7 avril 2015
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Bruges-la-morte de Georges Rodenbach (Editions Labor 167 pages)
Préface de François Duyckaerts
Lecture de Christian Berg
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Roman publié en 1892 par Georges Rodenbach né à Tournai en 1855 et mort à Paris en 1898.
Avocat, il devient écrivain et publie des contes, drames et romans dont "Bruges-la-Morte" qui lui vaut sa renommée.
Trois femmes envahissent l'espace de Hugues Viane : la femme morte, Barbe sa servante dévote et Jane Scott sa maîtresse. Sans oublier Bruges, la ville morte où Hugues est allé se réfugier après la mort de sa femme. Bruges est indiscutablement un des personnages clés de ce roman.
Sa femme est morte de maladie en quelques semaines à l'aube de la trentaine. Il l'aimait intensément et ne s'est pas remis de cette mort. Il s'est installé, il y a cinq ans ici juste après la mort car la ville ressemble vraiment à ce qu'il ressent.
Page 25 : "Et comme Bruges aussi était triste en ces fins d'après-midi!Il l'aimait ainsi! C'est pour sa tristesse même qu'il l'avait choisie et y était venu vivre après le grand désastre".
Un soir, il remarque une jeune femme dans la rue et se met à la suivre et voici comment il la voit : (Page 29)"Eh bien! oui! cette fois, il l'avait bien reconnue, et à toute évidence. Ce teint de pastel, ces yeux de prunelle dilatée et sombre dans la nacre, c'étaient les mêmes. Et tandis qu'il marchait derrière elle, ces cheveux qui apparaissaient dans la nuque, sous la capote noire et la voilette, étaient bien d'un or semblable, couleur d'ambre et de cocon, d'un jaune fluide et textuel".
Il trouve en cette femme qui se nomme Jane Scott le double de sa première femme. Le lendemain soir, il découvre qu'elle est danseuse et se met à l'aimer sachant que la ressemblance lui permet de ne pas trahir sa femme morte. Il lui loue une maison aux abords de la ville mais bien vite, à son insu, toute la ville connait sa liaison avec une femme volage qui a mauvaise réputation. Il est alors la risée de la ville.
Barbe, la servante, se rend à une fête dans son village et sa soeur lui parle de son maître et de cette femme. le curé lui dit ensuite qu'elle devra partir de chez Hugues si Jane vient s'installer chez lui, d'autant qu'à sa retraite elle doit entrer au couvent. C'est dire que sa "bigoterie" lui interdit toute compromission.
Et puis le temps passe et Hugues comprend que Jane prend ses distances avec lui, dépense beaucoup sur son compte et rencontre d'autres hommes.
Dans le même temps, il se rend compte qu'elle ne ressemble plus vraiment à son épouse. Mais Jane pense à un futur héritage possible puisque Hugues est seul et riche et s'accroche à lui...
Les choses vont finir par se compliquer, mais je n'en dirai rien pour ceux qui ne connaissent pas la fin de ce roman.
Le roman est assez court au style et à la narration efficaces. On sent une vraie atmosphère de mort et de tristesse, de malheur qui plâne sur la vie de Hugues dans une ville entièrement en phase avec sa psychologie.
Un grand roman dans la veine de cette fin de XIXe siècle avec "La jeune Belgique" et les auteurs français tels Mirbeau ou Huysmans. Beaucoup de lyrisme également dans cette prose. Bref, une belle lecture pour ce grand classique belge.
Bonne lecture,
Denis
Livre lu dans le cadre du "mois belge"organisé par Mina et Anne dont le thème pour ce mardi 7 avril est la lecture d'un classique d'avant 1960