La marche en forêt de Catherine Leroux
Editions Carnet Nord/ Montparnasse 288 pages - Août 2012
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J'ai eu l'occasion de faire une première et rapide présentation de ce livre lors d'un "mardi sur son 31".
Je viens d'achever ce livre après avoir eu d'autres livres en cours à terminer avant celui-ci.
Il est paru l'an dernier au Canada aux éditions Alto. La presse québécoise a titré alors "audacieux premier roman". Je vous renvoie à cet article très bien fait pour tenter de résumer ce livre.
En effet, on suit des épisodes de la famille Brûlé sur plusieurs générations et sans que la chronologie soit forcément respectée.
On craint parfois de se noyer dans cette famille. Heureusement, un généalogie en début de livre nous permet de nous repérer sur les liens familiaux entre les uns et les autres.
Et j'avoue avoir pris des notes au fur et à mesure que je lisais les épisodes de chacun.
Par exemple : Tristan et Justine fouillent la maison de Fernand pendant qu'il est au cinéma et ils tombent sur le viagra qu'il utilise.
Justine s'est isolée pendant un mois. Elle a pleuré, regardé la TV et lu des livres sans passion. Elle demande alors à son frère Tristan de venir la chercher.
Justine et Tristan reviennent ainsi dans ce roman, alors qu'entretemps on a parlé de Luc et Jacques, d'Emma.
Et l'on s'aperçoit que, dès lors où l'on a pris soi-même ses marques pour ne pas se perdre dans les méandres de cette famille, on lit un livre FORMIDABLE. Un livre qui ne peut nous laisser indifférents.
On vit en filigrane l'ultra-violence d'Alma, une des "ancêtres" de la famille, qui passe la moitié de sa vie en forêt car elle a des origines amérindiennes. On voit Fernand renaître à l'amour peu après la mort de sa femme Thérèse en épousant Emma. Mais la maladie d'Alzaheimer va ruiner leur amour. Un des jeunes Brûlé, Hubert, enfermé dans ses jeux video, a violé 8 jeunes femmes. Il est alors condamné à huit ans de prison et va rencontrer la religion pour s'en sortir. Malgré cela, son père, Normand, ne peux lui pardonner ces actes horribles. Justine, elle, va s'occuper de Jean un autiste, qu'elle va ramener à la vie au point de faire l'amour avec lui et d'avoir un enfant, ce qu'il ne saura jamais...
Une "drôle de famille", décrite par fragments qui sont autant de "courtes nouvelles" parfaitement écrits. On prend vraiment plaisir à lire ces pages sachant que l'on aura des surprises très fréquemment, car cette famille est composée d'êtres dont les sentiments, les actions sont régulièrement imprévisibles.
Il faut donc se laisser porter par ces textes emboités comme des poupées gigognes. Certains personnages sont sympathiques, d'autres pas du tout. Et cela forme une famille... Ne vivons-nous pas cela, même si la nôtre n'a sûrement pas ces travers. La littérautre est justement là pour transcender la réalité. C'est là tout son charme. Et n'oublions pas la nature dans ce livre. Elle donne son titre au livre et la forêt est le refuge pour beaucoup. Et au Canada, la forêt, c'est la vie...
Un livre coup de coeur, lu grâce à l'éditeur, Carnet Nord qui m'a envoyé ce livre cet été et que je remercie chaleureusement.
Un premier roman de qualité, que je classe dans le "défi premier roman" chez Anne
Egalement dans le cadre du challenge rentrée littéraire chez Hérisson
6/7
Bonne lecture,
Denis
Et j'inaugure la collection de textes "littérature francophone d'ailleurs" avec ce livre québécois français. A noter un certain nombre d'expressions canadiennes expliquées en bas de page.
Exemple : bran de scie = sciure de bois ; des accroires = des mensonges