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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 22:09

Oedipe Roi de Sophocle (Librio - 96 pages - juillet 1994)

Texte établi et traduit du grec par A. Dain et P. Mazon

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Tout le monde connait Oedipe de par le "complexe d'Oedipe" développé par Sigmund Freud.

Mais, ici, avec Sophocle, on revient aux sources.

Il est bon de se rappeler ce qu'est ce mythe grec : Le roi de Thèbes, Laïos, consulte l'oracle de Delphes qui lui prédit que le fils qui lui naîtrait le tuerait et épouserait sa mère. Quand Oedipe naquit, sa mère Jocaste l'abandonne sur le mont Cithéron après lui avoir percé les chevilles avec une aiguille et les lui avoir liées avec une lanière. Des bergers le recueillirent et l'appelèrent Oedipe (pied enflé) et il fut adopté par le roi de Corinthe, Polybos et sa femme Périboéa. Oedipe apprend la prédiction et quitte la ville pour ne pas tuer son père. Il trouve sur sa route Laïos, se querella avec lui et le tua. Il réussit à déjouer le Sphynx qui terrorisait Thèbes, lequel se tua et Oedipe arrive en bienfaiteur. Il épouse alors Jocaste, après avoir été nommé roi, sans savoir qu'elle était sa mère. 4 enfants naquirent de cette union dont Antigone.

 

C'est à ce moment-là que débute la tragédie de Sophocle (497 - 405 av. JC). Il est l'un des grands auteurs grecs, a écrit 123 pièces mais seulement 7 pièces dont celle-ci nous sont parvenues dans leur intégralité.

 

Un groupe d'enfants accompagné d'un prêtre de Zeus vient interpeller Oedipe, leur roi car Thèbes est infestée par la peste qui menace la population. Oedipe est très sensible à leur peine et il leur dit qu'il fera tout ce qu'il peut pour éradiquer cette maladie dévastatrice. Créon, le frère de la reine Jocaste, dit que le seul moyen est de tuer celui-là même qui tua Laïos. Le coryphée annonce alors que seul Tirésias serait en mesure de révéler le nom. On le fait venir, lui, l'aveugle devin. Et il commence à parler pour finir par révéler que c'est Oedipe le coupable. Aussitôt, Oedipe s'en prend à Créon, criant au complot contre lui. Il faut l'intervention de Jocaste pour calmer les deux hommes.

Oedipe veut que Jocaste lui dise tout ce qu'elle sait des circonstances de l'assassinat de son mari. Et au fil des descriptions, il se rend compte que c'est bien lui le criminel. Cependant il dit que le témoin, un berger, a parlé de brigands au pluriel. Il faut donc le faire venir pour qu'il explique à son tour ce qui s'est réellement passé. Un corinthien surgit annonçant la mort de Polybe, le père d'Oedipe, qui hérite ainsi de son royaume. Seulement, il finit par dire qu'Oedipe n'est pas le fils de Polybe. La réalité saute alors aux yeux. C'est bien Oedipe qui a tué Laïos et épousé sa mère comme l'avait prophétisé l'oracle.

Jocaste se tue en se pendant et Oedipe se crève les yeux près à partir vers le lieu où il avait été abandonné, seul endroit où il n'aura plus qu'à attendre la mort.

 

Sophocle, dans cette tragédie, reprend très précisément le mythe d'Oedipe et conclut sa pièce avec  cette phrase à méditer : "Gardons-nous d'appeler jamais un homme heureux, avant qu'il ait franchi le terme de sa vie sans avoir subi un chagrin".

 

On retrouve la structure classique avec choeur et coryphée pour répondre aux uns et aux autres. Le texte est passionnant. Un conte en forme de tragédie où la réalité est longue et difficile à se faire connaitre. La destinée humaine est fragile et Sophocle le montre bien ici où le roi devient un vagabond errant.

 

Sénèque, Corneille, Hugo von Hofmansthal, Gide et Cocteau ont également écrit des pièces sur Oedipe, mythe sans fin que Freud a fait "l'attachement des fils à leur mère avec rejet du père".

 

Bonne lecture,

 

Denis

 

Deuxième lecture pour le challenge "En 2014, je lis du théâtre" organisé par Ankya et deuxième tragédie après "Prométhée enchaîné" de Eschyle, encore ici un excellent moment de lecture.

 

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commentaires

C
<br /> J'adore cette pièce, que j'ai même jouée à l'occasion (au temps de mes expériences de théâtre universitaire). Je me rappelle d'une traduction assez convaincante chez Minuit. Je regrette de<br /> n'avoir pas le temps de te suivre dans ta (re)découverte du théâtre antique. Un petit conseil peut-être pour finir :tu peux aussi essayer le théâtre de Sénèque, une partie peu connue -à<br />  tort- de l'oeuvre du philosophe.<br />
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D
<br /> <br /> En effet Sénèque est prévu pour février car je pensais le lire ce mois-ci mais je veux lire deux autres grecs ce mois-ci : Euripide et Aristophane.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Je ne me lasse jamais des tragédies grecques et y reviens très souvent.<br />
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D
<br /> <br /> Je pense qu'avec cette série de janvier, je ferai comme toi, lire les autres pièces et y revenir...<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> C'est une pièce sublime !<br />
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D
<br /> <br /> En effet j'ai vraiment aimé, je vais devenir un inconditionnel des "tragédies grecques", moi qui craignais m'ennuyer, franchement, non, pas un instant, mais je relis d'abord le mythe dans un<br /> dictionnaire que je vais présenter ici car il est précieux pour comprendre les enjeux et ensuite on se laisse conduire par les mots de l'auteur.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Oh le magistral Sophocle !<br />
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D
<br /> <br /> Oui, c'est génial, au-delà de mes attentes d'ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br />

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