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19 septembre 2016 1 19 /09 /septembre /2016 19:01
Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka (Phébus)

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

(Phébus - Août 2012 - 142 pages)

Traduit de l'anglais (américain) par Carine Chichereau

Titre original : The Buddha in the Attic (USA - 2011)

Prix Fémina Etranger 2012 - PEN/Faulkner Award for fiction etc...

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Un livre hyper primé annoncé partout et par presque tous comme un chef d'oeuvre. Et chez moi, cela fait "plouf" !!! Bof !!! Bien écrit mais il manque quelque chose pour en faire un chef d'oeuvre. Comme c'est une lecture commune avec Marjorie Littérature, nous avons confronté chaque jour notre ressenti au fil de la lecture qui s'est étalée sur quatre jours. Vous lirez son compte-rendu paru ce même jour et vous verrez que nous avons eu un ressenti très proche. Un bon livre, sans plus.

Tout d'abord : le titre. Rien à voir entre le titre original et le titre français. Le Bouddha parle-t-il plus aux états-uniens qu'aux français, quand on sait que c'est la "référence" japonaise en matière de pensée et de "religion" (au sens large pour ce qui est du Bouddha) ! Ne cherchez pas l'Attique, vous ne la trouverez pas dans le roman et sur une carte de géographie quand vous partez du Japon pour aller aux U.S.A., sauf à faire le tour du monde, ce qui n'est pas le cas dans ce roman.

Par contre, oui, la majorité des femmes japonaises qui ont pris le bateau pour aller aux USA dans les années 1920, n'avaient jamais vu la mer...

Ensuite : l'histoire (avec un grand H surtout après le mitan du livre).

Dans les remerciements, Julie Otsuka nous informe que "Ce roman s'inspire de la vie d'immagrants japonais qui arrivèrent aux Etats-Unis au début du XXe siècle. Je me suis servie d'un grand nombre de sources historiques". Et suis une liste de textes en anglais d'auteurs japonais et américains.

Il faut avouer qu'en France, à ma connaissance, on n'a jamais avant ce livre entendu vraiment parler de cette immigration.

L'auteure nous raconte dans 8 chapitres non numérotés cette "folle aventure".

Tout commence "sur le bateau", trois mots scandés à chaque début de paragraphe du chapitre "Bienvenue, mesdemoiselles japonaises !"

Page 11 : "Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville..."

Et cette manière de scander les phrases se continue ainsi pendant tout le livre, comme un chant choral antique (d'où peut-être la référence induite à l'Attique du monde grec ancien). Elles unissent leur voix pour dire "nous".

 Et honnêtement, cette manière d'écrire m'a assez vite lassé car l'auteure ne donne aucune profondeur à son texte. Elle essaie de résumer les émotions, les situations de chacune de ces japonaises embarquées vers San Francisco pour se marier avec un compatriote "américanisé".

Elles sont bouddhistes pour la majorité et elles ont une photo avec elles pour reconnaitre sur le quai leur futur mari.

Pour elles c'était partir ou devenir geisha compte tenu de leur origine pauvre où la famille devait les "vendre" pour survivre. Et pas question de rentrer au pays, quoiqu'il arrive !

Elles sont vierges pour la plupart et ne savent rien de la vie et de l'amour. Et quelque soit le type d'homme qu'elles vont épouser, dès l'arrivée, elles savent que leur première nuit sera celle de l'acte sexuel. 

Il faut travailler car ce que n'ont pas dit les maris c'est qu'ils ne sont pas patrons ou négociants mais eux-mêmes travailleurs exploités chez les blancs. Elles ont été trahies mais elles travaillent durement sans rechigner et obéissent aux ordres que ce soit dans les champs ou dans les maisons des riches. Et si elles doivent vendre leur corps, elles le font, en toute humilité.

Ces femmes ne se rebellent jamais !

Elles font naître leur enfant comme elles peuvent souvent en se cachant. Les enfants grandissent et apprennent l'anglais, vont à l'école mais très vite tout change. Les japonais ont attaqué Pearl Harbor et les japonais installés aux USA deviennent des ennemis. Le gouvernement en arrête beaucoup et prévoit de les parquer dans le désert notamment.

Les japonais partent consciencieusement de chez eux pour l'inconnu. Même les autochtones ne savent rien de leur destination finale.

Et c'est à ce moment, en décembre 1941, que le livre prend l'épaisseur d'un roman historique. Je n'avais pas vu venir "le coup" et de fait cet événement de guerre est terrible pour les américains, car les japonais ont violé leur neutralité du moment en attaquant leur base de Pearl Harbour.

Page 91 (début du chapitre "les traitres") : ​"Les rumeurs ont commencé à nous parvenir dès le deuxième jour de la guerre. // On parlait d'une liste. De gens enlevés au milieu de la nuit. D'un banquier parti pour son bureau et qui n'en était jamais revenu. D'un barbier disparu pendant sa pause déjeuner. De quelques pêcheurs manquant à l'appel. Ici et là, d'une pension où les froces de l'ordre avaient fait une descente. D'un commerce saisi. D'un journal fermé..."

Au début elles n'y ont pas cru. Ce n'étaients pas elles qui étaient concernées. Et pourtant "les rafles" ont bien eu lieu. Rien à voir avec les rafles nazies, mais leur destination reste des camps de regroupement dans le désert, ailleurs en tout cas.

Et comme toujours, elles sont résignées et acceptent de partir sans s'insurger.

Cette partie du livre, les derniers chapitres donc, sont les plus intéressants car ils rejoignent la Grande Histoire, celle qui a déstabilisé les USA, 70 ans avant l'attentat des tours jumelles.

Hiroshima n'est pas du tout cité dans le livre, mais on sait que c'est ainsi qu'en août 45, ce peuple a été contraint d'arrêter la guerre.

Pour que j'aime vraiment ce livre, il aurait fallu plus d'épaisseur au récit. Prendre par exemple deux ou trois japonaises et montrer leur vie depuis le bateau jusqu'aux camps, plutôt qu'égréner ainsi des successions de phrases qui essaient, par leur "empilement" (ou compilation) donner un sens aux événements vécus par ces japonaises. 

 

​Dommage, je suis passé à côté, mais je sais à présent que je vais pouvoir lire "Perfidia" de James Ellroy, qui raconte les quelques jours qui ont suivi Pearl Harbor, et il fait référence à cette "migration" des japonais vers des camps.

 

Voici un lien très intéressant sur le sujet des nippons internés aux USA suite à Pearl Harbour :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Internement_des_Nippo-Am%C3%A9ricains​

Encore merci à Marjorie pour cette lecture attentive qui a permis à chacun de nous deux de mieux appréhender ce roman.

​Bonne lecture,

Denis

Comme c'est le mois américain, cette lecture s'inscrit dans ce cadre.

 

 

 

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka (Phébus)
Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka (Phébus)

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commentaires

M
Il manquait vraiment un petit truc. Tu as raison sur le côté émotionnel qui peut toucher mais en approfondissant le propos, au-delà de l'émotionnel, il y a un manque de consistance. On regrette que le chapitre Traites ne soit pas plus approfondi.
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D
C'est pourquoi j'ai osé l'onomatopée "plouf" pour dire que vraiment l'effet a été anéanti par l'écriture de ce roman. Le chapitre Traites est de loin le meilleur, je confirme. C'est lui qui pour moi sauve le livre du "naufrage". J'admets être sévère dans mon jugement car il peut aussi se lire comme un livre "poétique" ! Mais pas sur un tel sujet !

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