, je poursuis la lecture de l'oeuvre de Marguerite Duras, avec son troisième roman publié en 1950 : "Un barrage contre le Pacifique".

Je le lis dans la prestigieuse collection "La pléiade"

 

Le livre est également disponible en Folio Gallimard

 

 

 

Avec ce troisième roman, paru 6 ans après le précédent, Marguerite Duras parle de sa jeunesse en Indochine. Il faut se rappeler que la guerre d'Indochine a alors commencé et MD veut témoigner du colonialisme au travers de cette oeuvre.

Ce sera ainsi le premier d'une longue série de textes qui parleront de ce passé "colonial" où la mère s'est ruinée pour une concession. Et elle va avoir l'idée de construire un barrage pour faire une retenue aux inondations de juillet qui ruinent les cultures.

C'est cette histoire que Marguerite Duras raconte avec maestria, comme souvent chez elle.

L'histoire commence dans cette concession où la mère, son fils Joseph et sa fille Suzanne vivent en grande précarité. On retrouve le "trio diabolique" déjà présent dans les deux précédents livres. 

Les rapports avec le frère sont plus sereins que dans les précédents, c'est la mère ici qui se montre plutôt "violente" avec Suzanne. Et qui se plait à la frapper par moments avec un certain sadisme. Le frère est alors spectateur.

Joseph aime la chasse, les voitures et au début du roman il amène un cheval et un attelage. Malheureusement le cheval va mourir au bout de quelques jours. C'est un peu ainsi qu'est la vie de Joseph : oisive, plutôt ratée.

Comme souvent, ils partent dans la vieille et poussive Citroën B12 pour Ram.

 

 

Là-bas, ils vont dans un bar où l'on danse. C'est alors qu'ils rencontrent M. Jo, un riche héritier, homme d'affaires. Il n'a d'yeux que pour Suzanne et va entreprendre de la séduire. Il raccompagne les deux femmes dans sa belle limousine Léon-Bollée .

C'est amusant de voir combien les voitures sont importantes dans ce livre, essentiellement à travers le regard de Joseph. Il ne faut pas oublier que Marguerite Duras aimait rouler avec sa voiture dans Paris ou à la campagne.

M. Jo se montre très vite amoureux de Suzanne. Elle accepte de se montrée nue à lui mais refuse tout contact sexuel avec lui. Il va "entretenir" la famille, offrant un gramophone puis un diamant. La mère, elle, ne pense qu'à vendre ce diamant.

Après que Suzanne a définitivement renoncé à tout amour pour M. Jo en lui disant, le "trio" part pour Saïgon, avec espoir de vendre pour un bon prix le diamant. Hélas, les choses se compliquent car le diamant a un défaut... Joseph va faire sa vie de son côté, Suzanne va souvent aller au cinéma.

Là, Marguerite Duras fait référence à l'Eden cinéma, que l'on retrouvera dans "l'amant". Dans "un barrage...", la mère a joué du piano dans ce cinéma pendant de longues années pour gagner sa vie. Elle ne voyait pas les films mais jouait (époque du cinéma muet).

Joseph va aimer une femme plus âgée, et l'espoir de vendre le diamant ressurgit...

La mère et la fille reviennent à la concession et la mère écrit une nouvelle fois aux agents du cadastre pour dire son indignation. Comment avoir pu leur vendre ces terrains incultivables. Toutes ses économies sont passées dans cette concession et à présent un vieux domestique continue à croire à cette concession et tente de planter des cultures. Le fils Agosti réussit à faire pousser des ananas, alors pourquoi pas eux!

Ce roman est divisé en deux parties non chapitrées.

Toute la musique de Marguerite Duras est déjà là dans ce roman. Les voix aussi, si importantes pour l'auteur.

 

Le ton est donné dès la première page : (page 281 de la Pléiade) "Et c'est le lendemain à Ram qu'ils devaient faire la rencontre qui allait changer leur vie à tous.

Comme quoi une idée est toujours une bonne idée, du moment qu'elle fait faire quelque chose, même si tout est entrepris de travers, par exemple avec des chevaux moribonds. Comme quoi une idée de ce genre est toujours une bonne idée, même si tout échoue lamentablement, parce qu'alors il arrive au moins qu'on finisse par devenir impatient, comme on ne le serait jamais devenu si on avait commencé par penser que les idées qu'on avait  étaient de mauvaises idées". 

 

On râte beaucoup de choses dans cette famille, on s'ennuit aussi, comme la mère qui dort pour oublier le présent si difficile... Et les idées ne sont pas souvent bonnes...

 

Bas de la page 307 : "Et pourtant la mère n'avait consulté aucun technicien pour saoivr si la construction des barrages serait efficace. Elle le croyait. Elle en était sûre. Elle agissait toujours ainsi, obéissant à des évidences et à une logique dont elle ne laissait rien partager à personne".

Bas de la page 309 : "Les familles que la mère avait installées dans son village de guet étaient parties avec les jonques, les vivres, vers une autre partie de la côte. Les paysans des villages limitrophes de la concession étaient retouréns à leurs villages. Les enfants avaient continué de mourir de faim. Personne n'en avait voulu à la mère".

 

Echec de la colonisation et de ces concessions. Ce livre n'est pas "politique" mais l'auteure montre à quel point il était difficile de vivre dans ces colonies où rien n'était naturel. Un dernier exemple au début de la deuxième partie à Saïgon (page 376) :

"Les quartiers blancs de toutes les villes coloniales du monde étaient toujours, dans ces années-là, d'une impécable propreté. Il n'y avait pas que les villes. Les Blancs aussi étaient très propres...".

 

Et alors, la mère de Marguerite Duras a eu une réelle bonne idée de penser à ces barrages, car ils sont devenus réalité et je renvoie à un excellent documentaire qui a été réalisé en 2009 sur les lieux de MD par Marie-Pierre Fernandes :

Voir l'image d'origine Un barrage contre le Pacifique, hier et aujourd’hui-

 

 

Un excellent roman de Marguerite Duras, précurseur de "l'amant", lu notamment dans le cadre du challenge de Heide et des lectures communes autour des oeuvres complètes de l'auteure :

Prochaine étape fin mai 2013, avec le roman suivant : "Le marin de Gibraltar".

Bonne lecture,

Denis

 

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3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 20:57

 

Le 30 avril 2013, l'écrivaine Viviane Forrester est décédée à l'âge de 87 ans.

Alors que de nombreux blogs vont se mettre à l'heure anglaise en juin 2013 autour d'une thématique "mois anglais" initiée par Titine et Lou, n'oublions pas que cette femme a été une "spécialiste de Virginia Woolf.

 

Keep calm and read

 

 

Viviane Forrester a notamment publié :

 

Ce serait un bel hommage à lui rendre que de mettre ce livre dans les lectures communes du mois anglais. Elle le mérite largement.

Un autre livre passionnant à noter :

 

Bonnes lectures,

 

Denis

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 20:55

  

 

Tangente vers l'est de Maylis de Kerangal

(Verticales - collection "minimales" - 128 pages - janvier 2012)

 

Nouveau roman de Maylis de Kerangal lu comme toujours avec beaucoup de plaisir.

Le précédent que j'ai présenté est "Dans les rapides" qui se passait au havre dans les années 1970.

Cette fois, l'action se passe dans le transsibérien.  

Dans le cadre de l'année France-Russie en 2010, CulturesFrance et France Culture ont permis à 20 auteurs d’effectuer un voyage d’écrivain à bord du transsibérien de Moscou à Vladivostok. C’est de ce voyage qu’est né « Tangente vers l’Est« .

Pour une fiction de France Culture Maylis de Kerangal a préféré le roman au récit de voyage.

Ainsi, des militaires installés dans ce train lui ont inspiré cette 'intrigue" littéraire.

Aliocha, un jeune appelé russe monte dans le transsibérien pour rejoindre son régiment. Il est encadré par des gradés qui veillent sur le bon déroulement du trajet.

Hélène, une française qui semble avoir fui son fiancé, fait également le voyage dans ce train mythique. Elle se retrouve dans le même compartiment qu'Aliocha, plutôt gênée par cette promiscuité qui doit durer plusieurs jours. Elle se montre donc très distante.

Très vite, elle comprend qu'il a l'intention de déserter, alors, elle décide de l'aider à se cacher et à échapper aux contrôles des officiers...

Comme toujours chez cette auteure que j'apprécie vraiment beaucoup et de plus en plus dirais-je, à mesure que je découvre son oeuvre, le style est limpide, clair et toujours "vrai", bien construit.

On se laisse porter par son écriture et ses intrigues qui savent nous captiver.

 

Page 39 : (C'est le moment de la rencontre entre Aliocha et Hélène) : "Les portes s'ouvrent dans son dos. Quelqu'un s'est introduit dans le compartiment. Aliocha se retourne : la femme qui est montrée à Krasnoïarsk, l'étrangère, c'est elle. Dans une main, elle tient un verre pris dans une résille de métal argenté, dans l'autre une cigarette allumée. Elle se place de profil le long d'une ouverture latérale, elle aussi fouille la nuit qui n'est jamais absolument close ici, mais ambiguë, chargée d'une luminosité électrique qui fait toujours croire que le jour va poindre d'un instant à l'autre. Aliocha l'observe en douce, pivote ses yeux dans ses orbites sans bouger le torse : elle fume, très calme, le visage vaguement luisant." 

 

On voit ici la qualité de l'observation, des "regards". Il y a une réelle atmosphère dans ce livre : observation, sentiments refoulés, désir d'évasion et d'introspection. Mais aussi ces regards se parlent car lui parle russe et elle française... Et le moyen de communiquer c'est deviner ce que pense l'autre... Jeux de miroir...

Voilà, ce texte de 130 pages est un beau moment de lecture...

 

Maylis de Kerangal a reçu le prix Médicis 2010 pour "Naissance d'un pont" (Verticales) © Sipa

 

Bonne lecture,

 

Denis 

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 21:49

 

La femme de Villon de DAZAI Osamu

 (Editions du Rocher - collection "Nouvelle" - 66 pages - janvier 2005)

Traduit du japonais par Sylvain Chupin

Titre original : Viyon no tsuma (1947)

 

 

 

Livre lu dans le cadre du challenge Ecrivains japonais 2013 proposé par Adalana sur son blog :

  

Pour le mois d'avril, l'auteur "invité" est DAZAI Osamu (1909-1948), considéré comme l'auteur de la négation au Japon.

Il a eu une vie difficile, multipliant les tentatives de suicide jusqu'au suicide réussi en 1948, à l'âge de 39 ans. Il s'est noyé avec son épouse qui aurait pu le tuer (thèse non vérifiée) !!! plutôt que suicide !!!

 

 

Cette nouvelle "la femme de Villon" a été écrite en 1947, peu avant la mort de l'écrivain.

L'on sent à la fin du texte ce pessimisme de DAZAI :

Page 57 : "... Tu sais, j'ai tout l'air d'un poseur, mais la vérité c'est que j'ai envie de mourir à un point que tu n'imagines pas. Depuis que je suis né, je ne pense qu'à la mort. Et pour tout le monde, ce serait bien que je le sois. Ca ne fait aucun doute. Mais malgré tout, je n'arrive pas à mourir..."

  

M. Otani s'adresse ici à sa femme. C'est un peu le testament de l'auteur dans cette phrase.

M. Otani est un imposteur, un voleur. Il a une maîtresse et est allé consommer sans compter dans un bar, laissant une "ardoise" importante. Alors, un jour, les propriétaires arrivent chez la femme d'Otani et lui demandent de trouver le moyen de les indemniser. Elle dit qu'elle va réfléchir.

Entretemps, elle a vu que son poète de mari a écrit un texte sur Villon. Alors, elle devienr la "femme de Villon".

Et elle va trouver un moyen pour honorer les dettes de son mari...

Ce texte est très court, divisé en deux chapitres, très clair, sans fioritures.

On ne s'ennuie pas en lisant cette nouvelle très simple avec ce poète très autonome, heureux dans ses délires alcooliques et ses amours clandestins.

Mme Otani est une jeune mère et elle doit organiser sa vie "bien seule" avec son bébé.

Incipit de la nouvelle : "La porte d'entrée s'est ouverte brutalement, et ce bruit m'a réveillée, mais comme ce ne pouvait être que mon mari qui rentrait ivre mort à la maison, je n'ai rien dit et suis restée couchée".

 

Ce début du texte résume bien l'état de la relation entre les époux Otani.

J'ai lu d'autres billets ce mois-ci sur les livres de cet auteur plutôt critiques. Là, par contre, en 60 pages, je n'ai pas été déçu.

Bonne lecture et au mois prochain avec Murakami Ryu.

Denis

 

 

 

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 21:35

La famille Fang de Kevin Wilson ( Presses de la cité - 393 pages - février 2013)

 Traduit de l'anglais (Etats Unis) par Jean-Baptiste Flamin

Titre original : The Family Fang - 2011

 

Le livre est autant original que la couverture, car la famille Fang ce n'est pas n'importe qui.

Je peux, dès à présent, dire que ce livre est une belle surprise. Un livre drôle et grave en même temps. Car il y a des moments d'euphorie familiale et d'autres de dépit.

Qui sont les Fang? Les parents : Caleb et Camille, artistes performeurs qui font des "happening" dans des lieux publics : centres commerciaux, musées...

Le happening se distingue de la simple performance par son caractère spontané et le fait qu'il exige la participation active du public. (Définition sur wikipedia).

Annie (A) et Buster (B) sont leurs enfants. Depuis leur très jeune âge ils participent aux happenings de leurs parents et ont pris leurs "tics" quand ils sont dans des lieux publics.

A présent, ils sont adultes. Annie est devenue star de cinéma, mais elle a accepté de faire une scène poitrine nue. L'image passe sur Internet et met en péril sa carrière, d'autant qu'elle a eu une relation avec une actrice... Son frère, Buster, lui est devenu écrivain. Il a d'abord écrit un roman qui a eu un réel succès avant d'en écrire un second qui a fait un énorme "flop".

A présent, Buster fait des articles de circonstance, dony un sur des tireurs de patates, sauf qu'il prend une mauvaise balle qui le conduit à l'hôpital.

Le frère et la soeur finissent par revenir chez leurs parents.

La famille est ainsi réunie après ces années de séparation où Caleb et Camille ont continué leur "oeuvre".

Et coup de théâtre, les parents disparaissent. Un nouveau "happening" auquel les policiers ne croient pas, les enfants oui... Voilà le suspens de la dernière partie du livre...

Le livre est divisé en 13 chapitres qui relatent le présent de la narration. Et s'intercalent autant de "happenings" qui s'étalent sur une vingtaine d'années et qui éclairent pour la plupart le présent.

Un ligne "gigogne" en quelque sorte, au style très simple mais très plaisant à lire car il est fluide, non dénué de suspens et bourré de drôleries également.

Un bon moment de lecture pour ce deuxième roman de Kevin Wilson, mais premier publié en France.

Nick Hornby a écrit : "Intelligent, original et poignant. Mon coup de coeur cette année". Cette phrase résume assez bien l'esprit du roman.

 

Prologue du roman : "M. et Mme Fang appelaient ça de l'art. Leurs enfants, eux, appelaient ça des bêtises.

- Vous fichez le bazar et vous repartez comme si de rien n'était, lança Annie, leur fille.

- C'est beaucoup plus compliqué que ça, ma chérie, répondit Mme Fang tout en distribuant l'emploi du temps détaillé de l'évènement à chaque membre de la famille.

- Mais ce que nous faisons comporte également une part de simplicité, ajouta M. Fang.

- Oui, il y a de ça, aussi, approuva sa femme."

 

L'on voit, dès le début que les enfants ne seront pas très en accord avec l'art de leur parent, car ils sont impliqués, dès leur plus jeune âge, et feront souvent des reproches à leurs parents.

Un livre de belle tenue que je recommande vivement.

Et merci à Laura de Athomedia pour l'envoi de ce livre en partenariat avec les éditions "Presses de la Cité".

Bonne lecture,

Denis

 

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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 22:14

 

(Editions de l'Olivier - 136 pages - Septembre 2002)

 

J'ai lu ce livre sur une idée d'Anis d'en faire un challenge. Cette lecture permet, de fait, d'aller à la rencontre de l'oeuvre de femmes écrivains pas toujours bien connues des lecteurs, lectrices.

Alors, que pense un lecteur d'un livre qui met en présence des femmes plutôt "fémiistes" en ce sens où elles pensent qu'il y a un langage de femmes.

Je suis très hermétique à cela, car un écrivain est avant tout quelqu'un qui écrit un livre pour un public tant masculin que féminin. et je ne me vois pas lire que des auteurs masculins en tant qu'homme.

J'aime autant Marguerite Duras qu'Albert Camus par exemple.

La littérature n'a pa de race et de sexe. Elle existe par ses auteur(e)s et ses lecteurs, lectrices.

Et Geneviève Brisac se demande page 11 s'il y a une littérature féminine en un temps où de plus en plus de femmes écrivent. Elle "convoque" alors ses ainées pour essayer de répondre à cete difficile question. Elle conclut ainsi sa préface : "J'écris ce livre pour défendre ce que j'aime : les histoires dont nous avons besoin, comme nous avons besoin d'eau, la littérature qui n'est ni véhicule idéologique, ni forme pure, mais autre chose, la beauté mystérieuse des scènes, des phrases, des personnages qui nous laissent silencieux et nourris. les émotions de pensée. La littératurequi ne sert à rien que cela". 

C'est sur le terrain  littéraire plus que féminin que je suis allé à la rencontre de ces femmes qui ont merveilleusement écrit tout au long de leur vie, que ce soit Virginia Woolf, Jane Austen, Grace Paley, Jean Rhys, Christa Wolf ou quelques autres.

Un auteur qui fait autorité est convoqué dans ce livre : Vladimir Nabokov.

Il a "osé" refuser de faire une conférence sur Jane Austen qu'l trouvait précieuse et ennuyeuse. Et puis il l'a lue et a parlé d'elle par la suite...

Quant à Virginia Woolf, elle a écrit "Il faut inventer une phrase nouvelle, et qui convienne aux manières d'être et de penser des femmes".

Grande énigme, pour moi!!!

Au-delà de ces interrogations "existentielles", Geneviève Brisac écrit de magnifiques pages sur des auteures très peu connues comme Sylvie Townsend Warner ou Alice Munro, voire Rosetta Loy.

Elle nous donne envie de lire ces femmes qui se sont battues pour faire entendre leurs voix. Karen Blixen, très malheureuse avec son mari, a su transcendé sa vie dans ses textes et contes. Ludmila Oulitskaïa parl de l'exil des russes hors d'un pays "invivable" et elle met en scène des femmes très courageuse ou Flannery O' Connor qui a passé sa vie dans une ferme...

Alors, oui, ce livre est essentiel pour aller plus loin et merci à Anis d'avoir, par ce challenge, permis de lire ce livre et de découvrir des femmes écrivains d'un immense talent.

J'ai ainsi pu lire plusieurs auteures : Rosetta Loy, Lidia Jorge, Jean Rhys et Ludmila Oulitskaïa avec un  très grand bonheur littéraire.

Bonne lecture,

 

Denis

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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 21:42

 

Haka (Saga maorie - Tome 1) de Caryl Férey (Folio policier - 404 pages)

 

1998 pour l'édition originale et 2011 pour cette édition poche

 

Folio a réuni en un gros volume de 800 pages les deux romans Haka et Utu qui forment la "saga maorie".

J'ai lu le premier "opus" que je présente ici en attendant de lire le second.

 

Définition du haka sur wikipedia :

Le haka est une danse chantée rituelle des insulaires du Pacifique Sud interprétée à l'occasion de cérémonies, de fêtes de bienvenue, ou avant de partir à la guerre, que les Māori ont rendu mondialement célèbre par l'équipe de rugby à XV de Nouvelle-Zélande, qui l'effectue avant ses matches depuis 1905.

 

 

Le livre se passe en Nouvelle Zélande et le héros principal, un policier est d'origine maorie. On s'immerge donc dans cette culture que l'auteur montre sous ses rites violents. Jack Fitzgerald est reconnu également pour sa violence. Sa femme et sa fille ont brusquement disparu 25 ans plus tôt. C'est ainsi qu'il est entré dans la police d'Auckland en espérant les retrouver. Mais rien n'y a fait. Alors, pour lui les enquêtes se succèdent mais celle qui est l'objet de ce roman n'est pas n'importe laquelle.

Une jeune fille, Carol, vient d'être assassinée avec le sexe découpé sans viol, ce qui rappelle un même meurtre inexpliqué cinq ans plus tôt.

C'est alors que le procureur Hickok a l'idée d'adjoindre à Jack une jeune femme, criminologue, Ann Waitura. Ils forment malgré leurs différences une bonne équipe. Wilson participe également à l'enquête et puis Ann est plutôt une belle femme, ce qui ne gâte rien.

Un nouveau meurtre montre qu'il s'agit d'un tueur en série. Jack approche alors les milieux de la drogue et de la prostitution pour avoir quelques pistes car Carol se prostituait pour améliorer son quotidien. Un peintre pourrait être le meurtrier, ce qui oriente la police vers cette piste.

Un certain John, peintre amateur, pourrait être celui-là. Lui est tombé amoureux de la belle Eva qui s'ennuie beaucoup avec son mari homosexuel qui la met dans le lit avec ses amis...

Et puis les maoris sont aussi suspects car certains rites pourraient être en lien avec ces meurtres.

Raconter un roman policier est très difficile car il ne faut en aucun cas dévoiler l'intrigue. Il faut juste révéler qu'il y aura pas mal de morts dans cette lugubre histoire.

Le suspens est très bien restitué. On ne s'ennuie pas un instant et en plus l'écriture est très belle. Ainsi, au-delà de cette violence souvent présente, il y a un plaisir littéraire lié au style limpide, efficace et de grande tenue.

Deux exemples :

Page 23 : "Sa famille avait disparu. Depuis, Jack allait se réfugier dans la chambre isolée au fond du couloir, celle de la gamine. Il n'en ressortait qu'à l'aube, moribond, sans larmes, à moitié fou..."

Page 35 : "A la lecture de son dossier, ce type ne lui avait pas du tout plu mais Ann commençait à s'y faire : Fitzgerald avait des traits trop fins pour une brute épaisse. Son père, Maori de souche, lui avait légué le teint mat des gens des îles, un nez légèrement épaté, une carrure de All Blacks à la retraite et de puissants maxillaires qui donnaient à son visage une incontestable dureté - son centre de gravité..." 

L'intérêt de ce roman policier n'est donc pas limité à la seule intrigue mais s'étend à la qualité littéraire du récit.

Ainsi, un tel livre montre bien que le roman policier - thriller est bien de la littérature. En doutions-nous?

Caryl Férey est né en 1967 et est un des auteurs français qui comptent dans le domaine des thrillers.

 

 

Merci à Libfly pour cette lecture passionnante avec l'envie de lire très vite Utu qui est le deuxième tome de cette saga maorie.

Bonne lecture,

Denis

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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 07:44

Sortie officielle ce jeudi 18 avril 2013 du nouveau roman de John Irving :

 

 

A moi seul bien des personnages (Editions du Seuil)

 

Un événement littéraire à ne surtout pas râter.

Et en préfiguration de l'année 2014 et du challenge "précurseurs de la littérature américaine", je propose trois lectures communes :

 

- 31 juillet 2013 : premier roman publié aux USA de John Irving "liberté pour les ours"

- 30 septembre 2013 : premier roman (nouvelles) de Philip Roth : Goodbye Colombus"

- 30 novembre 2013 : premier roman publié aux USA d'un auteur de votre choix : Paul Auster, Don de Lillo, Tom Wolfe, John Updike, Saul Bellow...

 

Bonnes lectures,

 

Denis

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 21:45

 

 

Le phyto-analyste de Bertrand Busson (Carnets Nord - 254 pages - avril 2013)

 

 

Voici un roman noir que l'éditeur annonce comme "le premier thriller botanique", ce qui est sans doute vrai.

Ce pourrait être un roman de scince-fiction aussi, car le sujet est parculièrement étonnant.

Germain Tzaricot est phyto-analyste, fils d’un botaniste-philosophe auquel il se réfère à chaque fois qu’il est en difficulté. Son livre de chevet est "Guide et glossaire de la phyto-analyse". Brutalement, ses plantes pourrissent et lui-même s’aperçoit qu’il a une tâche verte qui se forme sur son front et il va apprendre un peu plus tard qu’il a un chou-fleur à la place du cœur. Ainsi, le genre humain commence une décomposition qui aura pour origine « le nucléaire », une drogue fabriquée dans une usine reconvertie. Deux anciens flics véreux y travaillent et traquent Germain, lequel se défend avec Rachel son amie intime et de deux amis étranges : Pigalle, un barman crasseux et Jamal, trop grand, roulant en chaise roulante. Et il y a cet égyptologue russe Gloukov, ami ou ennemi, qui entraîne bien malgré lui le brave vieux docteur Riopel dans son aventure écolo-destructrice. Les plantes meurent  et les hommes vont suivre. Comment arrêter cette hémorragie ? 

Vous voyez que le thème est original et ce livre est composé comme un thriller, car il faut découvrir qui est derrière cette oeuvre destructrice et qui tronsfore les hommes en légumes.

Une "science-fiction" qui est une allégorie de la vie si peu écologique à l'échelle humaine. Dans ce livre, le forêt amazonienne est en train de se détruire, tiens bizarre non!!!

Bref, ce premier roman d'un auteur canadien est un bel ouvrage, bien construit et on est tenu en haleine, oubliant l'absurde de l'histoire...

Ainsi débute le premier chapitre, page 15 :

"Un matin, toutes mes plantes sont mortes. Sans aucun avertissement. Plus de quatre-vingts espèces : de la Cissus rhombifrlia qui grimpait tout autour de mon globe terrestre jusqu'à la Nolina recurvata que l'on m'avait offerte et qui, jusqu'à tout récemment, trônait encore sur son pied d'éléphant".

Début du chapitre 13 (page 119) : "Il faut savoir rêver comme une plante". Papa, lorsque j'étais petit, avait cette phrase imprimée sur son chandail favori. Dans ses essais, il disait tout le temps "la différence entre rêver comme une herbe et ronfler comme un homme est aussi abstraite que le concept de l'imagination..."

Très philosophique, certes, mais vraiment très agréable à lire.

Le livre est paru au Canada en 2012, chez "Marchant de feuiles" En voici la très belle couverture :

Merci à Carnets Nord pour ce nouveau partenariat et pour ce livre tellement original et si bien écrit qui vient tout juste de paraitre.

Et il rentre pour le Canada dans mon challenge "littérature francophone d'ailleurs".

Bonne lecture,

Denis

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