Editions Stock, juin 2009
144 pages
Traduit du catalan par Marianne Millon
Auschwitz, 1944. Les privations et les coups. Les humiliations
s’enchaînent, les hommes sont traités comme des chiens, déshumanisés, ils n’existent aux yeux de leurs persécuteurs que comme des numéros échangeables, de la main-d’œuvre peu chère. Un prisonnier
juif, Daniel, y lutte pour la survie de son âme. Surprenant un concert organisé par Sauckel, le commandant du camp passionné de musique classique, Daniel révèle son talent de luthier pour sauver
son ami Bronislaw, violoniste de génie. Il va alors être mis à l’épreuve et devoir construire un violon imitant le son d’un Stradivarius. Tentant d’oublier pour quelques instants la faim, le
froid, l’horreur, Daniel comprend vite que de la construction de ce violon dépendent leurs vies. Tragique ironie du sort, il va ainsi éviter les expériences de Rasher, le médecin
machiavélique.
Mêlant subtilement réalité historique et fiction, les chapitres s’ouvrent sur des documents : lettres, rapports qui viennent interrompre le récit à la manière d’une pause – glaçante. Petite et
grande Histoire s’entremêlent et se fondent dans une danse fatale et poétique, entre la cruauté et la dignité, deux partenaires aussi rivaux qu’inséparables, pourtant inhérents à la nature
humaine.
À la manière d’une partition musicale, tout vibre et sonne dans le texte, avec des crescendos que constituent les silences, silences irréels qui laissent le lecteur paralysé et sans voix.
Dans la tradition littéraire d’un Primo Levi, Maria Àngels Anglada offre ici une belle résistance à l’horreur en lui imposant l’amour de la musique. L’art comme possibilité de faire vivre la
mémoire.
Maria Àngels Anglada (1930-1999) est l’un des plus prestigieux auteurs catalans.
Philologue, poète, essayiste, romancière, elle a de nombreux ouvrages à son actif. Son premier roman, Les closes, remporte le prix Josep Pla en 1978, tandis que Columnes d’Ores, qui réunit toute sa somme poétique, se voit attribué le prix Lletra d’Or en 1985. Véritable touche-à-tout, cette passionnée d’histoire grecque et de poésie italienne a su imposer une œuvre singulière entremêlant fiction et réalité, faisant du Violon d’Auschwitz un classique de la littérature catalane, qui a séduit la critique comme le public.
C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu ce livre qui
mêle subtilement réalité historique et fiction, les chapitres s’ouvrent sur des documents : lettres, rapports qui viennent interrompre le récit à la manière d’une pause glaçante.
Tentant d’oublier pour quelques instants la faim, le froid, l’horreur, Daniel comprend vite que de la construction de ce violon dépendent leurs vies. Tragique ironie du sort, il va ainsi éviter
les expériences de Rasher, le médecin machiavélique.