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Par DENIS
Derniers témoins de Svetlana Alexievitch (Presses de la Renaissance)
2005 - 380 pages
Traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard
Ce livre est le résultat d'un travail de plus de 20 ans de Svetlana Alexievitch.
L'auteur a arpenté la région de Minsk à la recherche de témoins de la deuxième guerre mondiale dans la région de Minsk (Biélorussie). Et pas n'importe quels témoins, car ils devaient avoir entre 3 et 12 ans au moment de l'invasion de l'URSS par les troupes allemandes en juin 1941.
101 témoignages sont livrés ici, sans aucune "concession". Certaines pages sont insoutenables par l'horreur qui est décrite.
Alors, bien sûr, lire un tel livre au moment des fêtes de Noël, n'est pas très approprié.
Mais je suis ainsi, j'ai décidé de lire des auteurs russes pendant un grand mois et je suis tombé sur ce livre à la bibliothèque.
Je ne regrette pas cette lecture car j'avoue que je ne connaissais pas très bien cette partie de l'histoire soviétique. Pour rappel, Hitler et Staline avaient signé un pacte de non-agression en 1939, mais en 1941, alors que le front ouest se stabilise, Hitler décide de rompre le pacte et ses armées entrent sur le sol soivétique. Et Minsk est une des premières villes envahies.
Et ces jeunes enfants, de tous horizons culturels ont vécu l'horreur au quotidien.
Combien de parents tués sous leurs yeux, d'exode... Minsk et nombre de villages sont incendiés. Alors, il faut survivre tant bien que mal. Les plus âgés s'engagent dans l'armée de libération, auprès des "partisans".
Les exécutions se succèdent également et il faut enterrer les morts... Bref, des souvenirs que certains ont du mal à exprimer. D'autres préfèrent des souvenirs heureux : le retour des parents par exemple, le jouet conservé pendant cette maudite guerre... Diversité des tons pour décrire un même temps. Celui qui va de juin 1941 à la fin de la guerre. On ne sent pas ici le poids du "communisme", comme si la terreur stalinienne était oubliée en un moment où il faut s'unir pour combattre les allemands, le seul ennemi.
Svetlana Alexievich, née en 1948, est une sorte de "mère courage", car elle a eu bien du mal à faire publier ce livre dans son pays. La censure a mutilé son texte à la fin des années quatre-vingt. Et il a été publié, dans sa version définitive de 2004, en France en 2004.
Svetlana Alexievitch a également enquêté sur Tchernobyl, sur les femmes dans la guerre russo-afghane et les femmes soldats dans l'armée rouge. Ses livres restent interdits en Biélorussie. Elle souffre également d'un cancer depuis son enquête à Tchernobyl. En résumé, un écrivain - journaliste de grand talent qui a risqué sa vie et sa liberté pour faire parler les témoins des tragédies russes de ces 50 dernières années. Elle fait partie des "nobélisables"...
Auteur à lire absolument.
Denis
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