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Christine de Pizan par Simone Roux (Biographie - Payot) - Septembre 2006 - 272 pages)
Christine de Pizan (1363 - vers 1430) a été la première femme - écrivain
à vivre de sa plume à la suite de la mort de son époux.
Simone Roux lui consacre une biographie passionnante.
Christine de Pizan, ayant beaucoup écrit sur sa vie et son époque,
c'est une bonne manière d'approcher sa vie, son oeuvre et sa pensée.
Heureuse au temps de Charles V et de son mariage, elle a commencé
sa vie de "femme indépendante" à partir de 1390,
quand elle s'est retrouvée veuve avec ses enfants.
Pour les nourir dans une époque où une veuve a bien du mal à récupérer
les biens du défunt, malgré des procès intentés pour les récupérer,
Christine de Pizan s'est alors consacrée à la littérature et à l'érudition.
Elle a étudié le grec, le roman mais elle décide d'écrire en français.
Le français du XVe siècle n'est pas facile à lire pour nous aujourd'hui.
Simone Roux intègre dans son livre des textes en version "originale"
et d'autres adaptés en français moderne.
Christine de Pizan a écrit de nombreux textes et a connu une polémique
lorsqu'elle a critiqué le "roman de la rose" pour mysoginie.
Elle a, en fin de vie, écrit un texte sur Jeanne d'Arc.
Son oeuvre a vécu un long purgatoire avant de renaître au 19e siècle
et plus encore au 20e siècle où son "féminisme" a été mis en avant
et plus encore la qualité de son oeuvre littéraire.
On peut imaginer la beauté des livres de Christine de Pizan, ainsi enluminés.
Bonne lecture si vous trouvez ce livre
ou des oeuvres de l'écrivaine.
Exemple de poème dans la langue de Christine de Pizan :
Seulete suy et seulete vueil estre,
Seulete m'a mon doulz ami laissiée,
Seulete suy, sanz compaignon ne maistre,
Seulete suy, dolente et courrouciée,
Seulete suy en languour mesaisiée,
Seulete suy plus que nulle esgarée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Seulete suy a huis ou a fenestre,
Seulete suy en un anglet muciée,
Seulete suy, pour moy de plours repaistre,
Seulete suy, dolente ou apaisiée,
Seulete suy, riens n'est qui tant me siée,
Seulete suy en ma chambre enserrée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Seulete suy partout et en tout estre,
Seulete suy, ou je voise ou je siée,
Seulete suy plus qu'autre riens terrestre,
Seulete suy de chascun délaissiée,
Seulete suy durement abaissiée,
Seulete suy souvent toute esplourée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Princes, or est ma doulour commenciée :
Seulete suy de tout'dueil menaciée,
Seulete suy plus tainte que morée,
Seulete suy sans ami demourée.