Pour ce 5e rendez-vous en mai, l'auteur proposé est MURAKAMI Ryû.
L'auteur, né le 19 février 1952, est sans concessions dans ses romans. Il parle de violence, de sexe, de drogue... sans épargner ses lecteurs. On pourrait
parler de langage "vrai".
Et ce roman rentre indubitablement dans ces récits que MURAKAMI Ryû souhaite mettre à notre "appréciation".
Ce roman est déjà ancien, puisque publié en 1994 au Japon et seulement traduit en France en 2011.
Je n'aime pas trop citer les 4e de couverture, mais cette fois-ci, je m'y soumets pour la dernière partie qui résume bien l'ambiance du roman :
"Murakami a écrit une fable très noire, en forme d'un karaoké littéraire, jouant avec les références aux mangas, à la culture urbaine et aux chansons japonaises de la seconde moitié du XXe
siècle. Un regard d'une lucidité effarante sur une société où seule l'intrusion de la violence donnerait sens à un monde voué à la solitude".
Tout est dit ici, pourrions-nous dire? Alors, il fait s'attacher à son fauteuil pour lire ce livre.
6 jeunes hommes se réunissent autour du karaoké, une de leurs passions et la chanson populaire les accompagne dans leurs soirées
délirantes.
Un soir, l'un d'eux, Sugioka est particulièrement excité et à des pulsions sexuelles intenses qui le conduisent à suivre une femme dans la rue. Il
s'approche d'elle mais il ne cherche pas à la violer, il lui plante un couteau dans la gorge, la laissant morte, là, dans la rue. Cette femme, c'est Yanagimoto Midori et son corps a été
découvert par Henmi Midori, une amie.
Midori, même prénom pour cette amie, car en effet, elles faisaient toutes les deux partie d'une association de 6 femmes "les Midori".
Des femmes bien seules qui se rencontrent régulièrement.
Page 30 : "Les Midori n'étaient pas en manque de mecs, elles divorçaient, se remariaient, elles ne s'étaient jamais senties abandonnées. Elles
n'étaient pas du genre à dépendre de qui que ce soit. Toutes les cinq vivaient très ordinairement, et sans doute parce qu'elles ne savaient pas se montrer affables ou réconfortantes, elles
n'avaient pas beaucoup d'amis, et maintenant qu'elles avaient passé la trentaine, elles ne parvenaient à se faire que des amies qui leur ressemblaient".
Ces braves dames sans histoire souffrent de cette mort atroce et elles décident de se venger. L'assassin a laissé un indice : un badge gagné à un jeu et
les rares vainqueurs notent leur nom. Ainsi, elles retrouvent Sugioki et décident de le tuer. C'est Iwata Midori qui s'attèle à cette tâche ingrate. A bord d'un scotter, elle s'approche du
jeune homme et lui tranche également la gorge et s'enfuit. Une étudiante au visage déformé a vu l'assassinat et va en parler aux jeunes gens venus sur les lieux du crime.
On comprend alors que les deux clans vont tout faire pour s'exterminer les uns après les autres. Mais pour accélérer le mouvement et essayer d'en tuer
plusieurs en même temps, il va falloir des armes plus sophistiquées...
Vous aurez compris que ce livre est souvent très difficile à lire, tant la tension est importante. Alors, bien sûr, ilf aut le lire au "second degré" et
prendre de la hauteur par rapport aux excès de ces deux clans qui deviennent assoiffés de vengeance, de haine et de violence. Ils laissent tout de même souvent passer du temps entre deux
"tueries".
Ce qui fait que le livre se lit tout de même avec envie de continuer, c'est que le style est excellent. On sent que l'auteur a travaillé son sujet et sans
être un "thriller", le roman montre un suspens évident. Et c'est très bien écrit surtout. La littérature n'est pas toujous faite pour "séduire". Elle doit aussi savoir nous dire les travers de
l'être humain, avec la même violence que celle qui est la sienne. C'est bien là un livre sans concessions. Ames sensibles, s'abstenir, oui, mais pas trop... car il ne faut pas non plus vivre en
autruche sur sa planête bien "policée" quand la vie autour de soi est "chaotique". C'est pour moi, la grande leçon donnée par MURAKAMI Ruy, dans ce livre et dans son oeuvre plus
généralement.
Merci à Adalana de nous offrir ces occasions d'approfondir nos connaissances de
la littérature japonaise. Elle fera un récapitulatif des livres lus de cet auteur fin mai.
Et en juin, c'est le prix Nobel OE Kenzobue qui sera à l'honneur, un immense écrivain japonais, à lire impérativement.
Bonne lecture,
Denis