Landfall est un roman haletant qui révèle les destins croisés de deux jeunes filles, l’une blanche, l’autre noire. Ellen Urbani dresse le portrait de femmes résolues à se battre au cœur de la tourmente".
Vous retrouverez également des présentations de l'intrigue plus fournies sur les articles du groupe. C'est pourquoi je n'ai pas osé refaire le résumé détaillé du texte.
Je voudrais surtout revenir sur le contexte du roman.
Elle Urbani nous rappelle dans le roman que le 11-septembre 2001 a marqué les Etats-Unis de manière très forte. Et les héroïnes de son roman, Rose - Rosebud (Rosy) bien qu'adolescentes à l'époque, s'en souviennent encore 4 ans après en 2005, quand un nouveau grand drame vient s'abattre sur ce pays fragilisé.
Page 92 :
"- Rose ! cria-t-elle, alors qu'un témoin oculaire - un producteur connecté par téléphone - se demandait tout haut s'il se pouvait qu'il y ait des problèmes de contrôle de la circulation aérienne.
- Rose ! Debout ! On attaque les Etats-Unis !
Quand Rose se précipita hors de sa chambre, les yeux ensommeillés, elle entendit sa mère crier :
- On attaque notre pays !
Elles restèrent assises ensemble par terre, se tenant la main sans même s'en rendre compte, jusqu'à 9h30..."
Et de fait, l'ouragan Katrina est annoncé de force 5, du jamais vu encore ici. Et la majorité des habitants de ces quartiers périphériques de la Nouvelle Orléans, n'ont pas pu fuir car il n'y avait pas assez de car.
Page 81: "L'aube naquit dans la pénombre le 29 août 1985. Le ciel, toujours gris, toujours en pleurs, ne reflétait pas le passage des heures. Rosy était au lit, pas vraiment endormie, mais pas vraiment réveillée, quand elle entendit un grondement? Pas un fracas - rien d'aussi fort ou d'aussi franchement alarmant - mais tout de même menaçant. Comme si une rumeur venue des entrailles mêmes de la terre remontait entre les lattes du plancher, jusque dans ses os. Pas un séisme. Pas aussi saccadé. La terre qui parlait. Elle resta allongée, parfaitement immobile, et ça recommença. une vibration qui allait crescendo. Elle se leva, encore vêtue des habits de la veille".
Ce 29 août et les deux jours suivants ont été terribles. Pluie, vents violents, inondations par rupture des digues.
Ellen Urbani nous raconte avec force, sans pathos, ces terribles jours vécus par Rosy et sa mère Cilla, maniaco-dépressive, malade. Comme nombre d'habitants, elles sont montées au 1er étage, puis dans le grenier et enfin sur le toit de la maison de leur voisine, Maya, qui au dernier moment, voudra rester chez elle. C'est alors que Rosy et sa mère parviennent au Superdome où sont entassés des milliers de néo-orléanais.
Page 148/149 : "Trente mille personnes, quatre jours, des douzaines de toilettes laissées sans entretien. Bouchées, toutes les cuvettes débordaient ; les lunettes étaient mouchetées de sang et d'excréments... A la fin de la semaine, après l'évacuation du Superdome, plus de quatre mille tonnes de déchets et de débris humains seraient nettoyés par les soldats restés sur place..."
L'auteure a fait beaucoup de recherche documentaire pour raconter Katrina, avant, pendant et après son passage. Elle donne ses sources et références en fin de roman. C'est dire que l'on s'immerge complètement dans ce drame américain, non maîtrisé par les autorités. Et pas question de partir, car il n'y a pas de moyens de transport et le pont qui permettrait de partir est contrôlé par les policiers de Gretna qui refusent que la population "contaminée" ne vienne perturber la noble ville. C'est pourtant par là que Rosy va réussir à s'évader, après avoir laissé sa mère à l'hôpital du Superdome où elle doit être soignée.
Le destin a basculé pour Rosy après son "évasion"de la zone sinistrée.
Le roman d'Elle Urbani oscille entre les deux personnages principaux : Rosy que l'on voit se débattre avec Katrina et ses suites et Rose qui va mener son enquête après l'accident qui a tué sa mère et la jeune noire.
Rose recherche toutes les personnes qui ont été en contact avec Rosy après son départ chaotique de la Nouvelle-Orléans. Et elle va y parvenir, aidée psychologiquement par le policier qui est venu sur les lieux de l'accident et qui s'est pris d'affection pour la jeune femme désorientée. Il fallait tout de même qu'il y ait un homme vaillant dans ce roman car les autres ont été des lâches, leurs géniteurs et leurs parents qui n'ont su qu'abandonner à leur sort Gertrude et Rose, Cilla et Rosy.
Vous aurez compris que ce roman est magistral, époustouflant, au style éblouissant à l'image des extraits que j'ai inséré dans cette présentation.
Un roman déjà historique même s'il se passe en 2005, pas si loin de nous. Car il comptera pour se rappeler dans 20, 30 ans et plus ce qui s'est passé en cette fin d'août 2005 à la Nouvelle-Orléans.
Bravo à Ellen Urbani de nous avoir fait tant vibrer avec Rose et Rosy. Et vous verrez que les dernières pages nous réservent de sacrées surprises.
Précipitez-vous sur ce livre que Pat Conroy, qui vient de mourir, a annoncé comme "phénoménal, aussi puissant qu'un ouragan".
Tout est dit,
Bonne lecture,
Denis