1914 : une guerre par accident de Georges Ayache
(Pygmalion - janvier 2012 - 350 pages)
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La première phrase de la 4e de couverture résume bien le sujet :
"Ce livre fait froid dans le dos !"
L'auteur, ancien diplomate, historien et universitaire est spécialiste des relations internationales. Et son livre est bel et bien centré sur la diplomatie et pour cette période, c'est le signe de l'échec.
Une diplomatie "molle", pleine de bonne volonté mais impuissante à arrêter une guerre, qui aurait pu être évitée.
L'attentat de Sarajevo contre l'archiduc François-Ferdinand, en ce dimanche du 28 juin 1914, a jeté un froid sur cet été qui s'annoçait pourtant radieux. Il était venu avec son épouse Sophie dans cette ville serbe pour y rencontrer les dignitaires du pays et y fêter ses 14 ans de mariage. Princip et ses amis "révolutionnaires" ont compris que c'était le jour idéal pour "frapper" et se débarrasser de cet héritier du trône austro-hongrois qui entendait bien absorber la Serbie dans le giron de son empire. Un premier attentat râte mais l'archiduc repart en voiture par le même trajet et cette fois la cible n'est pas râtée. La nouvelle se répand très vite en Europe, ne semblant affecter personne, en premier le vieil empereur austro-hongrois.
Seulement, ce sont alors 37 jours de crise européenne sui vont s'ensuivre. L'auteur suit jour après jour les réactions des pays inflents : France, Angleterre et Russie (Triple entente pas toujours très cordiale) ; Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie (Triple alliance !!! pas très unie). Toujours est-il que l'Autriche-Hongrie envoie un ultimatum aux serbes après qu'elle n'aura pas eu droit d'aller enquêter sur le terrain, courant juillet.
La France, engluée dans l'affaire Caillaux qui secoue la politique nationale, se sent en état de "neutralité". L'Angleterre, de son côté, réaffirme à la Russie du Tsar Nicolas II en état de survie, qu'elle restera fidèle à ses engagements. Les allemands restent prudents pour défendre leur principal allié. On se regarde en chien de faillance. Les diplomates ont bien du mal à comprendre les enjeux des uns et des autres.
Et puis, la Russie ordonne la mobilisation générale fin juillet et quand le tsar veut l'arrêter, il est trop tard. Le Luxembourg est envahi par les allemands. Ils hésitent encore à entrer en Belgique, comme si personne ne voulait déclarer la guerre aux autres pour ne pas être celui par qui le mal sera arrivé.
La France vient de subir un nouveau choc alors que le procès lui s'est bien terminé pour les Caillaux : c'est l'assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet.
La spirale infernale est lancée et "presque par hasard", la guerre démarre sur plusieurs fronts : la Belgique, la Russie...
L'auteur montre avec pertinence ces indécisions qui ont fait la singularité de ce début de "grande guerre" qui devait durer au pire jusqu'à Noël. Et il fait un parallèle avec le début de la 2e guerre mondiale : Churchill, Asquith, Grey, Poincaré, Clémenceau, le Kaiser, l'empereur ou le tsar n'étaient pas des conquérants comme Hitler. Il n'y avait pas de tels hommes à la tête des pays européens et des réunions de concertation entre les différents pays auraient pu être suffisantes pour éviter les futurs massacres presque "subis".
Effarent !!! A l'image du traité de paix de Versailles de 1919 qui a permis aux "extrêmistes" de s'imposer par la suite.
N'oublions pas cela dans notre XXIe siècle où nos dirigeants font à nouveau la part belle aux extrêmistes !!! par leur attitude "passive".
Bonne lecture,
Denis
(Ce livre s'inscrit dans mon parcours "histoire et littérature autour de la Grande Guerre, que l'on peut suivre sur ma page facebook)
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