BLOC D'UN COUPLE PASSIONNE DE LIVRES, ART , HISTOIRE, LITTERATURE ET COLLECTIONNEURS DE MARQUE-PAGES.
Dans le cadre du blogoclub, le thème choisi pour le 1er septembre 2013 est la littérature irlandaise.
J'ai choisi pour ma part un auteur que je ne connaissais absolument pas, donc j'ai pu le lire sans a-priori.
Edna O'Brien a tout de même écrit : "Avec Joyce et Beckett il constitue notre trinité de grands écrivains irlandais".
Mes yeux ont tout de suite pétillé à la bibliothèque, cela aurait pu se voir en me regardant, et donc je suis reparti avec ce livre, de plus publié chez un éditeur que j'aime particulièrement :
L'Archiviste de Dublin de Flann O'Brien (Phébus-Libretto - 240 pages)
Traduit de l'anglais (Irlande) et présenté par Patrick Reumaux
Titre original : "The Dalkey Archive" (1964)
D'entrée Patrick Reumaux dans sa préface nous prévient : "En 25 ans, j'ai écrit 10 livres sous quatre noms de plume totalement incompatibles et sur des sujets n'ayant pas le moindre rapport entre eux..."
L'on a tout de suite compris que l'on ne va pas rentrer dans un roman "classique", mais dans un roman qui va nous entraîner dans un drôle de monde.
Et de fait voici le premier paragraphe du roman : "Dalkey est une petite ville sur la côte à environ douze milles au sud de Dublin. C'est une ville ahurissante, repliée sur elle-même, tranquille, faisant semblant de dormir. Les rues sont étroites, pas évidentes comme rues avec des croisements qui paraissent accidentels. Les boutiques ont l'air fermées mais sont ouvertes. Dalkey ressemble à une modeste colonie qui doit être (se dit le voyageur) très proche d'un endroit fameux par son importance et sa distinction. Et c'est le cas: vestibule d'une synopticité divine".
(Synopticité n'existe pas en français mais synopticity existe en anglais et serait utilisé dans la bible, ce qui annonce le côté mystique et théologien d'un des personnages, Mr de Selby.)
Un superbe style décoiffant d'entrée de jeu. Et dans cette sombre ville, une nuit, deux amis Mick Shaughnessy et Hackett tombent sur un homme blessé, Mr de Selby, physicien et théologien. Complaisamment, ils le raccompagnent chez lui. Et alors, le "brave homme" les informe qu'il a trouvé une substance chimique qui supprime l'oxygène et peut alors tuer tout être vivant sur terre. Il lui reste à trouver comment véhiculer sa substance pour qu'elle se répande dans le monde entier instantanément.
Cette révélation ne semble pas effrayer les deux amis qui rentrent chez eux en prenant rendez-vous le lendemain à huit heures avec l'étrange Mr de Selby.
Le rendez-vous est prévu pour qu'ils plongent avec lui vers une grotte souterraine. Et là, le "savant fou" entre en contact entre autre avec Saint Augustin...
Cette partie du roman est délirante, vous pouvez l'imaginer.
C'est alors que Mick, le héros principal que l'on suit tout au long du roman, se dit qu'il faut quand même faire quelque chose pour éviter cette extermination. Il en parle à un ami policier , le sergent Fottrell, et ils fomentent un plan pour aller subtiliser le produit.
Et une autre histoire vient absorber Mick, car on lui dit que James Joyce est revenu en Irlande et vit isoler et incognito dans une station balnéaire au nord de Dublin, Skerries.
Mick ne peut pas laisser passer sa chance de rencontrer le grand écrivain et il part à sa recherche et finit par le trouver, mais bien sûr, personne ne doit rien savoir de lui. D'ailleurs, il nie être l'auteur d'"Ulysse" (écrit par des pornographes qui ont usurpé son nom).
L'objectif pour Mick est de faire rencontrer Joyce et De Selby, mais entretemps, Joyce souhaite devenir jésuite et Mick lui fait rencontrer le père Cobble.
L'archiviste de Dublin, c'est Joyce.
Vous aurez compris que ce roman est une "farce" à caractère philosophique, prenant la religion et la littérature en "défaut". Et qu'il ne faut y chercher aucune rationnalité.
Le temps est aboli, sans doute, grâce à De Selby. La question reste : Mick pourra-t-il empêcher le savant fou à réaliser son rêve d'extermination...
Je ne suis pas sûr que je lirai d'autres livres de cet auteur aux noms multiples. Par contre, je resterai un fervant lecteur de Joyce et Beckett.
Bonne lecture,
Denis
Ce livre rentre aussi dans le challenge Commonwealth du blog "la bouteille à la mer"
ainsi que pour le challenge British Mysteries organisé par Lou et Hilde :