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Puisque mon coeur est mort de Maïssa Bey
(L'Aube - 254 pages - février 2010)
Une mère, divorcée, apprend la mort de son fils, assassiné. Elle n'arrive pas à s'en remettre et entreprend de lui écrire dans des carnets. Ainsi, elle peut lui parler directement.
Elle le fait revivre dans le passé de son enfance, ou dans le temps présent, celui d'avant l'assassinat. Enfin, elle lui parle de sa lutte et de ses sentiments d'après mort.
Aïda dit à son fils qu'elle a connu l'existance d'Assia, la petite amie, donc l'intimité de son fils. Elle n'arrive plus à retourner à l'université où elle enseigne l'anglais. Car, pour elle, le chagrin est tel qu'elle n'arrive pas à surmonter cette solitude qui lui est imposée. Le père du fils est mort et tous ces voisins, curieux et pleureuses qui sont venus se récueillir auprès de la dépouille ne sont pas des intimes d'Aïda. Elle est vraiment seule mais bientôt elle connait l'identité des assassins et l'envie de vengance prend corps en elle...
50 chapitres pour 254 pages. C'est donc par petites touches que l'on entre dans l'intimidé d'Aïda et du fils tant aimé. Et c'est dans un très beau style que Maïssa Bey fait parler son héroïne.
Après un court prologue, débute le roman.
Voici le chapitre 1 - Photo I
"Ce matin, j'ai vu le visage de ton assassin.
Je ne l'ai vu que quelques secondes.
A peine ai-je tenu entre les doigts la photo qu'on venait de m'apporter, qu'elle m'a échappé. Elle a tournoyé lentement, presque gracieusement, avant de tomber sur le sol, face contre terre. Et là, sous mes yeux, comme transpercé d'un point ardent, un des coins de la photo est devenu incandescent.
Etait-ce ma force de ma haine? J'ai vu le papier noircir et se racornir.
Il s'est formé très vite un petit tas de cendres à mes pieds. Quelques particules de poussière grise."
Les livres, donc les mots, l'aident à mieux comprendre sa détresse.
Début du chapitre 43 - Mots III :
"Je glane çà et là des fragments de détresse.
Ils sont là mes compagnons de toujours. Les livres. Et dans les livres, je cherche exclusivement les mots qui font écho à ma douleur. Je les appelle à mon secours."
Vous aurez ainsi pu voir qu'il s'agit d'un très beau livre malgré le ton grave du propos.
Maïssa Bey, algérienne, née en 1950 vit à Sidi Bel Abbes. Son oeuvre romanesque est essentiellement publiée en France aux Editions de l'Aube.
Elle a écrit également un essai sur Albert Camus "L'ombre d'un homme qui marche au soleil".
Son dernier chapitre est très camusien d'ailleurs...
J'ai lu ce livre dans le cadre de la semaine de la francophonie et il entre dans le challenge "littérature française d'ailleurs" : auteurs du Maghreb (Algérie).
Et comme ce livre a reçu le "Prix de l'Afrique Méditerranée/Maghreb 2010", je l'inscris dans le challenge de Laure "à tout prix"
Bonne lecture,
Denis