BLOC D'UN COUPLE PASSIONNE DE LIVRES, ART , HISTOIRE, LITTERATURE ET COLLECTIONNEURS DE MARQUE-PAGES.
Gaby et son maître d'Arthur Bernard
(Editions Champ Vallon - août 2013 - 120 pages)
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J'ai lu ce livre en juin 2013 dans le cadre du jury du prix du roman FNAC. Et voir le haut du portrait de Samuel Beckett sur la couverture m'a donné une prodigieuse envie de lire ce livre qui allait me faire entrer dans l'univers du grand auteur.
Alors, oui, il y a de beaux passages, quand le narrateur parle de son maître, mais il y a aussi des pages de "délires" qui gâchent quelque peu l'intérêt du livre, hélas. J'aurais envie d'appeler ces pages "de la bouillie de mots". Sans doute, le narrateur veut se mettre à la hauteur du "maître" mais il n'y parvient pas.
Je, c'est Gabriel Lavoipierre, dit Gaby et il, c'est le maître, qu'il ne faut pas nommner tellement son oeuvre est grande. Et les deux hommes ont été presque voisins sans jamais se parler. Gaby n'ose pas l'aborder.
Une jeune fille canadienne va le croiser, le reconnaître au jardin du Luxembourg près de la statue de Marie Stuart mais le maître lui fait "chut" et c'est tout. C'est son seul mot qui sera entendu.
Ils se sont souvent croisés dans la station de métro Glacière, Gaby tombant en admiration devant Sam... car il ne faut pas le nommer par son nom intégral.
Par chance, l'épouse de Gaby a travaillé en classe d'anglais sur l'oeuvre du "Maître", ce qui lui a permis de recevoir une lettre de Sam... que Gaby a fait sienne.
Et puis, le Maître est mort, enterré à Montparnasse.
L'auteur, qui a publié aux Editions de Minuit "la chute des graves" en 1991, intervient pour dire qu'il est fier d'être dans le même catalogue que Samuel Beckett et qui plus est très près de lui de par l'ordre alphabétique...
Dommage donc, qu'il y ait ces pages qui viennent hacher le texte, le mettre à distance de Beckett pour montrer des pans autobiographiques de Gaby.
A noter que l'auteur a publié en 2011, chez le même éditeur, "Gaby le petit", ce qui semble dire que l'on va suivre ce personnage de livre en livre.
Début très prometteur : "J'avais tout lu, relu de lui, en savais par coeur des morceaux entiers, mettant ma voix dans la sienne, sa musique, sa chanson, universelles comme un bruit de feuilles, car quel chanteur, musicien du vent c'était ! // Je le considérais comme mon maître, pourtant ne fûmes en rien familiers".
Page 81 (moins convaincant) : "De cinquième, n'y en avait qu'un tous les sept jours, pas plus de semaine des quatre vendredis qu'une des quatre jeudis tant espérée de mon temps des écoliers tire-au-flanc. Ce jour-là était également jour sans viande, et, aussi bon mécrant que bon catholique rapport au goût exquis du pêché, j'allais y dévorer un steack saignant et toujours au même endroit, un coin qu'on commençait à appeler snack en langue moderne, à l'Odéon, juste face à la statue de Danton."
Une déception avec ces digressions qui rendent le texte haché, laissant le lecteur dubitatif. Dommage alors que le sujet était vraiment intéressant.
Bonne lecture (pourquoi pas, au moins pour les références à Beckett),
Denis
Livre lu dans le cadre du challenge rentrée littéraire 2013 organisé par Sophie Hérisson.
2e titre après mon "coup de coeur" : "Le jardin de l'aveugle " de Nadeem Aslam (livre voyageur qui attend son premier destinataire)
2/6