Karnak Café de Naguib Mahfouz - Editions Actes Sud - 115 pages - novembre 2010
Traduit de l'arabe (Egypte) par France Meyer ( titre original Al-Karnak - 1974)
Merci Hubert Nyssen de nous avoir fait découvrir des auteurs tels Naguib Mahfouz.
Je publie cet article dans le cadre de l'hommage rendu à Hubert Nyssen chaque 12 du mois tout au long de l'année à venir.
Et le 12 novembre, pour clôturer l'année d'hommage, un livre d'Hubert Nysen sera présenté par chacun des blogs qui auront participé à la chaîne de l'amitié littéraire.
Pourquoi avoir choisi Naguib Mahfouz?
Sans doute parce qu'Hubert Nyssen a été, depuis 1983, l'éditeur français de référence pour présenter l'exceptionnelle oeuvre littéraire de Naguib Mahfouz, Prix Nobel de Littérature en 1988.
Voici ce qu'écrit Hubert Nyssen lorsqu'il apprend la mort de Naguib Mahfouz :
"La nouvelle s’est glissée entre deux hurlements du mistral… Naguib Mahfouz est mort au Caire. Il avait failli périr dans une tentative d’assassinat par deux fanatiques islamistes en 1994 et, ne pouvant plus écrire de la main droite, il avait dû se résoudre à dicter ses livres. C’est vers l’écrivain et l’homme de vérité que, ce soir, en même temps que se multiplient les hommages publics, vont les pensées de ceux, dont nous sommes, qui ont eu le privilège et la fierté de l’éditer".
Ce roman écrit en 1971 (publié en egypte en 1974) a été publié tardivement en France en 2010.
L'action se passe au Caire au milieu des années 1960. Qurunfula, ancienne danseuse, est devenue gérante du café Al-Karnak. Là, de jeunes gens s'y réunissent et parlent essentiellement politique.
Le narrateur fait partie de ceux qui fréquentent ce café. Le récit est décomposé en 4 chapitres ce qui permet de mieux connaitre les "protagonistes" du roman. Tout d'abord, Qurunfula, puis Ismaïl, Zaynab et Khalid.
Page 17 : "Je devins membre à part entière de la tribu du Karnak et en partageai le quotidien le plus intime. Qurunfula m'offrit son amitié; je lui offris la mienne."
C'est dire qu'il se crée des liens d'amitié très forts entre tous les "clients" du café. L'un des étudiant est l'amant de la gérante : Hilmi.
Et puis, brusquement, 3 étudiants disparaissent pour revenir plus tard, expliquant qu'ils ont été arrêtés par la police, suspectés d'appartenir aux "frères musulmans" et mis en prison. Lors d'un autre séjour en prison, Hilmi meurt.
Et survient la guerre des six jours en juin 1967. L'attaque surprise des israéliens a causé un grand traumatisme en Egypte et plus généralement dans les pays arabes.
Tout le bruissement de ces terribles années se révèle dans ce roman où l'amitié reste une valeur sûre pour tous.
Karnak café, c'est le lieu d'échange entre les générations, où chacun peut s'exprimer librement défiant la censure et la police égyptiennes.
Un grand roman que l'on pourrait classer de "politique". Un film égyptien en a été tiré, a été censuré par la télévision.
Un combat mené par Naguib Mahfouz tout au long de sa vie littéraire et qui lui a valu d'être couronné par le plus prestiieux des prix littéraires : le Nobel de Littérature.
Un livre à découvrir et encore plus un auteur à lire et relire chez Actes Sud, dans la collection "Mondes Arabes" mais aussi dans la belle collection de poche "Babel".
Pour les plus gourmands dans la collection Thésaurus :
Bonne lecture,
Denis
(J'ajouterai ce soir les liens vers les blogs qui auront participé à cet hommage)