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Une saison au Congo d'Aimé Césaire
(Points -Seuil février 2001 - 135 pages)
C'est ici le texte définitif pour le théâtre d'une pièce éditée en 1966 et créée le 4 octobre 1967 au Théâtre de l'Est-Parisien par la compagnie Serreau-Perinetti dans une mise en scène de Jean-Marie Serreau.
Ici dans une mise en scène au théâtre de la Colline (1989)
Aimé Césaire (1913 - 2006), dont on célébrera le centième anniversaire de sa naissance en avril 2013, est natif de Martinique
Photo issue du site très intéressant
hommage à Aimé Césaire (http://www.hommage-cesaire.net/)
Poète, homme de théâtre et homme politique, il fonde la revue Présence Africaine et est très attentif à la francophonie.
"Une Saison au Congo" se passe au moment de l'indépendance du Congo. Patrice Lumumba est un des héros nationaux de la libération du pays du joug belge, en juin 1960.
Malheureusement pour Lumumba, les choses ne passent pas comme il le souhaitait, car sitôt l'indépendance signée à Bruxelles (on le libère de prison pour se rendre en Belgique participer aux négociations), la situation se complique quand le Katanga quelques semaines plus tard se proclame état indépendant. Lumumba, premier ministre, doit prendre position et comprend que son armée ne marche pas forcément dans son sens. Il est arrêté, mis en prison, ne veut pas céder aux menaces, et les états occidentaux et l'ONU ne le soutiennent plus...
Aimé Césaire met en scène cette "tragédie" de l'indépendance, cette "saison" de l'été 1960 autour de la personnalité de Patrice Lumumba qui sera d'ailleurs assassiné le 17 janvier 1961.
Il y a de nombreux personnages mais l'intrigue est facile à suivre, rythmée par de la musique et des chants locaux. Certains passages sont en vers, montrant là la poésie chère au coeur d'Aimé Césaire, l'auteur ne l'oublions pas d'un livre mythique :
Extrait d'un texte dit par Lumumba après avoir vu danser Hélène Bijou (dans la liesse de l'indépendance) page 76 :
"C'est bien Bijou ! voilà dansée la danse de ma vie !
Bijou, quand je ne serai plus :
quand je me serai défait, comme dans
le ciel nocturne, l'aveuglant météore aveugle,
quand le Congo ne sera plus qu'une saison que le sang assaisonne
continue à être belle
ne gardant du temps épouvantable
que les quelques gouttes de rosée qui rendent plus émouvante d'avoir traversé l'orage
l'aigrette du colibre.
Allons amie, point de tristesse ; dansons jusqu'à l'aube et me donne le coeur à marcher
jusqu'au bout de la nuit !"
Un merveilleux texte et une pièce engagée politiquement mais aussi poétiquement, pour rappelr que la francophonie a aussi beaucoup à voir avec la colonisation. Et la littérature, depuis l'indépendance, est d'une richesse infinie en Afrique et partout où elle s'est déclarée. Et Césaire, martiniquais, y a été très sensible.
Je rattache cette lecture à la série que j'ai initiée :
"littérature francophone d'ailleurs"
Bonnes lectures francophones,
Denis