22 novembre 2019
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Souvenirs / Ecran - Voyages en France 2017-2018
de Noël Herpe
(Editions Bartillat - Mai 2019 - 236 pages)
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Noël Herpe est parti sur les routes de France en 2017 et 2018 pour présenter et commenter les films de Henri-Georges Clouzot (1907-1977).
Auparavant, il nous entraîne dans une errance dans Paris sur les lieux du temps passé qui ont marqué des moments de vie avec sa famille ou des amis.
Puis, il reprend étape par étape son périple dans 37 lieux entre banlieue parisienne et province.
Les projections en banlieue sont à l'image de la vie quotidienne : les gens sont pressés, en retard à cause des transports en commun : que ce soit à Ris-Orangis, Neuilly-Plaisance, Tremblay-en-France, Le Plaissy-Robinson ou Le Blanc-Mesnil.
Pire, les débats et surtout les questions sont souvent d'un intérêt moindre. Clouzot n'attire pas forcément les foules, y compris les cinéphiles.
Noël Herpe va manger pendant les projections puis revient à l'issue de celles-ci pour animer le débat.
Parmi les villes "obligatoires", Il y a Niort, la ville où naquit Clouzot et dont le seul souvenir dans la ville est une plaque qui marque le lieu de sa naissance.
Niort, comme tant d'autres villes, a un centre ville bien triste. Est-ce un signe des temps où la culture, l'attrait du "beau" se perd au bénéfice de "l'utilitaire". C'est ce que j'ai ressenti à la lecture de ces souvenirs.
On sent que Noël Herpe n'est pas très optimiste. On sent que parfois il n'a pas envie de discuter de cinéphilie auprès des spectateurs et des organisateurs, trop peu réceptifs ou trop "sectaires" dans leurs goûts, n'hésitant pas à émettre des "clichés" sur certains films et cinéastes.
L'auteur vit beaucoup dans les bars, restaurants et hôtels pendant son périple. Il est attentif à ce qui s'y dit autour d'un verre ou d'un plat.
Il en profite aussi pour projeter son film "Fantasmes et fantômes" (2017) souvent controversé lors des débats. Le cinéma expérimental n'est pas forcément très bien perçu et compris.
Passionné également par Eric Rohmer, il y fait souvent allusion notamment à Clermont-Ferrand et au Chambon qui ont été des lieux de tournage.
Cette tournée ne grandit pas la France contemporaine, du moins celle que l'auteur a rencontrée. Le cinéma de nos "parents" ou "grand-parents" ne sont plus dans notre champ "visuel", que ce soit "Le corbeau", "L’assassin habite au 21", "Les diaboliques", "Le mystère Picasso", "Quai des Orfèvres" ou "Le salaire de la peur" du seul Clouzot. Des titres "mythiques" pourtant !
Merci à Juliette, attachée de presse des éditions Bartillat de m'avoir adressé ce livre passionnant au-delà de ses constats pessimistes mais sincères.
Bonne lecture,
Denis
Je traverse une France morte, un pays peuplé d'ombres, de regrets, de traces vaines.Ne suis-je pas le plus mort d'entre ces morts? page 147)