Oh ! laissez-moi rêver !
Les étoiles scintillent ;
Le ciel est parsemé de leurs pâles clartés :
Sur la terre endormie où les vers luisants brillent,
L'astre des nuits répand ses rayons argentés.
La nature s'endort sous l'aile du silence ;
A peine un doux murmure ose-t-il s'élever ;
Tandis que tout repose, il fait bon lorsqu'on pense,
Oh ! laissez-moi rêver !
Oh ! laissez-moi rêver ! Je veux poursuivre un songe ;
Je veux, pour un instant, le ressaisir encor ;
moi Je veux jouir toujours de ce si doux mensonge ;
Je veux rêver tout seul pendant que chacun dort.
Il fait si bon songer à tout ce que l'on aime,
Au secret que le coeur se plaît à conserver,
A tous ces vains désirs que l'on détruit soi-même !
Oh ! laissez-moi rêver !
Oh ! laissez-moi rêver ! Voyez, la nuit est belle ;
Le zéphyr s'est tu pour me laisser songer.
Dans l'océan d'azur où l'étoile étincelle,
Au sein du firmament je voudrais plonger.
Je voudrais, transporté sur des ailes de flamme,
Monter, monter, toujours, sans jamais arriver
Et contenter enfin les désirs de mon âme.
Oh ! laissez-moi rêver !
Oh ! laissez-moi rêver ! C'est si doux, un beau rêve !
La vie a bien assez de peine et de douleur !
Quand on fait un beau songe, il faut bien qu'on l'achève ;
Mieux vaut se croire heureux, même au sein du malheur !
Mais la nuit va s'enfuir à l'aspect de l'aurore ;
Mon beau rêve si doux, je veux le conserver !
Oh ! je vous en supplie, il en est temps encore,
Oh ! laissez-moi rêver !
André BESSON