Mémoires par le Duc de Lauzun
(Nouveau Monde éditions - 160 pages)
Préface de Michel Delon
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Armand Louis de Gontaut, duc de Lauzun (1747-1793) a entrepris d'écrire ses mémoires jusqu'à l'aube de la révolution française.
Michel Delon, grand spécialiste du XVIIIe siècle a écrit une préface de quelques pages très éclairantes sur le personnage avant de vivre à ses côtés ses aventures galantes et militaires.
Comme le dit Michel Delon, le Duc de Lauzun "ne prétend pas porter témoignage, encore moins faire oeuvre d'historien". Vous n'aurez pas de compte rendu détaillé des guerres dont celle de l'Indépendance des U.S.A. Par contre vous saurez tout, ou presque, sur sa vie sentimentale et libertina à l'image de ce qui se vivant sous Louis XV notamment.
Là encore, je peux citer Michel Delon : Le Duc "raconte sa vie comme un personnage de roman. On se croit chez Crébillon".
Il vit à la Cour, souvent à Versailles donc, sauf lors de ses déplacements diplomatiques et militaire. Il voyage d'ailleurs beaucoup pour l'époque, l'amour l'entraînant tantôt en Angleterre, tantôt en Pologne jusqu'en Russie, en passant par la Prusse...
Madame de Stainville aura été l'une de ses premières maîtresses. Mais il va y avoir bien plus Lady Sarah, la belle et coquette anglaise qui minaudera longtemps avant de lui abandonner son corps. La princesse Chartoniska lui offrera un amour platonique puis aura un bébé qu'il verra à l'accouchement et bien rarement ensuite.
On est avant l'heure en plein romantisme avec le Duc de Lauzun et dans les comédies où l'on se cache dans une armoire pour éviter le mari. Quand le Duc a des excès d'émotions, de peurs, de tourments, il crache le sang.
Bref, ces mémoires sont fort bien écrites, bien agréables à lire et l'on reste toujours prude dans les descriptions. Ne cherchez pas l'érotisme ici. Vous serez déçu(e)s, plutôt du libertinage de cour et vous vous immergerez dans ce siècle de toutes les attentes. Et n'oubliez pas que Marie-Antoinette a beaucoup apprécié le Duc de Lauzun, au point d'en faire un de ses favoris.
Vous aurez d'ailleurs sans doute remarqué que la couverture du livre montre justement la jeune reine à Versailles en 1777 (gouache sur papier de Jacques-Fabien Gautier d'Agoty). Le malheureux Duc montera crânement sur l'échafaud en 1793, en gentleman après avoir trinqué avec son bourreau.
Belle découverte dans le cadre de lectures que j'ai entrepris autour de ce XVIIIe siècle à redécouvrir.
Bonne lecture,
Denis