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La surprise de l'amour de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux
(Livre de Poche - 185 pages)
Préface et notes de Françoise Rubellin
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Je n'avais encore jamais lu de pièces de théâtre de Marivaux (1688-1763). Et oui cela arrive, d'où mon intention de lire (ou relire) des classiques pour combler des "lacunes".
Deux pièces du même nom ont été écrites par Marivaux , la première en 1722 pour le théâtre-italien de Paris et la seconde (que l'on appelle justement "la seconde surprise de l'amour") en 1727 pour le théâtre français.
Les deux pièces ont été écrites pour des acteurs et actrices que Marivaux connaissait bien. Melle Silva pour le théâtre-italien et Adrienne Lecouvreur pour le théâtre-français.
Et Adrienne Lecouvreur (1692-1730) a été considérée comme la plus grande actrice de l'époque. Elle a inspiré un opéra de Scribe et son personnage a été interprété au cinéma par Sarah Bernhardt.
Pour rappel, on parle de "marivaudage", en référence aux oeuvres de Marivaux : "échange de propos galants et précieux". Cette dénomination s'est créée du vivant même de Marivaux.
Et c'est bien de cela qu'il est question dans "La surprise de l'amour". Le marivaudage, c'est tout un travail sur les mots, leurs interprétations par les personnages, les redites qui vont finir par être le révélateur de l'amour enfin exprimé.
Je l'annonce dès à présent, je n'ai lu que la première version, celle de 1722. J'avoue n'avoir pas été suffisamment "subjugué" pour me précipiter sur la version de 1727.
La nouveauté de cette pièce vient de ce que les personnages vont s'apercevoir seulement à la fin qu'ils s'aiment, alors que dans les autres oeuvres, les personnages sont amoureux dès le début.
Sept personnages qui vont former trois couples tandis que l'un d'eux, el baron, ne fera qu'une furtive apparition.
Pierre est jardinier de la Comtesse tandis que Jacqueline est servante de Lélio. Tous deux ont le parler local et c'est dans ce langage que débute la pièce :
Pierre : "Tiens, Jacquelaine, t'as une himeur qui me fâche. Parqué encore faut-il queuque parole d'amiquié aux gens".
Rassurez-vous, il n'y a que quelques pages dans ce langage, la suite des trois actes est présenté dans un français très lisible (dans la version du Livre de Poche il y a un glossaire en fin de volume, ainsi que des notes complémentaires. Exemple pris de la phrase ci-dessus : Parqué est un juron formé sur par Dieu.
Ils vont comprendre qu'ils s'aiment et s'aperçoivent très vite que la comtesse et Lélio ont également des sentiments d'amour entre eux, malgré le refus bien énoncé par Lélio qu'il a renoncé à jamais à l'amour. Il confie ces pensées à Arlequin son valet.
Mais voilà qu'Arlequin est en contact avec Colombine, la suivante de la Comtesse. Et ces deux-là vont également découvrir leurs sentiments réciproques.
Pour être complet, je rappellerai qu'Arlequin est un personnage récurrent de la comedia dell'arte. Il revient dans neuf pièces de Marivaux, c'est dire l'importance qu'il a pris à cette époque. Il est le valet comique et est connu pour sa bouffonnerie.
Colombine est également issue de la comedia dell'arte où elle est insolante et amoureuse taquine d'Arlequin.
Trois actes, donc, pour arriver à unir ces trois couples.
Ce théâtre fait partie de l'histoire littéraire et j'y reviendrai en 2014, qui sera, entre autres, pour moi, celle de la rencontre du théâtre des origines à nos jours...
Bonne lecture,
Denis
Cette pièce écrite et jouée en 1722 entre dans le challenge de Julie "challenge de 0 à 9" puisque du 11 novembre au 10 décembre, le chiffr 2 est retenu comme terminaison d'une oeuvre parue la première fois dans une année se terminant par 2, ce qui est le cas ici.
http://liresouslemagnolia.unblog.fr/2013/09/11/challenge-0-a-9/