26 octobre 2014
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Vendetta de Roger Jon (R.J.) Ellory - Sonatine Editions - 2009
Traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau
Titre original: A Quiet Vendetta - Londres - 2005
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N'oublions pas que l'auteur est anglais même si ses livres se passent en Amérique.
L'éditeur annonce en 4e de couverture qu'il s'agit d'un "thriller au suspense exceptionnel, doublé d'une impressionnante histoire de la mafia des années 1950 à nos jours". Tout commence par un meurtre sordide lorsqu'une voiture est retrouvée le long d'un trottoir et que le coffre contient un corps dépecé, le coeur arraché et replacé dans la cage thoracique. Et puis, encore plus inquiétant pour la police, l'enlèvement de la fille du gouverneur de la Nouvelle Orléans, Catherine Ducane.
Le meurtrier ne tarde pas à se manifester. Il donne un premier message "Toujours". John Verlaine, policier, pense aussitôt à Feraud, dit Papa Toujours, un des vieux mafieux puissants de la ville. Mais, l'exigeance suivante de l'homme est de faire venir de New York Ray Hartmann, un ancien alcoolique, fonctionnaire affecté à une unité de lutte contre le crime organisé.
Alors, va commencer une longue semaine d'entretiens entre les deux hommes : Ernesto Perez remonte à sa jeunesse à La Havane où son père violent s'intéressait fortement aux débuts de Fidel Castro. Ernesto a compris qu'il pourrait s'en sortir dans ce monde en devenant à son tour violent. Il commet un premier meurtre très jeune, en tuant un escroc qui vendait des encyclopédies "sous le manteau" à de jeunes gens crédules.
Chaque jour, Ernesto continue à expliquer dans le détail sa vie qui va devenir celle de "tueur à gage" pour la mafia américaine : cette des cubains, des italiens ou irlandais installés aux USA... Perez tuera sans état d'âme, commandité par des "parrains". Il s'est lié d'amitié avec un homme tel que Don Calligaris auprès de qui il va rester fidèle pendant plus de 30 ans.
Schaeffer et Woodroffe ont pris le relais de John Verlaine et analysent chaque "révélation" de Perez, enregistré tout au long de ces jours, transmettant les informations clés au siège du FBI, pour avoir des recoupements possibles entre les faits racontés et la réalité des meurtres commis et jamais élucidés au fil de ces 50 années de narration.
Perez et Hartmann ont des relations plutôt courtoises. Mais Hartmann comprend qu'il ne pourra jamais rentrer à New York dans les délais pour espérer retrouver une vie saine avec sa femme Carol et sa fille Jess, au terme d'une rencontre programmée dans un parc. Perez n'est pas pressé de révéler où se cache Catherine. Il dit qu'elle pourrait fort bien être morte, mais tout autant en vie... La tension monte au sein du FBI, car le gouverneur commence à s'énerver de ce temps perdu à écouter un vieil homme, assassin, raconter tout ce lourd passé... d'autant que Perez montre bien que Ducane et Féraud ne sont pas des "enfants de coeur", baignés eux aussi dans ce monde de la mafia et de la vendetta. Il a d'ailleurs eu affaire à eux il y a longtemps dans cette ville... Tension augmentée par un attentat commis contre les locaux du FBI où ont lieu les entretiens...
650 pages de suspens pour tenir en haleine le lecteur qui s'immerge complètement dans ce "huis clos". Le roman fait alterner les longs moments de récits (environ 40 pages par entretien) et les temps de pause occupés à revivre le film des révélations de Perez et les recoupements. Ce sont aussi là les moments où Hartmann pense aux siens et à cette rencontre déterminante pour lui (environ 15 pages).
Comme je ne suis pas un lecteur "compulsif" qui veut absolument terminer le livre au risque de passer des nuits blanches, j'ai réussi à contenir les émotions de la lecture sur deux semaines, alors qu'un lecteur de thriller 'normal" aurait voulu le lire en quelques jours pour connaitre le dénouement tant attendu. Et comme l'auteur sait mener une intrigue et nous surprendre, il est clair que la fin est surprenante.
J'ai beaucoup aimé le style de R.J. Ellory qui sait mettre dans la bouche d'un tueur sans scrupule de "l'humanité" dans sa manière de raconter sa vie autour de ces meurtres, car Perez va se marier, avoir des enfants et entendre avoir une vie de famille comme un être normal et il a su s'instruire notamment à partir de "son encyclopédie" arrachée à l'escroc...
Un très grand livre assurément par un auteur de grande envergure que je relirai avec grand plaisir malgré les thèmes très rudes de ses livres. Mais la littérature est présente avec la richesse de la langue et de la structure narrative qui enchante le lecteur "exigeant" qui attend plus qu'une intrigue, une "atmosphère" rondement menée...
Merci à Léa du blog Léa touch Book qui a organisé ce mois Ellory, et elle me pardonnera d'avoir mis du temps à lire ce gros volume qui aurait dû être terminé pour le 15 octobre dernier, mais lire ce livre aura été une grande aventure de lecteur que je n'oublierai pas de sitôt...