Kitchen de YOSHIMOTO Banana
(Gallimard - "Du monde entier" - mars 1994 - 150 pages)
Traduit du japonais par Dominique Palmé et Kyoko Sato
Titre original : Kitchen - 1988
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Ce livre a eu un réel succès lors de sa sortie. L'auteure avait 23 ans lors de la sortie au Japon de son roman avec plus de 2 millions d'exemplaires vendus. Il paraissait en France 6 ans plus tard dans la célèbre et excellente collection "Du monde entier" chez Gallimard.
C'était alors le premier texte publié en France de YOSHIMOTO Banana. Elle a assez peu publié depuis et est plutôt oubliée.
En fait, deux textes composent ce livre : Kitchen (100 pages) qui donne son titre à ce livre et Moonlight (une nouvelle d'un peu moins de 50 pages).
J'ai trouvé beaucoup de qualités d'écriture dans ce livre. L'auteure sait nous intéresser à ses personnages, les présentant dans leur milieu naturel. Et bien sûr, le titre du livre montre bien que le paradis de Mikage Sakurai c'est "la cuisine".
Le roman débute ainsi, donnant le ton : "Je crois que j'aime les cuisines plus que tout autre endroit au monde. // Peu importe où elles se trouvent et dans quel état elles sont, pourvu que ce soient des endroits où on prépare des repas, je n'y suis pas malheureuse."
Depuis la mort de sa grand-mère, Mikage vit seule et s'est installée dans la cuisine. Un grand ami de la famille, Yuichi Tanaba, lui propose de s'installer chez lui. Elle est présentée à Eriko, la mère de Yuichi, mais elle apprend presque aussitôt qu'elle est en fait le père de Yuichi. Elle a décidé de changer de sexe après la mort de son mari et à présent elle tient un bar de travestis.
Mikage s'en accommode sans difficultés et se met à cuisiner pour le trio pous son plus grand plaisir, suivant par ailleurs des cours de cuisine à l'école. Un malheur va survenir car chez l'auteure la mort est très présente, avec toujours en tête les disparus qui viennent les visiter pendant leur sommeil ou leurs rêveries... Mikage et le jeune hommes vont se rapprocher un peu plus, se demandant s'ils sont amoureux l'un de l'autre... On s'attache à ces deux "paumés" dans un monde qui leur échappe.
"Moonlight shadow" parle également de mort car Satsuki perd son amant Hitoshi dans un accident. Il était alors dans la voiture avec Yumiko, la fiancée de Hiiraji. Là aussi, deux "orphelins" vont se trouver réunis, Hiiraji à double titre car Hitoshi était son frère. Là encore, y aura-t-il amour entre les deux survivants. On retrouve ici encore deux "paumés" sans attaches qui vont se voir, se croiser régulièrement.
Moins crédible que le premier texte, une histoire "surnaturelle" vient s'incruster avec une femme magicienne, Urara.
Le style de l'auteur, sa qualité de narration claire et limpide font le charme principal de ces deux textes, qui se lisent avec plaisir. Et pourquoi pas manger japonais en lisant ce livre très "culinaire".
Bonne lecture,
Denis
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J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge littérature japonaise d'Adalana, qui se termine en décembre, après une année de lecture d'un auteur par mois, sans consigne pour décembre, puisque l'auteur était librement choisi. Kitchen étant dans ma bibliothèque depuis de longues années, c'était l'occasion de le lire.
Merci Adalana pour cette belle année (j'ai juste manqué octobre et novembre, sinon j'ai lu tous les autres auteurs proposés entre janvier et septembre).
Après une pause pour une très bonne cause personnelle, Adalana pense revenir à un challenge sur cette littérature très riche... A suivre
donc...
http://adalana.wordpress.com/2012/12/07/challenge-ecrivains-japonais-2013/