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La résistance française à Buchenwald par Olivier Lalieu
(Tallandier - collection Texto) - 441 pages - janvier 2012
Première édition : 2005
Préface de Jorge Semprun
Le camp de Buchenwald a été créé en 1937 pour les opposants au régime hitlérien, ce qui rappelle que le camp est situé en Allemagne à mi-chemin entre Francfort et Berlin.
A partir de 1939, les déportés polonais, tchèques... commencent à arriver en masse. Les franais vont arriver plus tard, essentiellement en 1944. C'est à cette époque que s'organise la résistance française, objet de ce livre.
(Buchenwald, entrée principale - Image Internet)
Après une courte préface de Jorge Semprum, l'un des célèbres prisonniers de Buchenwald, l'auteur, historien au Mémorial de la Shoah, présente l'univers de Buchenwald décrit par les frères Michaut comme suit : "Une ville, ville de crime et de souffrance, de vol et de démence. Ville de haine et de vengeance, ville de froid et de faim. Ville de mort."
Phrases choc pour décrire avec véracité l'ambiance de ce terrible camp.
Deux français venus d'horizons politiques et familiaux très différents arrivent en 1944 à Buchenwald et commencent à organiser une résistance à l'oppresseur allemand : Marcel Paul, communiste, résistant actif dès juillet 1940 ; Henri Manhès, lui, a été adjoint de Jean Moulin à partir de 1940. Ensemble, ils vont créer au camp, le "Comité des Intérêts Français" (CIF), cumulant ainsi leur volontarisme et leur stratégie de rassemblement.
Les français, mal aimés des autres prisonniers étrangers, par cette organisation de résistance, vont prendre en main leur destinée et celle de leurs compagnons d'incarcération. Le seul bémol vient de ce que les "politiques" ont pris le dessus sur les "droits communs". Aussi, quand il faut rayer des noms sur la liste des "transports (vers d'autrs camps, tel le terrible Dora), les droits communs seront préférés aux "camarades".
Car, c'est là pour moi, le moment "choc" de ce livre : résister c'est avant protéger ses amis contre les autres? Car s'il faut 1 000 sacrifiés, les allemands en voudront 1 000. C'est un contre un et non une réelle sauvegarde de vies humaines.
Les communistes, rompus au militantisme et à la résistance, inculquent autant que faire ce peut leur "organisation". Manhes aura été celui qui aura essayé de rééquilibrer les forces résistantes.
La résistance, c'est sauver des amis, mais c'est aussi améliorer la vie dans le camp pour tous : partage des colis, organisation de loisirs... Et aussi, saboter le travail commandé aux prisonniers, telles des bombes à assembler.
La libération du camp a été l'objet de controverses : sont-ce les américains qui ont libéré le camp le 11 avril 1945 ou sont-ce les français résistants du camp qui ont conduits à cette libération par une insurrection contre les allemands...
On l'aura compris, ce livre est très complet, très bien documenté. C'est un excellent travail d'historien que nous restitue Olivier Lalieu.
Ce livre ne se lit pas comme un roman, mais comme un véritable livre d'histoire qu'il est, avec exigeance. Des notes en bas de pages, de nombreuses pages d'annexes et de documents, des plans permettent de compléter cette lecture passionnante, parfois aride, tout de même.
Merci à Newsbook et à Tallandier pour m'avoir permis de lire ce livre de haute tenue historique.
Bonne lecture,
Denis
Un livre à lire en complément à ce livre : le récit de Jorge Semprun de son séjour à Buchenwald