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29 mai 2016 7 29 /05 /mai /2016 17:09

Débat hier matin dans le cadre de EPOQUE - salon des livres qui éclairent notre temps" à Caen.

Faut-il exposer les auteurs ?

Avec Hubert Haddad, romancier (Corps désirable, Zulma), Rozenn Le Bris (directrice du festival Le Goût des Autres au Havre), Véronique Ovaldé, romancière et responsable éditoriale aux éditions Points, et la sociologue Cécile Rabot. Animé par Laurent Delabouglise, directeur du Centre régional des lettres de Basse-Normandie (CRL) et président de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (FIIL).


En cette ère marquée à la fois par la poussée du numérique et le regain d’intérêt pour le live, la condition de l’auteur et la nature de sa rencontre avec le public évoluent. Si l’image d’Épinal consacre volontiers un auteur discret, solitaire, entièrement dédié à son œuvre, l’avènement de l’écrivain comme personnage public, parfois starisé, ne date cependant pas d’hier. À quel point, pour faire découvrir son œuvre, l’auteur doit-il aujourd’hui intervenir ou se dévoiler dans les médias et sur les réseaux sociaux ? Comment répondre au besoin de nombreux lecteurs de partager avec lui un moment, même fugace, lors d’une dédicace ? Que traduit la tendance qui veut que l’auteur devienne un «performer», un homme ou une femme de scène pour toucher de nouveaux publics ?

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Ainsi était annoncé le débat dans le programme du salon du livre EPOQUE de Caen. Et il a tenu toutes ses promesses autour de la parole de deux écrivains "consacrés" que sont Véronique Ovaldé et Hubert Haddad.

Véronique Ovaldé a rappelé qu'en effet de nos jours, les auteurs sont très sollicités pour "se mettre en scène", par des débats, des lectures dans le cadre de la "promotion" de leur nouveau livre mais pas seulement pour cela. Le public, les lecteurs, les "gens" plus généralement ont envie de connaître les auteurs dont ils lisent les livres. Elle avoue s'y prêter volontiers avec le tract toujours et une certaine angoisse le matin quand elle part vers la "représentation publique". Et puis le soir, en rentrant, elle est ravie car il y a eu ce contact avec des lecteurs, des spectateurs autour d'échanges sur le livre, la littérature.

Hubert Haddad se montre beaucoup moins enthousiaste, ce qui a fait l'intérêt du débat car il a su nuancé ce besoin de "représentation" (ou pour reprendre le titre du débat) "d'exposition" d'un écrivain. Pour lui un auteur vit d'abord pour son oeuvre, dans son oeuvre, sans avoir forcément besoin de partager avec les autres. Mais il avoue que les poètes, dont il fait partie, n'ont pas voie au chapitre dans le concert de la littérature d'aujourd'hui. Même un auteur comme René Char a mis des années à écouler les exemplaires de ses recueils. Alors, bien sûr, pour se faire entendre, les poètes se sont mis à faire des "performances". On est donc bien, plus ou moins obligé, quand on écrit de se montrer au public, d'autant que 200 titres paraissent en moyenne chaque jour et plus il y a de publications, moins il y a d'exemplaires vendus d'un livre.

Véronique Ovaldé et Hubert Haddad ont ainsi confirmé que leur emploi du temps doit prévoir ces temps de rencontres avec toutefois des moments où ils se doivent de s'interdire toute "sortie" pour avoir le temps nécessaire à l'écriture.

Rozenn Le Bris, directrice du festival "Le goût des Autres" au Havre, intervient pour présenter le travail qu'elle fait avec les écrivains au Havre dans le cadre de ce festival littéraire de fin janvier qui s'organise autour de spectacles, de lectures "inventives" de textes. Elle prend l'exemple du travail fait en 2015 avec Maylis de Kerangal autour de son roman "Dans les rapides"

Voici comment était présenté l'événement sur le site lireauhavre.fr

Maylis de Kerangal et Cascadeur feront donc lors du prochain festival Le goût des autres renaître les icônes rock de ces années fondatrices, à l’image de Blondie et de Kate Bush ! Un dialogue entre deux personnalités qui s’inspirent pour un regard insolite sur Le Havre.

Une création originale Le goût des autres 2015, d’après l’œuvre de Maylis de Kerangal, Dans les rapides. Les deux artistes vont enfin surfer de concert pour un rendez-vous suspendu, émouvant, vibrant …

Maylis de Kerangal y a pris beaucoup de plaisir au point que le spectacle a pu être présenté par la suite dans d'autres salles. Et le public a adhéré. Ce festival permet aussi d'attirer des lecteurs potentiels à travers des animations pour les jeunes par exemple.

Et il ne faut pas non plus écarter l'aspect pécuniaire car si l'auteur vend moins de livres, participer à des salons, des rencontres... permet de compléter le revenu lié à son "métier d'écrire". Laurent Delabouglise et Rozenn Le Bris ont en effet noté le besoin de rémunérer les auteurs, ce qui est fait pour "Le Goût des autres" et le CNL (Centre National du Livre) a récemment lancé le débat car il est trop facile de dire à un auteur "vous faites ces animations pour promouvoir vos livres, donc vos ventes seront votre rémunération". Les deux auteurs présents rappellent alors qu'un auteur gagne environ 1 euro pour un livre grand format et 0,30 euros pour un livre de poche. Et dédicacer 50 livres (un jour de bonnes affaires) ne compense pas le temps passé. Ils rappellent toutefois qu'ils n'ont pas cette approche avec les librairies indépendantes. Car elles se battent pour faire connaitre des livres et des auteurs et l'écrivain considère comme un juste retour des choses de donner de son temps pour aller vers leurs clients - lecteurs.

 
 

 

Je renvoie à cet article sur la rémunération des auteurs :

http://www.crlbn.fr/cnl-et-remuneration-des-auteurs/

Dernière personne à prendre la parole : Cécile Rabot, sociologue qui a travaillé sur la situation économique et sociale des autres du livre.

Là aussi, je renvoie vers les rapports qui ont été évoqués lors du débat

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Livre-et-Lecture/Actualites/Etude-sur-la-situation-economique-et-sociale-des-auteurs-du-livre-resultats

Sans avoir pu résumer avec fidélité 1h15 de débat, j'ai essayé d'en donner les éléments essentiels qui sont passionnants pour mieux comprendre la place des auteurs dans un monde où leur image a complètement changé où il faut se faire une place  au soleil à travers toutes les formes de médias dont les réseaux sociaux.

Denis 

Faut-il exposer l'auteur ? : Débat à Caen - 28 mai 2016
Faut-il exposer l'auteur ? : Débat à Caen - 28 mai 2016

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