25 septembre 2016
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sLes aventures d'Augie March de Saul Bellow
(Gallimard - Quarto - août 2014)
Nouvelle traduction intégrale de l'anglais (américain) par Michel Lederer
Titre original : The Adventures of Augie March (1949)
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On est face à un "roman fleuve" de plus de cinq cents pages dans cette collection où les pages sont très denses. C'est dire que j'ai passé de nombreuses heures en compagnie d'Augie March qui entreprend de raconter ses "aventures" depuis sa jeunesse dans le Chicago de l'entre deux guerres au temps de la "prohibition" jusqu'à son mariage.
C'est Grandma Lausch qui régit la maison depuis que le père d'Augie a quitté la maison. Mama et ses trois fils : Simon, Georgie et Augie ne peuvent pas assurer seuls la gestion de la maison Grandma vient de Russie et a connu l'opulence autrefois. Maintenant il faut tout marchander et avoir deux locataires pour survivre ici à Chicago.
Dès l'âge de douze ans Augie doit travailler l'été en distribuant les journaux.
Georgie est "idiot" par contre dans la famille on met en compétition Simon et Augie pour ce qui est des études.
Simon travaille pour la diffusion de la presse et il fait embaucher son frère sans succès car il se fait licencier. Quant à l'assiduité scolaire elle n'est pas garantie. Augie va passer une grande partie de sa vie ainsi.
Il râte tout ce qu'il entreprend, devenant voleur au besoin, voire "trafiquant" et participe à un hold-up. En fait, il entend être libre.
Pendant ce temps, son frère handicapé est interné dans un centre spécialisé, ensuite c'est Grandma qui part dans une maison de retraite où elle va y mourir. Plus tard ce sera sa mère. Seul Simon peut assurer matériellement les dépenses liées à la famille.
Je passe sur une partie des péripéties qui égrennent ce roman, foisonnant, ne concervant que celles qui ont réellement influencé son parcours.
Il revoit un copain d'école Padilla qui paie en partie ses études en volant des livres. Augie se lance avec lui dans ce trafic mais il se prend de passion pour la lecture et garde les livres tant qu'il ne les a pas lus. Et il revoit Simon qui a fait de la prison et annonce un autre mariage cette fois avec une fille riche Charlotte Magnus. Il agit à présent en homme d'affaires riche et séduisant. Augie travaille pour lui et ils vont ensemble voir leur mère au home. Simon veut qu'elle ait le confort maximum. Simon aimerait bien que son frère épouse Lucy la cousine de Charlotte.
Mais très vite la relation se dégrade et Augie est renvoyé de la famille Magnus et Simon dit qu'il ne veut plus le voir. Pendant ce temps Mimi sa voisine va mal après avoir mis fin à sa grossesse. D'ailleurs ses proches pensent que Augie couchait avec elle.
Grâce à Mimi il travaille pour un syndicat. Mais les choses tournent mal. Il se tourne vers Théa en plein divorce avec son mari au Mexique.
Et ils partent tous deux pour le Mexique. En route Théa achète un aigle qu'elle appelle Caligula. La route devient plus compliquée avec cet animal.
C'est là le côté le plus "cocasse" du roman. A Mexico, Augie va apercevoir Trotski mais là encore le voyage finit lamentablement pour lui et il rentre désabusé à Chicago...
Saul Bellow (1915-2005) a obtenu le prix Nobel de Littérature en 1976. Il a également été ami avec Philip Roth. Il a, comme son personnage, eu une vie sentimentale très compliquée.
Ce quarto propose un entretien passionnant entre les deux écrivains autour des livres de Bellow. Roth explique qu'il a eu cette idée en 1998, après une nouvelle rencontre avec l'écrivain. Il a alors proposé de relire ses livres et de lui poser des questions circonstanciées. Hélas, il n'a pas pu reprendre tous ses livres avec lui, mais en a fait un article publié dans "The New Yorker" du 25 avril 2205 sous le titre "Reflexions, I got a Scheme, The Words of Saul Bellow".
Un des très grands écrivains américains à ne pas oublier et à lire avec patience et passion car son écriture est vraiment très belle.
Le roman débute ainsi : "Je suis un Américain, natif de Chicago - Chicago, cette ville sombre -, et je prends les choses comme je l'ai appris seul, en écriture libre, et je ferai le récit à ma manière : premier à frapper, premier à entrer ; un coup parfois innocent, parfois moins innocent. Mais le caractère de l'homme est son destin, dit Héraclite, et à la fin, il n'y a aucun moyen de camoufler la nature des coups par une isolation acoustique de la porte ou un gant sur le poing."
Bonne lecture,
Denis