Aucun animal si proche de l'homme n'a cristallisé autour de lui,
au fil des siècles, la crainte de l'inconnu, l'angoisse des ténèbres,
la connivence avec le démon, comme l'a fait bien malgré lui
le chat noir.
Divinité dans l'Egypte ancienne, le chat parvint en europe
nimbé d'une aura de mystère.
Attaché aux dernières prêtresses des cultes lunaires,
il était l'étranger aux origines inconnues dont la présence
dérangeait le nouvel ordre établi,
celui de la chrétienté qui s'imposait en Gaule.
Depuis le IV è siècle, les cultes païens étaient officiellement bannis
,
et le concile de Tours, en 567, allait interdire aux chrétiens,
sous peine d'excommunications , les sacrifices aux morts
et les rites réprouvés par l'Eglise.
Premières victimes de ces ordonnances, les prêtresses et devineresses ,
expertes dans l'art de soigner par les simples,
et que l'on appela désormais sorcières.
Leur compagnon de prédilection était naturellement le chat noir.
La grande peur de l'an mil et son cortège de troubles de tous ordres déchaînèrent l'animosité
du clergé contre le chat.
Le retour des croisades et les épidémies de peste noire,
deux siècles plus tard, ouvrirent l'ère funeste des massacres de chats.
Seuls échappaient à l'holocauste les chats portant sur leur robe noire
une touffe de poils blancs généralement située sur le poitrail.
Ce signe d'innocence fut appelé " marque de l'ange ", ou encore
" doigt de Dieu ", et il incita les tortionnaires à la
miséricorde.
Ce qui explique de nos jours la relative rareté de chats
absolument noirs, les massacres ayant opéré une forme de sélection.
Article extrait du livre " Histoire Secrète du Chat "
Robert De Laroche / Jean - Michel Labat