9 novembre 2008
7
09
/11
/novembre
/2008
17:26
J'ai lu ce livre cet été et j'ai souhaité faire partager ici mon enthousiasme de lecture.
J'oserai dire en préambule que cet article pourrait s'intituler " Saga famille MANN - 1 ";
Car inévitablement, je reviendrai sur cette fascinante famille d'écrivains.
Klaus MANN, fils de Thomas MANN, est né en 1906 à Munich et mort suicidé à Cannes le 21 mai 1949, un mois après avoir achevé son autobiographie "Le Tournant - Histoire d'une vie".
Inutile d'écrire des repères biographiques détaillés de l'auteur car tout est contenu dans ce livre.
Klaus MANN écrit dans son journal intime le 11 août 1941 : "Mon histoire, c'est le plus sincèrement, le plus exactement possible qu'il me faut l'écrire, avec tous ses aspects déterminés par l'époque, caractéristiques de l'époque et avec sa probématique particluière et unique. (L'ombre, sur mon chemin, de la gloire paternelle..., oui, cela y a sa place.)"
Cette phrase résume admirablement l'esprit de ce livre.
Thomas MANN est appelé "le magicien" par son fils car malgré tout Klaus a une vénération littéraire pour ce père qui a écrit les chefs d'oeuvres que l'on sait : La montagne magique, Docteur Faustus, Mort à Venise ... Mais au quotidien, il est agacé par ce père toujours occupé par ses livres. et là, il faut rendre hommage à Katia MANN, la mère attentive qui a su compenser les défauts de son mari dans la marche du foyer.
Et puis, toute l'autobiographie de Klaus MANN est hantée par le nazisme qu'il a combattu dès ses jeunes années d'adulte. Il a dû, lui aussi fuir le nazisme comme sa famille, menacée dès l'accession de Hitler au pouvoir en 1933. Et poursuivre le combat en exil, essentiellement aux Etats Unis.
Klaus MANN voile à peine son homosexualité en parlant avant tout d'amitiés et certaines se révèlent très "particulières" si on lit entre les lignes. Mais Klaus reste très pudique sur sa vie privée et préfère de loin faire une autobiographie culturelle et "politique".
Et alors, on est envouté par les récits de rencontres littéraires avec des auteurs tels que André Gide, Stefan Zweig.
Klaus MANN a réussi à se faire engager dans l'armée américaine en 1944 et via l'Italie il revient en Allemagne. Alors, il rencontre Richard STRAUSS, le compositeur de chefs d'oeuvres tels que "Le Chevalier à la Rose" . Mais Strauss ne renie pas le nazisme ce qui révolte Klaus bien naturellement et montre bien que le pays a été soumis.
Thomas MANN pour sa part rentrera seulement vers 1955 tellement l'après-guerre en Allemagne était "insoutenable" et Klaus s'en fait le témoin dès 1945 dans une longue lettre à son père en fin de volume...
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce livre et cette famille, mais il y aura une suite ...
A bientôt donc et surtout bonne lecture...
Un dernier conseil : un tel livre de 674 pages est tellement foisonnant que vous pouvez faire comme moi, lire 10 pages par jour et rester en compagnie de Klaus MANN pendant 67 jours environ : un réel "bonheur de lire", malgré le contexte ténébreux...
Denis