Journal du ghetto de Lodz - 1939-1943 - de Dawid Sierakowiak
(Editions du Rocher - 345 pages)
Traduit de l'américain par Mona de Pracontal
avec le concours d'Adam Wodnicki
Direction littéraire et introduction d'Alan Adelson
Première publication en anglais : 1996 et Editions du Rocher 1997
------------------------------------
Cinq cahiers ont survécu à leur auteur, Dawid Sierakowiak, qui avait quinze ans en 1939. Quelques-uns ont disparu, notamment celui concernant la mise en place du ghetto à Lodz, la troisième plus grande ville de Pologne.
Cahier 1 : 28 juin - 31 décembre 1939
Cahier 2 : 6 avril - 23 octobre 1941
Cahier 3 : 18 mars - 31 mai 1942
Cahier 4 : 4 juin - 6 septembre 1942
Cahier 5 : 11 novembre 1942 - 15 avril 1943
Dawid au moment où l'Allemagne envahit la Pologne est étudiant. Il pourra difficilement continuer des études quand le ghetto est mis en place en 1940.
Rumkowski le dirige d'une main de fer à la manière allemande.
La faim est constante et la survie jamais acquise. Dawid donne des cours pour compléter les maigres revenus familiaux. Il a essayé de se politiser en soutenant le communisme russe mais il comprend très vite que les activistes sont les premières victimes juives des allemands.
Lundi 1er septembre 41 (page 160) : "Premier jour de la troisième année de guerre. Quand on se rend compte que cet horrible état de choses dure depuis deux ans, on n'arrive pas à y croire. Il y a eu tellement de changement dans le monde pendant ce temps ! Combien d'autres anniversaires de ce type connaîtrons-nous ? Si c'est de nombreux autres, nous ne vivrons pas jusqu'au dernier. Le ghetto nous achèvera, même s'il y a des pommes de terre qui arrivent et même si notre travail est de plus en plus demandé".
La faim et le manque de travail restent des préoccupations quotidiennes. Certains sont déportés et le découragement voire la résignation s'installent dans le ghetto. Dawid reste attentif à toute information internationale qui pourrait surgir et donner quelque espoir !
Mardi 28 avril 1942 (page 203) : ..."Aujourd'hui, nous avons reçu nos rations, mais après m'être un peu requinqué, il ne reste presque plus rien. Et voilà... ! La nouvelle ration est dans dix jours. Il fait de plus en plus froid".
Au fil des mois le père devient plus que jamais cupide s'appropriant le meilleur des rations.
De plus en plus de gens s'affaiblissent et meurent. La faim est constante et les dignitaires du ghetto prennent la meilleure part de la nourriture.
Les rafles d'enfants et de vieillards s'intensifient pendant l'été 1942 et quand il faut compléter le contingent de déportés on prend des gens telle la mère de Dawid le 5 septembre. Ceci semble laisser indifférent son père.
Jeudi 31 décembre 1942 (page 305) : "Dernier jour de l'année. La Saint-Sylvestre, fêtée si solennellement en Pologne. La faim se propage dans le ghetto, alors que les classes riches ne se refusent absolument rien. Les employés de grade supérieur de notre bureau se préparent un véritable gueuleton pour aujourd'hui.(...) Et la guerre continue. L'année qu'on pensait être la dernière de la guerre se termine. Peu de gens comptent sur 1943, maintenant. Trop de désillusions, trop de sang et trop de larmes..."
Le père reste odieux. L'hiver est glacial et Dawid passe beaucoup de temps au lit à lire.
Le père puis le fils (août 1943 pour Dawid) vont mourir de maladie et d'épuisement dans le ghetto.
Un témoignage au jour le jour pour dire les espoirs puis les désespoirs dans ce ghetto beaucoup moins connu mais tout autant terrible que celui de Varsovie.
Pour ne pas oublier et ne jamais donner raison aux racistes et extrémistes de tout poil !
Bonne lecture,
Denis