BLOC D'UN COUPLE PASSIONNE DE LIVRES, ART , HISTOIRE, LITTERATURE ET COLLECTIONNEURS DE MARQUE-PAGES.
Du train où vont les choses à la fin de l'hiver de Francis Dannemark (Robert Laffont - novembre 2010 - 92 pages)
---------------------------------
A noter, outre le titre long qui donne l'impression qu'il doit y avoir une suite..., le sous-titre : roman (de gare).
On comprend très vite le sous-entendu de ce sous-titre : Christopher part en taxi à la gare du Midi à Bruxelles, destination Lisbonne, via Paris et Irun. Il n'aime pas prendre l'avion et en plus il espère bien vivre 24 heures de solitude dans un train...
Sauf que, "du train où vont les chose", il rencontre Emma à l'abord de la gare, quand lui paie son taxi et qu'elle arrive... Et le mauvais temps l'empêche d'ouvrir normalement la portière... En gentleman, il l'aide à sortir du taxi... Et alors, oui, on est ou pourrait être dans un "roman de gare", avec une rencontre romantique qui pourrait se finir en amour !!!
Sauf que, "du train où vont les choses", ce sont des gens sérieux qui fuient leur quotidien, lui, avec détermination, elle par obligation... Et qui vont parler culture notamment pendant le parcours plutôt que "roucouler" dans le (les) train(s).
Et sauf que le hasard fait quand même bien les choses, car il y avait une chance sur un million que deux êtres partent le même jour pour Lisbonne, selon le même parcours, dans le même compartiment, même à Paris puis à Irun...
Mais voilà, Francis Dannemark nous donne du "romanesque", et "de gare", qui plus est. Donc, il faut accepter tous ces hasard qui font bien les choses.
Je voudrais citer deux des trois phrases mises en exergue au livre, car j'avoue les aimer particulièrement :
"On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter." (Emmanuel Kant)
"La vie, c'est comme une bicyclette : il faut avancer pour garder l'équilibre." (Albert Einstein)
On comprend la philosophie de ce roman à partir de ces deux phrases.
Et là, l'incertitude de la rencontre et de ses suites éventuelles est au coeur de cette intrigue littéraire. Et puis, oui, il faut avancer, c'est ce que fait Christopher.
Alors donc, chacun a ses raisons de partir à Lisbonne. On le saura au cours de leurs conversations dans le (les) train(s). Emma va rejoindre sa soeur, récemment veuve, et qui vit à Lisbonne avec sa fille. Christopher, lui, a l'occasion de recommencer une vie là-bas, grâce à Martinho, un ami de ses parents, qui lui a proposé de venir travailler avec lui dans son bar.
De toute façon, Christopher n'a plus rien à perdre, ruiné par la crise économique, qui lui a fait perdre toutes les subventions qu'il aurait pu obtenir pour les spectacles qu'il organisait et qui lui ont été retirées.
Il se dit "déprimé" mais Emma le trouve plutôt enjoué.
Il est cependant dépité de ce monde de consommation :
Page 57/58 : "...Les amateurs de littérature sont usuellement des gens qui voient un peu plus loin que le bout de leur nez et, crime impardonnable, ce sont de médiocres consommateurs. Il vaut donc mieux donner de l'argent aux télévisions, elles font ce que la littérature ne fait pas : elles donnent envie d'acheter. Moi, si je faisais de la politique, je n'aurais qu'un seul slogan : "Moins mais mieux.""
On ne badine pas avec la culture chez Christopher. Se laissera-t-il séduire par Emma sur le quai de Lisbonne ? Eux qui ont eu un destin assez semblable : mariage, divorce, solitude...
Un court roman plutôt sympathique et fin, très bien écrit, qui se lit à la vitesse d'un Bruxelles-Paris en TGV...
Bonne lecture,
Denis
Livre d'un auteur belge lu dans le cadre du "mois belge" rattaché au challenge "littérature francophone d'ailleurs"