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Les images sacrées de l'Eglise orthodoxe sont au coeur de la tradition russe.
Jusqu'au 24 mai , au Louvre , une exposition explore mille ans d'histoire
de la Russie chrétienne.
" Sainte Russie , l'art russe des origines à Pierre le Grand ".
" SAINT GEORGES terrassant le dragon "
Peinture sur bois , 58 x 41,5 cm
Cette icône est actuellement exposée au Louvre ( exposition Sainte Russie ).
Chefs- d'oeuvre de l'art chrétien , les icônes , pour être exportées , doivent être accompagnées d'un certificat
du ministère de la Culture attestant de l'âge de l'icône.
Si une icône a plus de 100 ans , elle ne sort pas du territoire.
Description de l'icône
1) Saint Georges sur son cheval blanc tient une lance et terrasse le dragon à ses pieds.
Depuis le XIIIè siècle , l'allégorie de saint Georges combattant le diable est un sujet récurrent de la peinture d'icônes.
Saint patron de la Géorgie , ce personnage légendaire est une figure majeure de la Russie.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale , une division de l'Armée rouge portait même son nom !
Né en Cappadoce de parents chrétiens , officier dans l'armée romaine , il traversa un jour , dit la légende , une ville terrorisée par un dragon dévorant les animaux et les enfants.
Pour sauver la fille du roi , Georges engagea alors un combat acharné avec le monstre et finit , avec l'aide du Christ , par le vaincre.
Plus tard , il fut victime des persécutions antichrétiennes de l'empereur Dioclétien et subit en Palestine un martyre effroyable.
D'abord ébouillanté puis broyé sous une roue , il survit miraculeusement et finit par être décapité.
Dans l'ancienne Russie , saint Georges symbolise l'idéal chevaleresque.
Il est protecteur des guerriers mais aussi des travaux champêtres et de l'élevage.
Pour l'Eglise orthodoxe , il incarne la victoire de la foi sur le mal.
2) Dans le coin supérieur droit , la main de Dieu nous indique que saint Georges est l'instrument de la volonté divine. Il en est de même pour le peintre d'icônes considéré comme un intermédiaire
entre Dieu et l'homme.
La peinture religieuse est un ministère sacré. On s'y prépare par la prière.
Avant de peindre , l'artiste doit mener une vie d'ascète et observer une période de jeûne et de silence.
C'est par cette lente transformation de lui - même qu'il acquiert la juste visison , " l'oeil du coeur ".
Car l'icône n'est pas une simple représentation.
C'est une transcription de l' Evangile en peinture - la Bible n'a été traduite en russe qu'au XIX è siècle.
Mais c'est surtout un témoignage sacré de la présence divine , une image sainte vénérée avec crainte , comme les reliques des saints.
Dès que le travail du peintre est terminé , son icône est bénie par un prêtre avant de rejoindre une église ou une maison.
Mais elle n'acquiert sa qualité d'icône que par sa participation active à la liturgie.
Alors , on la vénère en faisant brûler des bougies et de l'encens.
On l'embrasse et on la touche.
Pour le peuple russe , les icônes sont une source constante d'énergie spirituelle et de miracles.
3) Admirez la courbe du cou du cheval qui répond à celle du halo.
Du grand art ! Eh bien , non ! Dans l'orthodoxie russe , la création d'icônes n'est pas un art , mais un métier.
Les peintres sont tenus de suivre à la lettre les normes et les canons dictés par l'Eglise orthodoxe.
Chaque iconographes dispose d'un manuel des bonnes pratiques et d'un recueil de modèles à copier.
Le peintre est un simple instrument de réplication d'images.
D'ailleurs , aucun artiste ne signe son travail.
Personne ne les connaît ni les reconnaît.
Certaines icônes sont même considérées comme étant le fruit d'apparitions miraculeuses , sans intervention de la main de l'homme.
Dans la pratique traditionnelle , le support en bois est recouvert d'une toile de lin , puis d'une préparation à base de craie mélangée à de la colle d'esturgeon , le levkas , posée en
plusieurs couches et polie à l'aide d'une dent d'ours.
La peinture est un mélange de pigments et d'oeuf.
Pour conserver l'éclat des couleurs , la composition est recouverte d'une couche de vernis.
Face à ce travail répétitif et sans fin , des documents historiques ont témoigné de la frustration et de la dépression dont souffraient souvent des peintres d'icônes de l'ancienne
Russie.
4) Regardez au centre le bouclier de Saint Georges ( sous son pied ) , il symbolise le soleil.
Dans une icône , tout est symbole.
La planche de bois servant de support fait référence à la croix du Christ.
Le rouge évoque le sang du martyr ; le brun - vert des montagnes de l'arrière - plan , la vie renaissante ; le blanc , la sainteté.
Quand à l'or souvent utilisé pour les fonds , il rappelle la lumière éternelle.
Car il ne s'agit pas ici de représenter le monde réel , mais une vision idéale.
C'est une consigne héritée de la violente crise iconoclaste byzantine qui vit au VIII è siècle la destruction et l'interdiction des icônes , accusées de déshonorer les saints en les montrant en
chair et en os.
L'Eglise orthodoxe russe a donc toujours veillé à ce que les saints ne soient pas représentés de manière trop réaliste.
Résultat : ces formes schématisées à l'extrême et ces corps comme figés , si caractéristiques de son art.
Une manière de désincarner les figures sacrées.
( Source : ça m'intéresse - mars 2010)
Petite anecdote
Dans la ville de Mons ( Belgique ) chaque année lors de la fête
du " DOUDOU " , Saint Georges terrasse le Dragon .
Ce Combat dit "Lumeçon", issu d'un jeu médiéval, oppose Saint Georges et le Dragon aidés tous deux par de nombreux alliés. Il symbolise la victoire du bien sur le mal.