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10 janvier 2019 4 10 /01 /janvier /2019 17:47
Shoot : 2 - Businessman Mytho d'Iza de Gisse (Les Indés)

Shoot : 2 - Businessman Mytho d'Iza de Gisse

(Les Indés - 304 pages - 2017)

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J'avais lu avec beaucoup d'intérêt le premier tome de Shoot, publié à l'époque chez La Bourdonnaye et republié chez le nouvel éditeur d'Iza de Gisse, Les Indés.

On retrouve ici, toujours en 1994, Benjamin et Bruno, et le sous-titre montre que leur "aventure" autour de la drogue entend prendre un tournant "professionnel" !

Aux abords de Noël 1994, Benjamin dit Pape, sous les ordres de Bruno, l'accompagne par deux fois à Rotterdam pour y aller chercher de la drogue qu'ils dissimulent dans leur fondement. La seconde fois qui est la veille de Noël, l'affaire se complique sérieusement. Leur voiture est volée et ils sont suivis par des malfrats.  

Pape se défonce plus que jamais pour éviter la panique. Ils se séparent et finissent par se retrouver pendant leur cavale plutôt rocambolesque. Enfin ils arrivent à la gare du Nord et doivent encore se séparer pour éviter d’être arrêtés ce qui serait synonyme de prison.


Ils se revoient un peu plus tard puis Bruno ne donne plus aucun signe à Pape.

En rentrant chez sa mère il voit une jeune fille de quinze ans Nina plutôt désespérée. Il l'invite chez lui ce qui facilitera son retour à la maison et éviter les cris de sa mère.
Le lendemain, jour de Noël, Nina appelle Sixtine qui vient la chercher. Et elles l'embarquent pour une promenade à la mer. 
Benjamin a apprécié cette virée et se sent l'envie de revoir Sixtine.


Il n'a pas revu Bruno depuis une semaine. Il a vendu un peu de came à ses « poteaux », dont Kevin avec qui il s'entend le mieux. On est à la veille du premier janvier et enfin Bruno réapparaît furtivement lui donnant rendez vous le soir à 20 heures.
 

Sera-t-il au rendez-vous et Pape a-t-il un avenir avec Bruno? Son indécision continuelle le fait osciller entre l'envie de tout arrêter et de se "désintoxiquer" au besoin avec l'aide d'un service médical ou l'envie de continuer malgré les dangers, surtout qu'une "rumeur" dans le quartier où vit et sévit Pape pourrait faire penser que la police est sur leur trace.

Ces retrouvailles m'ont toujours autant intéressé car on entre dans la vie de Pape de plein pied, avec toujours ces phrases en italiques qui viennent régulièrement nous dire ce que son "subconscient" lui propose comme thème de réflexion. Et quand on est "en dehors" du contexte, on s'immerge dans cet univers. Le lecteur aurait envie d'intervenir pour demander à Benjamin de se prendre en main. Nina et Sixtine lui ont donné des issues de sortie. Saura-t-il les prendre?

Une nouvelle belle lecture d'une auteure au style limpide, structuré et qui embarque le lecteur dans ces aventures sordides de types paumés mais attachants malgré tout.

Merci à Anne des éditions "Les Indés" de m'avoir adressé ce livre sur conseil de l'auteure.

Bonne lecture,

Denis

Shoot : 2 - Businessman Mytho d'Iza de Gisse (Les Indés)
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23 décembre 2018 7 23 /12 /décembre /2018 17:22
Rencontre entre André Gide et Marcel Proust (racontée dans le journal de Gide)

André Gide (1869 - 1951) parle régulièrement de Marcel Proust (1871 - 1922) dans son journal, dont voici quelques fragments sur la rencontre entre les deux hommes :

14 mai 1921 : Passé avec Proust une heure de la soirée d'hier. Depuis quatre jours il envoie chaque soir une auto pour me prendre, mais qui chaque soir m'a manqué... Hier, comme précédemment je lui avais dit que je ne pensais pas être libre, il s'apprêtait à sortir, ayant pris rendez-vous au dehors. Il dit ne s'être pas levé depuis longtemps. Bien que, dans la chambre où il me reçoit, l'on étouffe, il grelotte ; il vient de quitter une autre pièce beaucoup plus chaude où il est en nage ; il se plaint que sa vie ne soit plus qu'une lente agonie et bien que s'étant mis, dès mon arrivée, à me parler de l'uranisme, il s'interrompt pour me demander si je peux lui donner quelques clartés sur l’enseignement de l’Évangile, dont je ne sais qui lui a redit que je parlais particulièrement bien. Il espère y trouver quelque soutien et soulagement à ses maux, qu'il me peint longuement comme atroces. Il est gras, ou plutôt bouffi ; il me rappelle un peu Jean Lorrain. Je lui apporte "Corydon" dont il me promet de ne parler à personne ; et comme je lui dis quelques mots de mes Mémoires : "Vous pouvez tout raconter,s'écrit-il ; mais à condition de ne jamais dire : "je". Ce qui ne fait pas mon affaire"...

Mercredi : Hier soir, j'allais monter me coucher lorsque retentit un coup de sonnette. C'est le chauffeur de Proust, le mari de Céleste, qui me rapporte l'exemplaire de "Corydon" que je prêtais à Proust le 13 mai, et qui me propose de m'emmener, car Proust va un peu mieux et me fait dire qu'il peut me recevoir, si toutefois cela ne me dérange pas de venir.(...) Longtemps j'ai pu douter si Proust ne jouait pas un peu de sa maladie pour protéger son travail (ce qui me paraissait très légitime) ; mais hier, et déjà l'autre jour, j'ai pu me convaincre qu'il était réellement très souffrant. Il dit rester des heures durant sans même pouvoir remuer la tête ; il reste couché tout le jour, et de longues suites de jours. Par instants il promène le long des ailes du nez le tranchant d'une main qui paraît morte, aux doigts bizarrement raides et écartés et rien n'est plus impressionnant que ce geste maniaque et gauche, qui semble un geste d'animal ou de fou. (...) Il dit se reprocher cette "indécision" qui l'a fait, pour nourrir la partie hétérosexuelle de son livre, transposer "à l'ombre des jeunes filles" tout ce que ses souvenirs homosexuels lui proposaient de gracieux, de tendre et de charmant, de sorte qu'il ne lui reste plus pour "Sodome" que du grotesque et de l'abject. (...) Ce qui l'attire ce n'est presque jamais la beauté et qu'il estime qu'elle n'a que peu à voir avec le désir et que, pour ce qui est de la jeunesse, c'était ce qu'il pouvait le plus aisément transposer.

(Journal - tome 1 - Gallimard -Bibliothèque de la Pléiade 1951)

Rencontre entre André Gide et Marcel Proust (racontée dans le journal de Gide)
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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 20:18
Saint Exupéry dans la guerre d'Alain Vicondelet (Editions du Rocher)

Saint Exupéry dans la guerre : légendes et vérités

d'Alain Vircondelet

(Editions du Rocher - octobre 2018 - 239 pages)

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Saint Exupéry a été orphelin de père à l’âge de 7 ans et en a souffert toute sa vie au point de penser que sa course vers le danger et les exploits vient de là.

Au moment de la deuxième guerre mondiale, il se montre plus que jamais maniaco-dépressif. Sa relation avec sa femme Consuelo est constamment houleuse. Ses amours d'un jour ou ses relations plus suivies avec Natalie Paley ou Hélène de Vogüe, dite Nelly, entre autres, ne le satisfont pas non plus.

Ce qu'il aime par-dessus tout c’est de voler et de sortir de la littérature de salon pour faire de la littérature de l’expérience de vie. Gide l'a beaucoup encouragé à raconter sa vie d'aviateur.

La montée des périls l’inquiète car il comprend que rien ne pourra arrêter cette guerre à venir.

Il écrit et publie »Terre des hommes » juste quelques mois avant la guerre. Il obtient un franc succès en France et son livre remanié pour les américains sort aux USA en anglais. C'est un livre qui réconforte les lecteurs en ces moments de crainte d'une guerre.

Dès septembre 1939, il s'engage dans l'aviation et vit comme tous cette drôle de guerre jusqu’en mai 1940 où la guerre devient effective. Son premier raid se fait sur Arras. Et très vite une grande partie de son escadron est décimée.

Il envoie Consuelo en zone libre et lui part à New York où il s’installe au tout début de 1941. Aussitôt, il se sent très mal à l'aise dans ce qu’il voit comme un exil. Il ne croit pas aux chances de de Gaulle et ne se montre pas hostile à Pétain. Ceci lui vaudra de nombreuses inimitiés. Ses meilleurs amis français exilés aux USA sont Jean Renoir et l'actrice Annabella qu'il suit à Los Angeles en convalescence suite à une intervention chirurgicale.

Et sur demande de son éditeur américain il écrit « Pilote de guerre ».

Consuelo le rejoint à New York fin 1941 mais à son arrivée il se montre très froid avec elle.

Debut 1942 paraît en anglais aux USA "Wind, Sand and stars" qui connait aussitôt un énorme succès auprès des lecteurs et de la presse . Mais les français de New York lui sont encore plus hostiles car ce livre qui va s'appeler pour la France "Pilote de guerre", renforce leur idée qu'il est pro vichyste.

C'est alors qu’il se lance dans le dessin et la rédaction du petit prince.

Mais pour qu'il ait un peu de sérénité, Consuelo trouve une vaste maison à Northport : "Bevin House", qu'elle surnomme "la maison du bonheur ».

A l'automne 1942 il replonge dans l'enfer de New York. Mais en avril 1943, il peut enfin réaliser son rêve de servir son pays et arrive à Alger puis est transféré au Maroc et en Tunisie où il pourra voler. Il est seulement désemparé de savoir que le général Giraud a été démis au profil de son adversaire de toujours de Gaulle.

Il a un accident de vol et se voit interdit de vol. Pour lui c’est un complot monté contre lui.

Il est enfin appelé en Sardaigne pour plusieurs opérations de photographie aérienne. Il commence son entraînement sur un lightning en mai 1944. C'est comme une résurrection pour lui. Mais il prend des risques inconsidérés jusqu’à ce fatal jour du 31 juillet 1944.

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Voici résumées les 5 dernières années de la vie d'Antoine de Saint-Exupéry, objet de ce livre écrit par un des spécialistes de l'auteur, Alain VIrcondet, lequel a écrit plus de 10 livres sur lui depuis 1994.

 

Il prend ici l'angle de la guerre et de toutes les frustrations qui ont conduit le couple Antoine / Consuelo dans les plus grandes tourmentes de leur vie déjà bien difficile.

 

On comprend toutefois que leur amour est "invincible" et qu'il finit toujours pas triompher dans la douleur.

 

Mais ce qui tourmente le plus l'écrivain c'est l'inaction de la France dans cette guerre.Seulement, il ne veut pas cautionner Charles de Gaulle, dès  lors où pour Saint-Exupéry il faut combattre de l'intérieur. On comprend assez mal sa bienveillance pour Pétain et le régime de Vichy. Son exil aux U.S.A. pourrait expliquerait son ignorance des compromissions sur le terrain. Mais ses compatriotes de New York, dont André Breton, ne lui pardonnent pas son attitude à travers ses paroles et ses écrits, trop condescendants.

 

Ses seules compensations viennent de ses succès littéraires et "féminins" aux Etats-Unis, avant son "grand" retour sur le sol européen et français.

 

L'auteur donne ses propres interprétations et "preuves" à partir de la correspondance et des écrits de l'époque, dont certains inédits, pour démêler comme l'indique le sous-titre " les légendes et les réalités" et rappeler que Saint Exupéry est un écrivain à prendre au sérieux.

 

Un livre à lire par les familiers de Saint Exupéry et par ceux qui veulent le découvrir.

 

Merci à Stefania des Editions du Rocher de m'avoir adressé le livre pour le lire.

 

Bonne lecture,

Denis

 

Saint Exupéry dans la guerre d'Alain Vicondelet (Editions du Rocher)
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23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 16:51
Pascal Quignard : une enfance havraise (L'écho des vagues)

Pascal Quignard : une enfance havraise

(Editions L'écho des vagues - 64 pages - avril 2013)

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Un petit livre de 64 pages pour nous rappeler que le grand écrivain Pascal Quignard a vécu au Havre de 1950 à 1958.

Né en 1948 à Verneuil sur Avre, Pascal Quignard est venu s'installer au Havre avec ses parents en 1950 pour en repartir en 1958, son père, Jacques Quignard, y venant pour enseigner les Lettres au lycée.

Les souvenirs de Pascal Quignard seront ceux d'un très jeune enfant. La guerre a laissé ses affreuses cicatrices à la ville normande bombardée par les anglais début septembre 1944. Les ruines sont encore bien présentes et la reconstruction de la ville en est tout juste commencée. Auguste Perret en est l'architecte principal.

Et ces huit années "bornent" les grands moments de cette métamorphose du centre ville où habite le futur écrivain.

Le nouvel hôtel de ville, le square Saint Roch, la rue de Paris et la rue Bernardin de Saint Pierre où logent les Quignard revivent enfin. 

Le Havre en 1950 (copyright : Le Havre en photo - canalblog)

Le Havre en 1950 (copyright : Le Havre en photo - canalblog)

Hôtel de ville et jardins (copyright : Le Havre d'avant - canalblog)

Hôtel de ville et jardins (copyright : Le Havre d'avant - canalblog)

Ce livre débute par un court texte de Pascal Quignard : 

J'ai passé mon enfance dans les ruines d'un port. Il avait été complètement rasé par l'aviation alliée. Il ne restait rien. Je jouais dans le square qui avait été édifié sur le charnier des marins. J'étudiais dans les baraquements. (page 8)

Des textes complètent ce texte de Quignard avec de nombreuses photos du Havre dans ces années-là, par Dominique Rouet, Elisabeth Chauvin, Pierre Gency et Agnès Cousin de Ravel.

Ils racontent ce Havre tel que vu par les yeux de Pascal Quignard, en rappelant le contexte historique et l'aventure architecturale qui  valu depuis à la ville d'être reconnue au patrimoine mondial de l'Unesco.

Livre publié à l'occasion du colloque international "Les lieux de Pascal Quignard", organisé par l'Université du Havre.

Le havrais que je suis n'a pas connu la reconstruction puisque je suis né peu après de départ de Quignard mais mon père et mon grand-père maternel ont travaillé sur les chantiers de l'époque. C'est aussi une partie de moi qui est revenue à ma mémoire.

C'est dire que je vais lire la série de livres de Pascal Quignard sur sa mémoire de ses années de jeunesse "Dernier royaume" dont le premier tome est paru en 2002 chez Grasset : "Les ombres errantes".

J'en reparlerai après l'avoir lu.

Bonne lecture,

Denis

Pascal Quignard : une enfance havraise (L'écho des vagues)
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11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 16:10
Article 353 du code pénal de Tanguy Viel (Editions de Minuit)

Article 353 du code pénal de Tanguy Viel

(Editions de Minuit - 174 pages - Juin 2017)

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Lire Tanguy Viel est toujours un plaisir. Ce livre en est un nouvel exemple.

7 livres en 20 ans montrent à quel point l'auteur entend peaufiner ses romans avant de les envoyer à son éditeur.Certains auteurs devraient s'en inspirer pour éviter cet encombrement de livres souvent peu intéressants.

Pairs-Brest en 2009 ou La disparition de Jim Sullivan en 2013, ses deux romans précédents avaient eu un beau succès mérité.

L'auteur revient avec ce roman qui fait référence à un article de loi.L'article 353 du code pénal :

" Sous réserve de l'exigence de motivation de la décision, la loi ne demande pas compte à chacun des juges et jurés composant la cour d'assises des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d'une preuve ; elle leur prescrit de s'interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l'accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : " Avez-vous une intime conviction ? ". "

 

Et c'est là l'un des grands intérêts de ce livre :  comment le juge d'instruction va réagir au récit de Martial Kermeur? Sera-t-il sensible au contexte du meurtre dont est accusé cet homme? Qui est le"salaud" dans cette affaire?

La victime s'appelle Antoine Lazenec, un promoteur immobilier,venu dans le village acheter le château et ses deux hectares de parc. Martial y travaillait, c'est dire que le chômage le menaçait. Lazenec lui a proposé d'acheter un des logements qu'il allait construire. Seulement, le temps a passé et rien n'est venu alors que Kermeur et une trentaine d'autres "pauvres gens" ont payé pour rien !!!

 

Donc vous êtes revenu seul, a dit le juge.
Oui, on était deux et puis voilà, je suis revenu seul.
Alors vous savez pourquoi vous êtes là.
Oui.
On a retrouvé le corps ce matin.
Je sais.
Le mieux, a dit le juge, ce serait de reprendre depuis le début... (page 15)

Et tout défile du passé de Martial, entre divorce, vie avec un flls devenu "délinquant" en lien avec cette affaire, chômage et "ruine financière".

Contexte compliqué pour un homme qui avait tout pour être un "bravetype", sans histoire.Il était même membre du conseil municipal et tout a changé dans ce petit coin tranquille du bord de mer avec l'arrivée d'Antoine Lazenec.

Pas un mot de trop.Tout est parfaitement maîtrisé par l'auteur et donne un réel bonheur de lecture au lecteur.

Si vous ne connaissez pas Tanguy Viel plongez au plus vite dans son univers, vous en serez pas déçu et vous aurez lu un authentique auteur de très grande classe.

Bonne lecture,

Denis

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8 septembre 2018 6 08 /09 /septembre /2018 16:59
Une femme invisible de Nathalie Piégay (Editions du Rocher) - Rentrée littéraire été 2018

Une femme invisible de Nathalie Piégay

(Editions du Rocher - 347 pages - Août 2018)

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Louis Aragon (1897-1982) est né sous un nom d’emprunt par son père Louis Andrieux, notable, marié, préfet de police et homme politique controversé, qui ne l'a jamais reconnu. Il a vécu avec sa mère sans savoir pendant longtemps qu'elle l’était alors qu'on lui disait qu'elle était sa sœur : Marguerite Toucas-Massillon et que Claire, sa grand-mère était sa mère. Il l’a su de sa bouche même au moment où il est parti à la guerre en juin 1917. Il l’évoque dans trois poèmes et parle de son enfance dans « Le roman inachevé », sans plus.

Naïve, Marguerite a cru en l'amour et enceinte, elle décide de garder l'enfant bien qu'Andrieux lui ait dit qu’il ne le reconnaîtra pas. Elle accouche en un lieu inconnu qu'Aragon ne connaîtra jamais,puis rentre à Paris où la famille annonce que les parents de l'enfant sont morts dans un accident en Espagne et ils s'appelaient Aragon.

Elle continue à voir régulièrement Andrieux, sans oublier qu’il est le parrain de Louis.

Après Paris, elle s'installe à Neuilly pour être plus près d'Andrieux. Elle travaille sans le révéler à personne car elle ne veut pas dépendre de lui.

Louis Andrieux a officialisé la naissance de son fils en 1914 mais en faisant écrire sur l'acte de naissance «de père et de mère non dénommés ». Et Aragon devra attendre encore trois ans pour connaître enfin qui sont ses parents.

A partir du moment où Aragon, après guerre vit sa propre vie il devient très difficile de connaître celle de Marguerite.

Louis Aragon a renoncé à être médecin et s'affiche avec les dadaïstes et Breton, ce qui ne plait ni à Marguerite ni à Andrieux. Il est tout de même parti en vacances en Autriche en 1922 avec sa mère, ce qu'il a raconté dans « Aurélien ».

Claire, sa grand-mère, meurt en 1930 et Andrieux, veuf, se fait bien vieux mais Marguerite est comblée d’être plus longtemps à ses côtés. Elle recopie son travail d’écriture dont il a plus de temps pour s'occuper dès lors où il a quitté la vie politique. Mais il meurt en 1931, adulé malgré ses erreurs du passé.

Marguerite a traduit des romans policiers et a publié plusieurs romans dans les années 30 à l'insu de de son fils. Ce sont surtout des romans à l'eau de rose et elle traduit des livres de l'anglais.

En 1940, alors que son fils réussit à survivre au désastre de Dunkerque, elle fuit Paris pour s’établir à Cahors qui va être son dernier lieu de vie. L'écrivain est allé à son enterrement à Cahors pendant la deuxième guerre mondiale.

Ce récit en forme d'enquête est mené avec beaucoup de finesse et de ténacité par Nathalie Piégay, enseignante de littérature moderne et contemporaine à l'Université de Genève, spécialiste de Louis Aragon.

Car il paraissait cohérent que d'avoir étudié Louis Aragon pendant de nombreuses années mène à connaître les origines de l'auteur. On aura bien compris avec ce livre que cette femme "invisible", car toujours effacée tant par son amant que par son fils méritait d'être mise en lumière. Une lumière en clair obscure tant on sait peu de choses sur elle après la majorité de son fils.

Comme une enquête "policière", l'auteure part sur les traces de cette femme qui nous devient familière et attachante au fil de ces pages. Un beau combat de femme pour s'émanciper sans le paraître.

Nathalie Piégay a lu les livres de Marguerite mais ceux-ci, "insipides", n'apprennent rien sur elle, car elle s'est bien protégée, inventant des histoires d'amour sans aucun lien avec de quelle était.

Les amateurs de littéraire ne peuvent qu'aimer ce livre que je conseille vivement.

Merci aux Editions du Rocher de m'avoir adressé ce livre.

Bonne lecture,

Denis

 

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24 août 2018 5 24 /08 /août /2018 16:47
L'âge d'or de Diane Mazloum (JC Lattès)

L'âge d'or de Diane Mazloum

(JC Lattès - 336 pages - août 2018)

(Livre de la rentrée littéraire été 2018)

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13 dates, une par année entre le mardi 6 juin 1967 et le lundi 22 janvier 1979, qui ont marqué l’histoire du Liban.

Georgina, 14 ans en 1967, libanaise ; Roland, même âge, libanais ; Ali Hassan, 25 ans, palestinien et quelques autres dont Yasser Arafat ou Bob Amis, agent de la CIA viennent s’intégrer dans le roman, montrant l’alliance entre Histoire et fiction, « pour donner au récit un ancrage réaliste » ce que précise l’auteure en préambule à « L’âge d’or ».

Le contexte historique montre l’implication du Liban dans le « terrorisme » puis dans le projet de l’OLP d’Arafat de parvenir par la négociation à la reconnaissance de la Palestine. Ceci conduira le Liban dans la guerre civile

Les personnages fictifs que sont Georgina ou Roland permettent « d’humaniser » cette période historique. Georgina rêve d’être chanteuse et mannequin ; Roland l’aime mais comprend vite qu’il n’a pas les mêmes ambitions. C’est un « âge d’or » libanais qui au fil des mois sombre dans la « dépression ». Ali Hassan se montre virulent, recherché par le MOSSAD et il est au cœur du terrorisme tout en étant le bras droit d’Arafat.

Il ne faut pas s’effrayer de ce contexte politique car l’auteure sait rester accessible dans ses explications et elle sait très bien restituer l’ambiance à Beyrouth à cette époque. C’est là que le lecteur se laisse emporter et plonger dans un univers du passé qui reste hélas d’actualité.

Une lecture attentive à avoir bien sûr mais au style fluide et « charmeur ».

Un livre à recommander et lu dans le cadre de la rentrée littéraire de la Librairie La Buissonnière à Yvetôt (Seine Maritime)

Bonne lecture,

Denis

L'âge d'or de Diane Mazloum (JC Lattès)
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9 août 2018 4 09 /08 /août /2018 15:27
La tresse de Laetitia Colombani (Grasset)

La tresse de Laetitia Colombani

(Grasset - 222 pages - mai 2017)

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Trois femmes sur trois continents forment la trame de ce roman. On les suit alternativement au fur et à mesure de l'avancement de leur aventure.

Nous avons tout d'abord Smita, une indienne "intouchable" dont le métier est de vider les toilettes chaque jour à main nue, ici à Badlapur, où il n'y a pas de sanitaires. Comme elle n'a pu recevoir d'éducation de par son statut, elle a décidé que sa fille Lalita ira à l'école. Seulement, ce n'est pas si simple. Elle a beau avoir payé la scolarité de sa fille, le brahmane traite la fillette en "domestique" et lui a demandé de balayer l'école, ce que l'enfant a refusé.

Le mari de Smita , lui, est chasseur de rat et son revenu est de les ramener à la maison pour les manger. Mais, à la différence de sa femme, il ne veut pas changer sa vie ni celle de sa famille. Il ne reste alors aucune autre alternative à Smita que de partir avec sa fille et de traverser le pays pour retrouver de la famille et espérer un meilleur sort...

La deuxième femme est Giula. Elle vit à Palerme et travaille à l'atelier de son père, dont le métier est de faire des perruques à partir des chutes de cheveux. Elle dévore les livres pendant ses temps de loisir et se sent bien célibataire. Mais le "papa" a eu un accident avec son Vespa et est entre la vie et la mort.

Giula aperçoit un étranger malmené par des gendarmes. Elle revoit l'homme au turban à la bibliothèque et lui propose un livre à lire. Elle le revoit le lendemain et sent que quelque chose est en train de se passer entre eux et débute alors un amour clandestin. Mais son grand tracas est l'avenir de l'atelier, d'autant qu'elle découvre que l'affaire est au bord de la faillite.

La dernière femme s'appelle Sarah. Elle vit à Montréal et est avocate associée. Elle a bien séparé sa vie de mère de trois enfants : une fille et deux jumeaux. Mais son travail l'absorbe de plus en plus et elle a su, en tant que femme, s'imposer dans ce monde très machiste. Seulement, pendant une plaidoirie elle est victime d'un malaise. Elle se retrouve aux urgences et une série d'examen concluent à un cancer. Elle ne dit rien au bureau et réussit à se faire opérer puis à suivre un traitement post-opératoire sans en parler. Ses collègues pensent qu'elle a un amant, d'où ses absences régulières. Seulement, un jour, sa collaboratrice directe se retrouve dans la même salle d'attente que Sarah, pour y conduire sa mère. Le "mystère" se révèle au grand jour et les ennuis commencent pour elle !

Un lien va se faire entre ces trois femmes que la fin du roman nous révélera.

Ce premier roman de Laetitia Colombani, née en 1976, par ailleurs actrice et réalisatrice,  a eu un grand succès à sa sortie, mérité. Son écriture est fluide et ses trois histoires se lisent avec grand intérêt. On fait des allers-retours entre l'Inde, l'Italie et le Canada pour s’imprégner de la vie de chacune, en leur propre combat. Un combat de survie et d'espoir en un futur meilleur.

A lire absolument.

Bonne lecture,

Denis

La tresse de Laetitia Colombani (Grasset)
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3 mai 2018 4 03 /05 /mai /2018 07:00
Rue Blondel de Valéry Sauvage (HD - Ateliers Henry Dougier)

Rue Blondel de Valéry Sauvage

(HD - Ateliers Henry Dougier 

collection "Littérature" - mai 2018 - 123 pages)

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Cela fait plus de vingt ans, en 1972, que Lucienne fréquente le bar de la rue Blondel à Paris, quartier de Strasbourg-Saint-Denis, le Select. Elle y boit son verre de blanc et on l'appelle Lulu ici.

Seulement aujourd'hui est un jour particulier  : il y a l'information d'un changement de propriétaire et de fait les propriétaires du bar partent en retraite et ont vendu leur affaire.

Lucienne fait alors défiler ses souvenirs.

En 1947, elle avait quinze ans et vivait avec sa mère Josette, prostituée, soumise à son mac Raoul, ultra violent. Il viola Lucienne et brutalisa sa mère si bien que la jeune fille le tua. Elle fut condamnée à cinq ans de prison et en sortit après trois ans pour bonne conduite. Trois ans de mutisme.

De retour chez elle, Lucienne n'a pas d'autre solution que de se prostituer et elle est postée rue Blondel. Elle n’a plus de joie de vivre avant de rencontrer une sœur à l’hôpital qui lui redonne ce goût. Elle devient alors actrice de sa vie et elle s’épanouit même dans ce métier là. C'est à ce moment-là qu'elle vient boire son verre le midi au Select de la rue Blondel.

Maurice est devenu apprenti serrurier ce qui lui a permis d’aider un ami à faire des cambriolages le conduisant à aller en prison deux ans.

Quand Maurice sort de prison il vit de petits boulots et se lance dans la boxe. Mais surtout il a repéré Lulu et grâce aux gains de ses combats de boxe s’offre des après midis heureux avec elle. Et il replonge pour 15 ans cette fois pour un braquage de bijouterie qui tourne très mal.

Edmond, lui, après son bac a voyagé notamment en Grèce où il a connu le grand amour avec Angeliki.

Maintenant, on est en 1956, et c'est Edmond qui s’intéresse à Lulu et revient souvent prendre du plaisir avec elle. Elle devient vite sa confidente. Il s’ennuie dans son emploi et décide de postuler à la poste où il est pris ce qui lui permet de partir soulagé de l’assurance.

Trois destins qui se croisent, qui s'aiment et vivent beaucoup dans la mélancolie et la difficulté de vies plutôt ratées.

L'auteur sait nous attacher à ces "paumés" et nous fait voyager dans le temps entre 1947 et 1972. 25 années qui montrent les changements fondamentaux de mode de vie.

Seulement, Lulu, Momo et Edmond n'ont pas vraiment pris le train de la "modernité" et ils restent figés dans leur triste vie, même s'ils font tout pour que cela change. Ils retombent inlassablement dans leurs travers et leur mélancolie.

L'espoir est-il au bout du chemin?  On l'espère pour eux... 

Un très beau court roman en 24 chapitres et un épilogues qui égrènent les années autour de cette rue Blondel dans ce quartier de Paris où il faut s'imposer pour survivre et tenter de s'y épanouir.

Merci à Nadia de m'avoir envoyé ce roman envoûtant, tellement "vrai" et vibrant.

HD - Ateliers Henry Dougier présente ainsi, sa collection : 

Littérature :

Un personnage, un lieu, une époque, un récit inspiré …

Rue Blondel de Valéry Sauvage (HD - Ateliers Henry Dougier)
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21 avril 2018 6 21 /04 /avril /2018 16:18
Faire mouche de Vincent Almendros (Editions de Minuit)

Faire mouche de Vincent Almendros

(Editions de Minuit - mars 2018 - 127 pages)

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Troisième roman de Vincent Almendros après "Ma chère Lise" (2011) et "Un été" (2015), publié chez Minuit.

Le narrateur, Laurent, revient dans son village, Saint-Fourneau, pour le mariage de sa cousine Lucie. Il arrive avec  Claire.

Revenir sur les lieux de son enfance ne l'enthousiasme pas et surtout de revoir sa mère. 

Mais son oncle, Roland, va mourir prochainement de maladie. C'est pourquoi Laurent a accepté ce retour aux origines. C'est d'ailleurs l’oncle qui les accueille. Claire est alors devenue Constance pour les présentations.

Le narrateur explique à Claire qu'il a quitté cette maison à dix ans pour aller vivre chez ses grands-parents après que sa mère "aurait" essayé de l'empoisonner en lui donnant à boire un verre d'eau de javel.

La rencontre avec la mère se passe plutôt bien.

Luc, le frère de Constance, appelle Laurent qui lui avoue qu'elle n'est pas avec lui. Il n'ose pas avouer qu'ils sont séparés. Il ne dit donc pas que Claire est avec lui.

Laurent voit Lucie avant le mariage et elle lui ressasse les vieilles histoires de famille autour des empoisonnements de sa mère...

Derrière des phrases simples qui claquent pour nous dire la réalité d'un moment de retrouvailles complexes comme cela arrive souvent dans les familles. Peut-on espérer que ces moments vont être relâchés ou tendus?

Et puis pourquoi Constance est devenue Claire? 

120 pages dans le style très "Editions de Minuit" où tout se dit et évolue sans circonvolutions pour aller à l'essentiel sans lasser le lecteur et en sachant mener le suspens avec brio.

Il y eut un moment de flottement, quelques secondes durant lesquelles tous deux hésitèrent à se serrer la main. On ne pouvait désormais plus revenir en arrière. Je me demandai si ce que nous étions en train de faire n'était pas vain ou bien complètement idiot. Mais, quand Claire avait une idée, on ne pouvait plus l'en détourner. Et puis, soyons honnête, ça m'arrangeait bien. (page 24)

Faire mouche de Vincent Almendros (Editions de Minuit)
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